Ni chef d'entreprise, ni croisé. Le Pape François brosse le portrait-robot de l'évêque
(RV) L’Église a besoin de pasteurs authentiques qui prennent soin de leur troupeau,
tous les jours, avec assiduité. C’est un long discours enflammé que le Pape François
a adressé jeudi matin à la Congrégation pour les évêques. Quand je signe une nomination
d’évêque, a-t-il dit aux membres de la Congrégation, je voudrais pouvoir toucher
du doigt l’autorité de votre discernement. Pour bien souligner l’importance du
travail de ce dicastère, le Saint-Père a énoncé en détail les critères qui devraient
guider le choix des évêques.
Nous n’avons pas besoin de chefs d’entreprises
ou d’administrateurs délégués, a-t-il averti, l’Église n’a besoin ni d’apologètes,
ni de croisés. Les évêques doivent être des témoins humbles et courageux du Ressuscité,
non pas de manière isolée, mais avec l’Église … des semeurs confiants de vérité, capables
de prendre de la hauteur au-dessus de nos bassesses et de nos petites prétentions.
Par sa vie et son ministère, l’évêque doit rendre crédible la Résurrection. Le courage
de mourir, la disponibilité à offrir sa propre vie et à se consumer sont inscrits
dans l’ADN de l’épiscopat. Le renoncement et le sacrifice font partie intégrante de
sa mission.
Gare aux coteries, aux clans et aux luttes d'influence
Les
évêques doivent être des hommes patients, certains que la zizanie ne parviendra jamais
à remplir le champ. Pour repérer un évêque, il ne sert à rien de compter ses qualités
humaines, intellectuelles, culturelles ou pastorales. Le profil d’un évêque n’est
pas la somme algébrique de ses vertus. Bien sûr, il doit exceller par son intégrité,
sa solidité chrétienne, sa fidélité à la vérité, sa transparence, sa capacité à gouverner.
Mais toutes ces qualités indispensables sont subordonnées à un engagement prioritaire
: le témoignage au Christ Ressuscité auquel s’ajoutent la conscience devant Dieu et
l’engagement collégial.
Selon le Pape François, l’Église a certes besoin de
gardiens de la doctrine, non pas, cependant, pour mesurer l’écart entre celle-ci et
le vécu des gens mais pour séduire le monde par la beauté de l’amour et par la liberté
offerte par l’Evangile. Le Souverain Pontife a reconnu qu’il n’y avait pas de modèle
standard valable pour toutes les Églises. Le défi est d’entrer dans la perspective
du Christ qui sait ce dont chaque Eglise a besoin, en tenant compte des spécificités
de chacune. Pour y parvenir, il faut se libérer des préférences, sympathies, appartenances
ou tendances. Le Pape François a dénoncé les coteries, les cliques et les hégémonies
qui conditionnent parfois le choix des éveques.
Ceux qui travaillent au sein
de la Congrégation pour les évêques devront donc faire preuve de professionnalisme
et travailler avec une sainte inquiétude. La hauteur de l’Église se trouve
toujours dans les abîmes profonds de ses fondations, son avenir se loge dans ses origines.
D’où l’importance de l’unité de l’Église et de la succession ininterrompue des évêques.
Enfin, le Pape François a demandé à la Congrégation pour les évêques d’écrire un texte
sur l’actualité du décret du Concile de Trente à propos de la résidence des prélats
dans leur Église.