Burkina Faso : des religieuses offrent une nouvelle vie aux femmes en difficulté
(RV) Entretien - A l'occasion de la Journée internationale de la femme, nous
avons choisi de vous raconter le travail accompli par les sœurs de Notre Dame de Charité
de Bon Pasteur, une congrégation internationale de droit pontifical présente dans
plus de 70 pays dans le monde. En 2011, la congrégation a ouvert un centre d’accueil
pour les femmes et les enfants en difficulté à Bobo Dioulasso au Burkina Faso. Aujourd’hui
trois sœurs, deux Burkinabés et une Indienne accueillent et aident des femmes souvent
livrées à elle-même.
Dulce Araujo de la rédaction lusophone a recueilli le
témoignage de Sœur Yvonne Clémence Bambara :
Pourquoi
des femmes ont besoin de votre centre ? Notre centre d’accueil s'occupent de
femmes qui sortent de prison. Parfois, la justice leur accorde la liberté provisoire.
Donc, nous les accueillons pour qu'elles puissent terminer chez nous leur peine. Ensuite,
nous avons des femmes et des jeunes filles qui sont exclues du giron familial à cause
de grossesses précoces. Dans certaines ethnies burkinabaises, la coutume veut pas
qu'une fille ne doit pas tomber enceinte si elle n'est pas mariée. Donc quand la fille
tombe enceinte, elle est automatiquement rejetée de la famille. Alors nous nous occupons
de ces filles-là jusqu'à l’accouchement. Ensuite, nous faisons une médiation entre
la fille et sa famille pour qu'elle puisse retourner chez elle. Nous avons aussi
beaucoup de filles qui viennent des villages parce qu’elles ont été obligées de se
marier avec des personnes très âgées. Elles sont victimes de mariages précoces et
forcées. Elles quittent alors le village pour fuir ce phénomène et souvent quand elles
arrivent en ville elles ne savent pas où aller, elles sont un peu désorientées. Auparavant,
beaucoup de filles se retrouvaient dans la rue et finissaient très mal, car elles
se retrouvaient dans la prostitution. Mais grâce à notre centre, les filles qui fuient
les mariages précoces viennent à Bobo Dioulasso et sont accueillies chez nous. On
fait alors les démarches nécessaires, on leur trouve du travail et elles suivent des
formations. Il y a aussi celles qui sont victimes de trafic ou d’abus sexuels, les
employées de maisons. Alors, nous les accueillons aussi et puis nous faisons des démarches
quelquefois en lien avec l’Action sociale.
Après trois ans de travail, quel
bilan faites-vous de ce long chemin que vous avez mené avec les femmes du pays ? Nous
avons travaillé à donner une certaine visibilité à notre congrégation et nous avons
établi des liens avec des organismes comme l’Action sociale, c’est vraiment un de
nos partenaires. Nous travaillons aussi avec Terre des Hommes. Déjà nous avons pu
constater que ce centre d’accueil est déjà reconnu au niveau du Burkina Faso et selon
moi, c'est déjà quelque chose de très important. En trois ans, nous avons déjà aidé
presque 26 filles a trouvé un nouvel élan pour leurs vies. Nous avons déjà formé 65
femmes en tissage, en couture et en teinture biologique qu’on appelle communément
au Burkina « le bogolan ». Nous avons établi deux groupes de micro-crédit : 20 femmes
bénéficient de nos aides en micro-crédit. Nous avons aussi commencé la construction
d’un restaurant qui proposera aussi une formation en cuisine et en pâtisserie. Les
projets sont là et je pense qu’en trois ans, la congrégation a déjà une bonne visibilité
au niveau du Burkina Faso.
Les services que vous offrez correspondent aux
besoins des femmes, ou bien vous demandent-elles autre chose ? Nous sommes
vraiment parties du besoin du milieu. C’est vrai qu’établir un centre d’accueil pour
des filles et des femmes en difficulté, c’est quelque chose qui représente une mission
particulière de la Congrégation. Au-delà de ça, c’est vraiment un besoin et un appel
du milieu. Et le fait que nous ayons établi cela, nous voyons que cela répond réellement
au besoin de la population parce qu’il n’y a pas de centre similaire à Bobo Dioulasso
pour accueillir vraiment des jeunes filles et des femmes en difficulté, des filles
qui sont dans la rue. Il y a des structures qui accueillent des garçons, qui peuvent
leur offrir de passer la nuit mais pour les filles, elles se retrouvent dans des bars
ou des chambres de passage pour pouvoir passer la nuit. Il n’y a pas de structure
établie s'occuper d'une fille qui a des difficultés, qui est mise dehors. Donc, on
peut dire que c’est vraiment un besoin local. Et au niveau des autres besoins,
lorsque nous sommes arrivées, nous avons pris le temps de discuter avec les femmes,
nous les avons écoutées. Elles sont venues, elles nous ont exprimé certains besoins
au niveau du micro-crédit. Chacune venait de son côté pour demander de l’aide : "
Prêtez-moi de l’argent parce que je veux commencer ou renforcer mon petit commerce
". Mais nous nous sommes dit que nous ne pouvons pas y aller de façon individuelle.
" Mettez-vous en groupe et nous allons vous appuyez selon nos possibilités ".
Voilà, c’est comme ça qu’elles ont formé deux groupes et on a aidé ces deux groupes-là.
Nous pouvons dire que nous partons vraiment du besoin du milieu et puis nous essayons
d’apporter notre pierre à l’édification des besoins des femmes.
Pour le
moment vous allez donc renforcer ces services et quels sont vos projets ? Nous
allons continuer dans ce domaine mais il y a aussi d’autres projets, comme l’établissement
d’un jardin d’enfants. Comme nous le savons, le Burkina Faso a beaucoup de difficultés
au niveau de l’éducation. Nous sommes très en retard par rapport à certains pays d’Afrique.
Pour nous, il faut déjà donner le goût aux enfants, le goût aux parents d’envoyer
les enfants à l’école. Mettre en place ce jardin d'enfant est donc l'une de nos préoccupations.
Photo : Sœur Yvonne Clémence Bambara et Dulce Araujo de la rédaction
lusophone dans un studio de Radio Vatican