RDC : le combat de Sœur Angélique pour les femmes victimes de violences
Venir en aide aux femmes victimes des exactions de la LRA, l'Armée de Résistance du
Seigneur, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, c’est la raison
de vivre de Sœur Angélique Namaïka. Cette religieuse congolaise a reçu en septembre
dernier le prix Nansen du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, récompensant
des services exceptionnels rendus aux réfugiés. Le 2 octobre dernier, Sœur Angélique
a assisté à l’audience générale Place saint-Pierre. Elle avait pu saluer le Saint-Père
qui lui avait alors accordé sa bénédiction apostolique et l’encourageant dans sa mission.
« Je suis très heureuse, cette bénédiction me réconforte déjà, et la parole du Pape,
je ne l’oublierai jamais » nous avait-elle confié juste après cette brève rencontre.
A l'occasion de la Journée internationale de la Femme, et alors que le Vatican
rend, lui aussi, hommage aux femmes, religieuses et laïques qui œuvrent au bien commun
au nom de leur foi, nous donnons la parole à Sœur Angélique Namaïka. Témoignage
recueilli par Hélène Destombes
Après
Rome, Sœur Angélique avait poursuivi sa tournée européenne à Paris, Bruxelles et Oslo
pour témoigner de son combat en faveur des femmes meurtries, victimes d’enlèvements,
de travaux forcés, de mutilations et de viols. Des violences perpétrées par l’Armée
de résistance du Seigneur, l’une des rébellions les plus violentes au monde, née en
Ouganda, et qui sévit dans le nord-est de la RDC depuis environ 5 ans.
A travers
le Centre pour la réintégration et le développement de Dungu, elle, dit avoir aidé
plus de deux mille jeunes filles et femmes. Pour les aider Sœur Angélique écoute leurs
récits dramatiques, « porte leurs histoires » tente de les apaiser à travers la prière
et la lecture de la Bible et leur donne des cours d’alphabétisation, de cuisine ou
de couture pour « les occuper avec une formation professionnelle, afin de les empêcher
de penser à toutes ces violences » et les rendre autonomes. Ces femmes affirme-t-elle
« ont vraiment une douleur intérieure (…) elles doivent être aidées « pour ne pas
demeurer dans la souffrance car elles portent une grande responsabilité. Elles sont
le fondement de la famille. Les femmes doivent être en paix pour aider leurs enfants
à être heureux, à être des hommes et des femmes qui pardonnent ».
Une récompense
pour aider les femmes à parler
Sœur angélique est allée jusque devant le
Conseil de sécurité des Nations Unies pour plaider en faveur de ces femmes victimes
de violences « pour que soient mis en place des projets d’assistance durable pour
les rendre autonomes ». Le prix Nansen, souligne-t-elle, va leur permettre de sortir
de l’ombre, « aider d’autres personnes qui ont peur, car, avec les violences sexuelles
les femmes ne se dévoilent pas car c’est d’abord la honte ». Grace à ce prix indique
sœur Angélique « les femmes vont sortir de leur traumatisme et parler de la paix ».
La
distinction Nansen récompense chaque année une personne qui a rendu des services exceptionnels
à la cause des réfugiés. Elle s’accompagne d’une somme de 75 000 euros, offerte par
la Norvège et par la Suisse. Sœur Angélique a déjà décidé de la consacrer au développement
des activités des femmes. Elle souhaite notamment créer une boulangerie semi-industrielle
pour la ville de Dungu et ses environs.