Après le typhon, qu'a fait le gouvernement philippin ?
Mgr Crispin Varquez, évêque catholique de Borongan, capitale du Samar oriental, aux
Philippines, dont le territoire a été touché de plein fouet en novembre dernier par
le typhon Haiyan, se plaint de l’inefficacité des programmes de reconstruction lancés
par l'Etat. Les rescapés n’ont pas encore vu le bénéfice des actions que Manille dit
avoir mises en place.
«Je me rends très souvent dans les zones détruites,
mais tout ce que je vois, ce ne sont que des habitats collectifs temporaires. C’est
tout ce que le gouvernement a été capable de réaliser », déplore Mgr Varquez.
L'évêque signale que rien n’a été fait en ce qui concerne la reconstruction ou la
réorganisation des moyens de subsistance des gens.
Manifestations à Manille
Le
17 février dernier, environ un millier de rescapés sont montés à Manille pour manifester
devant le palais présidentiel, rapporte Eglises d'Asie (EdA), l'agence d'information
des Missions Etrangères de Paris. Emmenés par une coalition d’organisations locales,
ils demandaient à être reçus par le président Benigno Aquino pour faire entendre leurs
revendications. Au nombre de celles-ci figurent la distribution d’une allocation de
40'000 pesos (environ 800 francs suisses) à tous les survivants et la poursuite de
la distribution des aides alimentaires.
Les enjeux financiers « aiguisent
les appétits »
Face à ces pressions, le président Aquino a réagi en commençant
par prendre les manifestants de haut. Il s’est interrogé publiquement sur la meilleure
utilisation qui aurait pu être faite des fonds utilisés pour organiser le voyage des
protestataires à Manille. Mais, sentant la contestation monter, il s’est rendu quelques
heures, le 24 février, sur l’île de Bohol, au centre du pays, afin d’inspecter les
maisons collectives qui y ont été construites.
Soeur Edita Eslopor, porte-parole
du « Tindog People’s Network » (‘Réseau du peuple qui se lève’), relève que la population
locale est tenue à l’écart des programmes de reconstruction. Face aux enjeux financiers
de ces actions – les estimations qui circulent vont jusqu’à 15 milliards de dollars
–, « les appétits s’aiguisent », explique la religieuse.
EdA souligne que les
aides extérieures, notamment celle venant de l'œuvre d'entraide catholique Caritas,
demeurent importantes. (Apic/Eglises d'Asie)
Photo: manifestation
à Manille il y a quelques jours devant le palais présidentiel