(RV) Le Père Pascal Montavit nous propose son commentaire de l'Evangile du dimanche
23 février. Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5, 38-48 : « Aimez vos
ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d'être vraiment les fils de
votre Père qui est dans les cieux. »
Ecoutez le commentaire du Père Pascal
Montavit
L’Évangile
de ce jour continue de nous présenter, comme les dimanches précédents, le discours
de Jésus sur la montagne selon l’évangéliste Matthieu. Cette fois-ci, Jésus nous parle
de la vengeance et de l’amour des ennemis. Voyons cela de plus près. Jésus
dit : « Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Œil pour œil, dent pour dent’. Eh bien
moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la
joue droite, tends-lui encore l’autre » (Mt 5,38-39). Cette sentence de Jésus mérite
d’être bien expliquée. Tout d’abord, rappelons-nous ce que Jésus lui-même a dit lorsque
l’un des gardes lui donna une gifle alors qu’il comparaissait devant le grand prêtre
: « Si j’ai mal parlé, témoigne de ce qui est mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi
me frappes-tu ? » (Jn 18,23). Jésus n’a donc pas tendu l’autre joue mais il a demandé
une explication à celui qui le frappait. En cela, Jésus montre que la maxime « œil
pour œil, dent pour dent » est dépassée. A une agression physique, Jésus répond seulement
verbalement pour inciter son agresseur à réfléchir sur la portée de son acte.
Mais
si donc il ne convient pas d’interpréter littéralement cette parole de Jésus, comment
faut-il la comprendre ? Elle est certainement une invitation à pardonner sans cesse,
ou pour reprendre une expression de Jésus lui-même, à pardonner « soixante-dix-sept
fois sept fois » (Mt 18,22). Il s’agit donc de ne pas riposter au méchant, de ne pas
répondre à l’agressivité par l’agressivité, à l’injure par l’injure. C’est en renonçant
à la vengeance que l’agresseur pourra se trouver confondu. Mais force est de reconnaître
que tel n’est pas toujours le cas. Parfois, ajouter une parole, dite paisiblement,
peut aider à faire tomber l’agressivité ou à faire prendre conscience à l’agresseur
de ce qu’il fait. C’est ainsi que Jésus a agi lorsqu’il a interrogé le garde qui le
frappait.
Jésus dit encore : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux
qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les
cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la
pluie sur les justes et les injustes» (Mt 5,44-45). Par ses paroles, Jésus met la
barre très haut. Il nous invite à « être parfaits comme notre Père céleste est parfait
» (Mt 5,48). Cette affirmation montre aussi que le Seigneur prodigue son amour à tous
les hommes sans exception. Il n’est pas inhabituel de voir certains chrétiens penser
que Dieu les a abandonnés ou qu’ils sont défavorisés par rapport aux autres. Mais
le Seigneur donne à chacun tous ses bienfaits. S’il est vrai que certains reçoivent
plus de talents que d’autres, chacun reçoit cependant de manière suffisante pour entrer
dans la plénitude du maître.
Une autre particularité de cette parole
de Jésus est qu’il dit « afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans
les cieux » (Mt 5,44). C’est donc que notre filiation vis-à-vis de Dieu demande à
être accomplie. Bien sûr, nous sommes tous créatures aimées de Dieu, mais pour être
‘fils de Dieu’, il nous faut recevoir l’Esprit Saint qui nous fait nous écrier ‘Abba
Père’ » (Rm 8,15). Cette notion est importante. Par le baptême, nous devenons réellement
fils et filles de Dieu. Cette réalité ne peut être défaite, contredite, mais elle
peut devenir de simples mots qui n’ont pas de conséquence dans notre vie quotidienne.
En ce jour, prions pour être vraiment les fils de notre Père qui est aux cieux en
acceptant de renoncer à la vengeance et en priant pour nos ennemis.