2014-02-26 13:04:50

La Revue de la Presse Catholique d’Afrique. Mercredi 26 Février 2014


Par Albert Mianzoukouta *
C’est à une presse catholique africaine au contenu « éclaté » que nous avons affaire cette semaine. Il y a des jours où les Unes sont inspirées par le même événement (normal, surtout pendant les grandes fêtes liturgiques), dessinées par le même concepteur : pas cette fois. Les thèmes choisis par nos confrères vont du religieux au profane, du social au politique, et c’est sans doute ainsi que se décline vraiment la vitalité des journaux et sites que nous avons consultés.
« La » question
Commençons par la « mère des questions » qu’affronte André Quenum dans son Editorial (La Croix du Bénin) : « A quoi sait-on que Dieu est Dieu ? ». La réponse n’est pas simple, ni unique, d’autant que, souligne Quenum « chaque génération commet le péché d'ériger son veau d’or et nous ne faisons point exception ». « A observer notre culture religieuse ambiante, notre génération n’aime voir Dieu que dans la force, la domination et le miracle…. Nous n’aimons appeler Dieu qu’avec les « noms forts » comme Seigneur Dieu Tout-puissant, Yahvé Sabaoth, Dieu des armées, Shiloh… et que sais-je encore ! ». Cette recherche de grandiloquence fait perdre l’essentiel, affirme-t-il en substance. Or la (les) réponse(s) n’est pas aussi haut-perchée: « Dieu est Père aimant, il est Esprit Saint respectueux de notre liberté intérieure. Dieu est Amour. Dieu est plus humble que l'homme ! Il n’est ni insulte, ni arrogance, ni menace de mort ! Avis à ceux qui se noient dans un verre d’eau », dont acte !
Eglise du Burkina.org ne pouvait, bien entendu, que titrer sur les réjouissances, à Rome, autour de son nouveau Cardinal, Philippe Ouédraogo. Les pèlerins sont venus en foule pour l’événement à Rome. C’est pourquoi le site ajoute cette note utile : « Il faut louer la spontanéité et la générosité des laïcs à travers la commission épiscopale chargée des pèlerinages, qui ont eu l’initiative de ce pèlerinage dans la ville éternelle de Rome. »
Au Sénégal, la Une de Senkto est occupée par un article à racarète historique ; il raconte « Lalane, un village aux allures d’une ville moderne et plusieurs fois séculaire ». Sous la plume de Frédéric Diop, nous découvrons que ce village est connu par ses paniers tissés et surtout par le fait « qu’on y recycle tout ce que l’on trouve ! Les objets ici ont plusieurs vies et ils sont transformés selon le besoin ». Bon, une fois que l’on a lu cela, on se pose la question : et alors ? Et alors, affirme Diop, « le 25 juillet 2002, le secteur pastoral de Lalane est devenu ‘quasi-paroisse Lalane-Diassap, en plus de la domiciliation de la première équipe sacerdotale ». D’accord encore, pourrait-on dire : et alors ? Et alors ! C’est que dans un pays où les chrétiens sont à peine 4% (suivant les statistiques) de la population à majorité musulmane, « la paroisse de Lalane-Diassap, un village situé à une dizaine de kilomètres au nord de la ville de Thiès, sur la route qui mène à Tivaouane (…), il n’y a pas de pluralité de religions, (le village) est entièrement catholique » !
Eduquer, former les jeunes: mission de l’Eglise
Poursuivons le « décorticage » du dossier introduit la semaine dernière par André Fils Mbem dans L’Effort Camerounais qui s’interrogeait : « Quel avenir pour la jeunesse camerounaise ?». Sylvestre Ndoumou ne répond pas à la question – et d’ailleurs, peut-on avoir la prétention de répondre à une question aussi vaste ! – mais il pointe du doigt un travers que les jeunes ont hérité des adultes : la paresse et la facilité ? « Inspirés ou fascinés par des modèles qui ont bâti leur fortune dans la fraude et la corruption, beaucoup de jeunes restent convaincus qu’ils peuvent aussi réussir sans faire le moindre effort ».
