2014-02-26 15:15:41

Israël : la knesset vote la distinction entre arabes chrétiens et musulmans


(RV) Entretien- C’est un projet de loi controversé qui a été adopté hier par la Knesset, le Parlement israélien. Un projet, qui pour la première fois, fait la distinction entre les citoyens arabes de confession musulmane, et ceux de confession chrétienne.

Le texte accorde, par exemple, au sein de la commission nationale pour l’égalité des chances dans l’emploi, des sièges distincts à des représentants des travailleurs chrétiens et musulmans de la communauté arabe israélienne.

Ce texte a été vivement dénoncé par plusieurs députés arabes israéliens, ainsi que par l’OLP, comme empreint d’un « sectarisme sans précédent ».

Ecoutez le réaction de Mgr William Shomali, vicaire Patriarcal Latin pour Jérusalem et la Palestine : RealAudioMP3

C'est contre l’histoire parce que les chrétiens, depuis treize siècles, se considèrent comme des arabes et les musulmans les considèrent comme des arabes. On ne veut pas changer le cours de l’histoire en une session de la Knesset. D’ailleurs, ce sera contre la volonté des chrétiens eux-mêmes qui ne veulent pas devenir une entité à part, un ghetto ou une minorité à l’intérieur d’une autre minorité, c’est-à-dire qu’ils seront doublement minoritaires. En tant qu’arabe, on ne veut pas réellement changer leur statut et en tant que chrétiens parmi les arabes. Il y a un danger de séparer le fait d’être chrétien du fait d’être arabe parce que dans les autres pays arabes, tout le monde considère les chrétiens comme des arabes. Cela créera une séparation terrible entre les deux communautés et ce sera la source d’une souffrance pour les chrétiens, en plus du fait qu’ils ne veulent pas ce changement. Il n’est pas opportun et il n’est pas juste de promulguer des lois si les chrétiens ne veulent pas. On a défini le statut d’un chrétien sans consulter les chrétiens eux-mêmes, ce qui n’est pas juste en soi.

Les réactions n’ont pas manqué, notamment de la part de certains députés arabes israéliens qui ont dénoncé une manœuvre politique de la droite israélienne. Est-ce une analyse que vous partagez ?
Certainement, c’est une décision politique et pas religieuse. C’est certainement une décision politique qui prépare le terrain pour enrôler les chrétiens dans l’armée. Quand on les sépare des musulmans, ce sera plus facile de faire une autre loi pour les enrôler dans l’armée d’une façon obligatoire. C’est certainement une décision politique.

Vous évoquez une décision très certainement politique mais en même temps, n’est-elle pas aussi le reflet d’une certaine droitisation de la société israélienne, de la classe politique israélienne plus religieuse et peut-être moins ouverte aux compromis ?
Certainement que tout le Moyen-Orient devient plus religieux et plus fanatique. Ça nuit aux relations réciproques entre la minorité et la majorité. Ce sont toujours les minorités qui souffrent du fanatisme religieux et cela s’applique aussi à Israël où la droite commence à être plus forte. Si on veut abolir toute ségrégation envers les chrétiens, on abroge toute ségrégation envers la minorité arabe. Dans ce cas-là, tout le monde jouira d’un même statut.


Photo : Mgr William Shomali, vicaire Patriarcal Latin pour Jérusalem et la Palestine







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