2014-02-19 18:11:22

Livre : le désarmement nucléaire, une arme pour la paix


(RV) Entretiens - En France, on parle souvent de nucléaire civil, mais en revanche beaucoup plus rarement de nucléaire militaire. L’Eglise veut aujourd’hui changer la donne et relancer le débat autour du désarmement. Mais comment convaincre les Etats qui ont la bombe ou qui aspirent à la posséder, d’y renoncer ? Comment faire comprendre qu’un désarment nucléaire est une option crédible pour obtenir la paix ? Pour faire connaitre leur point de vue et analyses, la commission justice et paix, Pax Christi et la faculté de sciences sociales et économiques (FESSE) de l’Institut catholique de Paris publient un livre aux Editions de l’Atelier. Il est intitulé « La paix sans la bombe ? ».

Mgr Boivineau, l’évêque d’Annecy et président de Justice et Paix France, nous rappelle le point de vue de l’Église sur l’armement nucléaire. Le Saint-Siège encourage un désarmement multilatéral et négocié par paliers successifs : RealAudioMP3

Sylvie Bukhari - de Pontual, avocate au barreau de Paris et présidente de la Fédération internationale de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (FIACAT) nous explique pourquoi les Etats tels que l’Inde, les Etats-Unis ou la France restent aujourd’hui convaincus par le nucléaire militaire : RealAudioMP3

Présentation du livre par les éditeurs

«Alors que l’éventuelle détention de la bombe nucléaire pour des pays comme l’Iran ou la Corée du Nord inquiète, la question de la pertinence de l’arme nucléaire pour les grandes puissances n’est pas vraiment remise en cause. Dans un pays marqué par les risques terroristes et les instabilités du pourtour méditerranéen et de l’Afrique, l’arme nucléaire est-elle toujours pertinente ? Cet ouvrage aborde le sujet sans tabou, sous tous ses aspects, notamment celle d’une éthique chrétienne, pour relancer le débat sur la pertinence de l’arme nucléaire.

L’arme nucléaire ne suscite plus aujourd’hui le même effroi. La crainte d’un « holocauste », présente dans un grand nombre de pays durant la guerre froide, s’éloigne. Pourtant, les risques liés à l’existence de vastes stocks d’armes nucléaires ne diminuent pas. Malgré leur suréquipement, les États-Unis et la Russie semblent plus préoccupés d’empêcher d’autres pays d’acquérir l’arme que de progresser vers de nouvelles réductions. Certains détenteurs de l’arme nucléaire (Pakistan, Chine, Israël, Inde) en font la garantie de leur sécurité, voire poursuivent une course aux armements dangereuse. Enfin des pays non-possesseurs veulent au moins parvenir au « seuil » du nucléaire militaire (Iran), ou parviennent même à se doter de l’arme à un stade embryonnaire (Corée du Nord).

Face à cette prolifération, n’y a-t-il d’autre réponse que le recours à la force ? Comment concilier l’affirmation faisant du nucléaire la garantie ultime de la sécurité pour quelques-uns et l’interdiction faite à tous les autres de se doter de l’arme ? Est-il réaliste de vouloir construire un ordre international fondé sur la coopération des États en s’accommodant de l’anarchie nucléaire ? D’ailleurs, si en France la dissuasion nucléaire semble généralement acceptée, sa fonction de sécurisation convainc beaucoup moins les opinions occidentales.

Soucieux de répondre aux questions éthiques que les Églises et de nombreuses organisations de la société civile soulèvent à propos de la dissuasion nucléaire, les auteurs de l’ouvrage proposent de ne plus penser celle-ci seulement dans le cadre d’une stratégie de défense nationale mais de l’intégrer dans une stratégie de désarmement qui pourrait notamment être portée par la France et ses partenaires européens et devenir un objectif de l’Union européenne. Car l’option du désarmement est crédible, puisqu’elle a déjà permis des succès importants comme les accords bilatéraux américano-russes ou multilatéraux comme les zones dénucléarisées, ou encore le moratoire appliqué sur les essais. Un engagement de politique étrangère des États membres dans une stratégie de désarmement négocié donnerait en outre à l’Union européenne un objectif partagé par la majorité des populations et renouvellerait ainsi des postures manifestement figées. »


Photo : Manifestation anti-nucléaire en Allemagne. Une tête de mort sur un parapluie noir et jaune, symbole du nucléaire.







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