Le Père Pascal Montavit nous propose son commentaire de l'Evangile du dimanche 9 mars,
premier dimanche de Carême. Évangile de Jésus-Christ selon selon saint Matthieu 4,1-11 «Jésus,
après son baptême, fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le démon»
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le commentaire du Père Pascal Montavit
Nous célébrons
aujourd’hui le premier dimanche de Carême. L’Eglise nous propose quarante jours pour
nous préparer à accueillir la Résurrection de Jésus. L’Evangile que nous méditons
à ce propos est celui des tentations du Christ. Plusieurs lectures de ce passage sont
possibles. Celle qui va suivre est liée aux lieux géographiques des tentations.
La première tentation a lieu dans le désert. Jésus a faim. Il a jeûné quarante
jours et quarante nuits. Le démon lui propose de changer les pierres en pains. Cette
tentation a trait aux différents appétits de l’homme. De par le péché originel, le
désir de jouissance de l’homme peut l’entraîner à des excès, qu’il s’agisse de nourriture,
de boissons ou de plaisirs sexuels. Dans ce sens, saint Paul propose plusieurs listes
dans ses écrits des différents vices de l’homme : impureté, débauche, idolâtrie, magie,
haines, discorde…(Ga 5,19-21). Le premier lieu de combat spirituel est donc celui
qui consiste à tempérer nos désirs, à savoir les écouter sans en devenir leur esclave.
La seconde tentation se situe au sommet du Temple à Jérusalem. Pour nous, catholiques,
le sommet du Temple de Jérusalem peut se comprendre comme la coupole de la Basilique
saint Pierre. Elle représente toutes les difficultés que nous pouvons rencontrer à
aimer et servir l’Eglise. Il faut bien le reconnaître, l’Eglise n’est pas sans ride
ni tâche pour reprendre une expression de saint Paul dans l’Epitre aux Ephésiens (Ep
5,27). Elle est composée de pécheurs qui ternissent parfois sa sainteté si bien que
nous pouvons être entraînés dans le doute sur la valeur de son message.
N’oublions
pas cependant la promesse que Jésus a faite à saint Pierre : « Tu es Pierre, et sur
cette pierre, je bâtirai mon Eglise, et les Portes de l’Hadès ne tiendront pas contre
elle » (Mt 16,18). Durant son pontificat, Jean-Paul II a demandé pardon pour les contre-témoignages
de l’Eglise au cours de l’histoire. Savoir reconnaître humblement ses erreurs est
un signe que l’Esprit promis par Jésus à son Eglise est bien là, au milieu de nous.
La troisième tentation a lieu sur une très haute montagne où tous les royaumes
du monde sont visibles. Evidemment, la terre étant ronde, une telle montagne n’existe
pas. Mais d’un point de vue symbolique, elle nous place face au monde et à la tentation
de domination qui entraîne tant de conflits. La recherche de pouvoir peut être destructive.
Pour réussir, il me faut alors écraser les autres.
L’exemple du roi David
est particulièrement intéressant à ce propos. Il est dit que David était petit (1
S 16,11). Cette petitesse de David ne doit pas être comprise comme de la faiblesse.
Il est aussi dit, en effet, que lorsqu’un ours ou un lion venait à prendre une brebis
du troupeau dont David avait la charge, il poursuivait le prédateur et le tuait pour
sauver la brebis de ses crocs (1 S 16,34-37). David est donc petit aux yeux de Dieu
et c’est pour cela que Dieu en fera un grand roi en Israël. David a laissé Dieu le
faire grandir sans chercher à tuer ou à prendre la place de Saül, le roi qui le précédait.
Dans cette ultime tentation de Jésus, il s’agit donc de renoncer à un instinct de
domination. Dieu lui-même fait grandir le petit qui se confie en lui. Ce qui est dit
de David l’est aussi pour la Vierge Marie lorsque celle-ci s’exclame dans le Magnificat
: « Le Seigneur a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante. Oui désormais toutes
les générations me diront bienheureuse » (Lc 1,48).
En ce début de Carême,
entrons dans le combat spirituel qui nous est proposé et confions-nous à la grâce
et à la force que le Seigneur veut nous donner.