Le regard de la Caritas sur la crise en Bosnie-Herzégovine
(RV) « Mostar apparaît comme une cité suspendue, un lieu "congelé" par une paix
imposée par l'Occident il y a vingt ans pour mettre fin à la guerre ».Après les
manifestations de la faim qui ont embrasé la Bosnie-Herzégovine vendredi dernier,
le directeur de la Caritas locale s'exprime dans les colonnes du quotidien du Vatican
L'Osservatore Romano. Don Ante Komadina déplore le manque de soutien des autorités
publiques aux actions caricatives : « Notre Etat n'apprécie pas à sa juste valeur
le travail que nous effectuons à Mostar et en Herzégovine. Nous ne rencontrons les
politiques qu'aux festivités et aux élections ». Par conséquent, ce sont les Caritas
étrangères qui financent les actions dans le pays.
Pourtant, la situation est
urgente. La crise politique se transforme en crise sociale, et les manifestations
de protestation se multiplient. Pour Don Ante Komadina, la population « se sent
étranglée » devant le manque d'opportunité et un taux de chômage à 43 %. Un contexte
qui favorise le retour des vieux démons : « certains ont peur que la Bosnie-Herzégovine
ne devienne une mini-Yougoslavie ».
Le départ des jeunes diplômés à l'étranger
constitue également une « une forme particulière de pauvreté », selon la formule
utilisée dans un document publié en 2005 par les organisations humanitaires religieuses
catholiques, orthodoxes, musulmanes et juives. Selon cet appel unitaire, cette émigration
de la jeunesse est une vraie menace pour l'avenir du pays car ce sont « ces jeunes
qui doivent être porteurs de la renaissance sociale et du développement économique
de la Bosnie-Herzégovine ». Un constat toujours criant d'actualité.
Photo
: des manifestants mettent le feu au siège du gouvernement local de Mostar le 8 février
2014