2014-03-07 20:27:28

Burkina Faso : des religieuses offrent une nouvelle vie aux femmes en difficulté


(RV) Entretien - A l'occasion de la Journée internationale de la femme, nous avons choisi de vous raconter le travail accompli par les sœurs de Notre Dame de Charité de Bon Pasteur, une congrégation internationale de droit pontifical présente dans plus de 70 pays dans le monde. En 2011, la congrégation a ouvert un centre d’accueil pour les femmes et les enfants en difficulté à Bobo Dioulasso au Burkina Faso. Aujourd’hui trois sœurs, deux Burkinabés et une Indienne accueillent et aident des femmes souvent livrées à elle-même.

Dulce Araujo de la rédaction lusophone a recueilli le témoignage de Sœur Yvonne Clémence Bambara : RealAudioMP3

Pourquoi des femmes ont besoin de votre centre ?
Notre centre d’accueil s'occupent de femmes qui sortent de prison. Parfois, la justice leur accorde la liberté provisoire. Donc, nous les accueillons pour qu'elles puissent terminer chez nous leur peine. Ensuite, nous avons des femmes et des jeunes filles qui sont exclues du giron familial à cause de grossesses précoces. Dans certaines ethnies burkinabaises, la coutume veut pas qu'une fille ne doit pas tomber enceinte si elle n'est pas mariée. Donc quand la fille tombe enceinte, elle est automatiquement rejetée de la famille. Alors nous nous occupons de ces filles-là jusqu'à l’accouchement. Ensuite, nous faisons une médiation entre la fille et sa famille pour qu'elle puisse retourner chez elle.
Nous avons aussi beaucoup de filles qui viennent des villages parce qu’elles ont été obligées de se marier avec des personnes très âgées. Elles sont victimes de mariages précoces et forcées. Elles quittent alors le village pour fuir ce phénomène et souvent quand elles arrivent en ville elles ne savent pas où aller, elles sont un peu désorientées. Auparavant, beaucoup de filles se retrouvaient dans la rue et finissaient très mal, car elles se retrouvaient dans la prostitution. Mais grâce à notre centre, les filles qui fuient les mariages précoces viennent à Bobo Dioulasso et sont accueillies chez nous. On fait alors les démarches nécessaires, on leur trouve du travail et elles suivent des formations. Il y a aussi celles qui sont victimes de trafic ou d’abus sexuels, les employées de maisons. Alors, nous les accueillons aussi et puis nous faisons des démarches quelquefois en lien avec l’Action sociale.

Après trois ans de travail, quel bilan faites-vous de ce long chemin que vous avez mené avec les femmes du pays ?
Nous avons travaillé à donner une certaine visibilité à notre congrégation et nous avons établi des liens avec des organismes comme l’Action sociale, c’est vraiment un de nos partenaires. Nous travaillons aussi avec Terre des Hommes. Déjà nous avons pu constater que ce centre d’accueil est déjà reconnu au niveau du Burkina Faso et selon moi, c'est déjà quelque chose de très important. En trois ans, nous avons déjà aidé presque 26 filles a trouvé un nouvel élan pour leurs vies. Nous avons déjà formé 65 femmes en tissage, en couture et en teinture biologique qu’on appelle communément au Burkina « le bogolan ». Nous avons établi deux groupes de micro-crédit : 20 femmes bénéficient de nos aides en micro-crédit. Nous avons aussi commencé la construction d’un restaurant qui proposera aussi une formation en cuisine et en pâtisserie. Les projets sont là et je pense qu’en trois ans, la congrégation a déjà une bonne visibilité au niveau du Burkina Faso.

Les services que vous offrez correspondent aux besoins des femmes, ou bien vous demandent-elles autre chose ?
Nous sommes vraiment parties du besoin du milieu. C’est vrai qu’établir un centre d’accueil pour des filles et des femmes en difficulté, c’est quelque chose qui représente une mission particulière de la Congrégation. Au-delà de ça, c’est vraiment un besoin et un appel du milieu. Et le fait que nous ayons établi cela, nous voyons que cela répond réellement au besoin de la population parce qu’il n’y a pas de centre similaire à Bobo Dioulasso pour accueillir vraiment des jeunes filles et des femmes en difficulté, des filles qui sont dans la rue. Il y a des structures qui accueillent des garçons, qui peuvent leur offrir de passer la nuit mais pour les filles, elles se retrouvent dans des bars ou des chambres de passage pour pouvoir passer la nuit. Il n’y a pas de structure établie s'occuper d'une fille qui a des difficultés, qui est mise dehors. Donc, on peut dire que c’est vraiment un besoin local.
Et au niveau des autres besoins, lorsque nous sommes arrivées, nous avons pris le temps de discuter avec les femmes, nous les avons écoutées. Elles sont venues, elles nous ont exprimé certains besoins au niveau du micro-crédit. Chacune venait de son côté pour demander de l’aide : " Prêtez-moi de l’argent parce que je veux commencer ou renforcer mon petit commerce ". Mais nous nous sommes dit que nous ne pouvons pas y aller de façon individuelle. " Mettez-vous en groupe et nous allons vous appuyez selon nos possibilités ". Voilà, c’est comme ça qu’elles ont formé deux groupes et on a aidé ces deux groupes-là. Nous pouvons dire que nous partons vraiment du besoin du milieu et puis nous essayons d’apporter notre pierre à l’édification des besoins des femmes.

Pour le moment vous allez donc renforcer ces services et quels sont vos projets ?
Nous allons continuer dans ce domaine mais il y a aussi d’autres projets, comme l’établissement d’un jardin d’enfants. Comme nous le savons, le Burkina Faso a beaucoup de difficultés au niveau de l’éducation. Nous sommes très en retard par rapport à certains pays d’Afrique. Pour nous, il faut déjà donner le goût aux enfants, le goût aux parents d’envoyer les enfants à l’école. Mettre en place ce jardin d'enfant est donc l'une de nos préoccupations.



Photo : Sœur Yvonne Clémence Bambara et Dulce Araujo de la rédaction lusophone dans un studio de Radio Vatican









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