2014-03-04 16:47:24

En visite au Bénin, le cardinal Tauran impressionné par le dialogue interreligieux


(RV) Entretien- Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux est au Bénin depuis dimanche dernier pour une visite pastorale de quatre jours. Une visite au cours de laquelle il a rencontré les représentants des commissions épiscopales nationales pour le Dialogue interreligieux en Afrique de l’Ouest, mais aussi les représentants des religions traditionnelles, très présentes dans le pays. Un voyage dans un pays stable qui fait souvent figure d’exception dans une Afrique tourmentée. Joint par Olivier Bonnel, le cardinal Tauran dresse un premier bilan d'étape de sa visite depuis Cotonou : RealAudioMP3

En quoi le Bénin peut-il être un modèle de coexistence pour ses voisins ?

Le Bénin, c’est un pays qui n’a jamais connu la guerre. C’est déjà quelque chose de très positif. Les Béninois ont une société assez harmonieuse, en tous les cas très sensible au dialogue interreligieux. Nous sommes réunis avec les représentants des commissions pastorales nationales pour le dialogue interreligieux en Afrique de l’Ouest francophone.

Nous avons ouvert la journée d'hier (lundi) par une audience du président de la République et ensuite, le président est venu assister à mon intervention où j’ai évidemment traité de la liberté de religion. J’ai dit qu’il y avait quatre conditions qui devaient être réunies pour qu’il y ait un véritable dialogue : Il faut avoir une idée claire de sa propre religion, aller au-delà des généralités, utiliser un langage commun et compréhensible, faire preuve d’honnêteté dans la présentation de sa position et vouloir faire tout son possible pour comprendre le point de vue de l’autre. Apparemment, mon message a été bien reçu.

Ensuite, dans l’après-midi, nous avons eu quelques consultations avec les évêques. Ce matin (mardi) nous avons eu notre rencontre avec les chefs religieux de la religion traditionnelle qui a été très importante parce qu’en fait, le but de mon voyage , c’était justement de découvrir un peu ces religions traditionnelles de l’Afrique et donner à l’homme africain sa véritable dimension.


Justement, qu’avez-vous découvert de ces religions traditionnelles ?

D’abord, il est très difficile d’appréhender vraiment le contenu parce qu’il y a tout un aspect mystérieux et il y a un rite d’initiation. Ce que j’ai perçu, c’est que pour les adeptes de cette religion, toute la vie, tous les évènements sont surnaturels. Pratiquement, on est enveloppé par Dieu. Il y a peut-être un espèce de panthéisme, je ne sais pas. En tout cas, c’est ma première impression. Rien n’est profane, tout est sacré.

Ce voyage a évidemment une tonalité très religieuse, vous l’avez dit. Il a aussi une tonalité politique. On sait que le Bénin, même si c’est un pays stable, vit entouré de pays beaucoup moins stables, que l’environnement africain est très tendu. Est-ce que vous avez ressenti cette inquiétude chez vos interlocuteurs ?

Non, mais en parlant longuement avec le ministre des Affaires Étrangères et le Président de la République, j’ai compris qu’ils surveillent bien leurs frontières. Voilà, je n’en dirai pas plus.

En quoi le renforcement du dialogue interreligieux était-il essentiel et nécessaire pour la stabilité politique même d’un pays et en particulier du Bénin ?

C’est très simple, on ne peut pas être heureux les uns sans les autres et certainement pas les uns contre les autres. C’est aussi simple que cela. Je suis vraiment très bien impressionné par le dialogue interreligieux ici. Il y a eu une discussion très franche avec les représentants des religions traditionnelles. Il y a une très grande estime de l’Église catholique et en même temps, l’Église sait se faire proche des autres. Je crois que ma visite a pu contribuer à renforcer cette philosophie des relations humaines.

Cette philosophie positive, cet équilibre béninois, peuvent-il être positivement contagieux pour les pays voisins ?

J’espère, c’est d’ailleurs ce que j’ai dit quand je suis arrivé : « Si le mal est contagieux, souhaitons que le bien soit contagieux ».

Avant son retour à Rome, mercredi, le Cardinal Tauran visitera la Basilique de Ouidah à l’ouest de Cotonou, la « Porte du non-retour », au point d’embarquement des millions d’esclaves déportés vers les Amériques et les Caraïbes entre les 16è et 19è siècles ; il visitera aussi le Grand Séminaire Saint Gall de Ouidah qui vient de fêter son centenaire. Le président du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux ira s’incliner sur la tombe du Cardinal Bernardin Gantin, ancien Préfet de la congrégation pour les évêques, dont il fut très proche.







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