Partant d’un constat d’enseignant du primaire, Sylvestre Ndoumou écrit : « Le danger qui menace la jeunesse aujourd’hui, c’est l’imitation des faux modèles. Or la voie la plus sûre, c’est le travail, et rien que le travail ». Il ajoute : « Les enfants veulent passer leurs diplômes sans apprendre leurs leçons. Ils veulent être parmi l’élite de demain sans le mériter, ils veulent être fer de lance de la nation sans s’être imprégnés des valeurs qui leur confèrent cette considération (…). La tricherie en milieu scolaire est devenue aujourd’hui un véritable problème moral ». La (les ?) conclusion : « il faut revenir à la formation de base, et instituer des cours de morale dans nos écoles (cela se fait déjà). Revoir le système d’éducation pour que dès la base, les enfants soient formés dans les familles et à l’école ».
L’école et l’éducation : voilà un double sujet que les confrères de Douala ont en commun avec les journalistes de La Semaine Africaine au Congo. Le journal de l’Eglise qui paraît à Brazzaville, nous donne à lire une double information, sur le ton positif : La commission épiscopale de l’éducation catholique, CEDUC, rentre satisfaite d’une mission de routine dans le diocèse d’Impfondo. Elle a visité les écoles catholiques du diocèse, et elle se déclare satisfaite de ce qu’elle a pu constater : « la direction diocésaine a désormais un local ; implication sans condition des prêtres du diocèse dans la gestion de l’école, mais aussi la plupart du personnel à la charge de la direction diocésaine perçoit ses émoluments dans des structures bancaires dignes d’honneur »…
La Semaine Africaine nous apprend par ailleurs que « l’orchestre des aveugles de la Fondation Cardinal Emile Biayenda » a produit son premier CD, sous la direction de sa marraine, Sœur Brigitte Yengo. Pris en charge par cette fondation, les jeunes aveugles du Congo poursuivent des études normales, y compris en musique…
Cette semaine nous est parvenu aussi le mensuel du Mouvement pour la Vie, toujours au Congo-Brazzaville. On y lit avec un réel intérêt la réflexion rapportée de Michel Remaud sur « l’esprit contraceptif ». De quoi s’agit-il ? Lisons ensemble : « la société contraceptive a généré un modèle antichrétien de la femme, au point que même pour les adolescentes chrétiennes la Vierge Marie n’est plus vraiment un modèle ».
Le Dimanche, jour sacré vraiment pour tous ?
Dans l’Océan Indien, L’Echo des Iles, mensuel du diocèse de Port-Victoria, aux Seychelles (l’archipel fait un seul diocèse) affronte une question d’une importance réelle et pas seulement dans cette partie du continent : « Que dire du travail du dimanche ? ». C’est Finbarr Clancy qu introduit le débat, en soulignant que pris dans la train-train des choses, nous en arrivons aujourd’hui à considérer le dimanche comme n’importe quel jour de la semaine. Cela, soutient-il, survient à cause de notre « amnésie spirituelle » qui nous fait oublier que nous sommes cœur de la création, que Dieu le Créateur a son jour et qu’en toute chose il nous faut « accorder la préséance à Dieu ». A lire dans les feuillets anglais du mensuel qui, rappelons-le, paraît en trois langues : créole, français et anglais.
Continuons à prier pour nos prêtres
Mais nous terminerons cette revue de presse par le rappel qu’affiche CENCO, portail de l’Eglise catholique en République démocratique du Congo, depuis 16 mois : « les trois pères Assomptionnistes qui ont été enlevés au mois d'octobre 2012, sont toujours aux mains de leurs ravisseurs. La Conférence Episcopale Nationale du Congo, et particulièrement le diocèse de Butembo-Béni continue à demander leur libération. Ces prêtres n'ont rien fait pour mériter ce sort. Que ceux qui les détiennent se ravisent et qu'ils les laissent servir Dieu ».

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• Journaliste au Programme Français-Afrique de Radio Vatican








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