Mgr Parolin : la Secrétairerie d'Etat doit devenir un « modèle » pour toute l'Eglise
(RV) Que la Curie romaine soit un instrument « sans lourdeur » au service de la mission
de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui : c’est le souhait émis par Mgr Pietro Parolin
dans un entretien au quotidien catholique italien l’Avvenire. Le secrétaire d’Etat
du Saint –Siège évoque de nombreux thèmes, de la collaboration avec le Pape François
au rôle de la diplomatie vaticane, en passant par le conflit syrien et l’ « épisode
douloureux » du Vatileaks.
Pour une curie romaine "sans lourdeur", et
plus "efficace"
Mon style « ne peut être » que celui du Pape
François, un style « auquel je m’identifie profondément ». C’est sur ces mots
que débute la longue interview de Mgr Parolin à l’Avvenire. Le futur cardinal s’arrête
sur « le renouveau de l’Eglise » auquel le Pape ne cesse d’appeler tous les
fidèles avec « insistance », et observe que la Secrétairerie d’Etat devra assumer
avec « une disponibilité totale la conversion pastorale proposée par le Pape François
». Plus encore, ajoute-il, « d’une certaine manière », elle devra devenir un
« modèle pour l’Eglise entière ». Mgr Parolin assure que la diplomatie vaticane
doit être engagée auprès des peuples « dans la construction d’un monde humain
et fraternel », dans lequel « les plus faibles et les plus vulnérables »
puissent être protégés.
Il est donc nécessaire, insiste Mgr Parolin, que la
Curie romaine devienne un « instrument sans lourdeur, moins bureaucratique et plus
efficace, au service de la communion et de la mission de l’Eglise universelle et des
églises particulières ». Certes, admet-il, « il y a un toujours un danger à
abuser du pouvoir » , et à ce danger, « la Curie n’y a pas échappé, et n’y
échappe pas ». Et Mgr Parolin d’avertir : « une réforme des structures ne suffit
pas si elle ne s’accompagne pas d’une conversion pastorale permanente ». le Secrétaire
d’Etat tient toutefois à souligner qu’il y « a eu , et qu’il y a des saints
» dans la curie romaine. Il est bon de le rappeler « lorsque des coups de plume
hâtifs et violents en présente une image exclusivement négative ». En définitive,
nous avons besoin de « travailler dur pour devenir plus humains, plus accueillants,
et plus évangéliques, comme le veut le Pape François ».
Vatileaks,
une "période douloureuse"
Le prélat aborde également l’affaire Vatileaks,
« une période douloureuse » , concède-t-il avec une certaine amertume, tout
en espérant qu’elle soit « définitivement terminée ». Cette affaire a fait
« souffrir de façon injuste Benoît XVI », et « a scandalisé de nombreuses
personnes ». Sur la question de l’Institut pour les œuvres de religion, le secrétaire
d’Etat du Saint-Siège préfère ne pas aborder l’aspect des « solutions techniques
» mais réaffirme l’importance d’une adéquation aux « principes évangéliques
».
La diplomatie vaticane au service de la paix
Mgr Parolin
revient également sur l’engagement du Saint-Siège en faveur de la paix. « Le premier
acteur diplomatique du Saint-Siège, c’est le Pape François », affirme Mgr Parolin,
avant de rappeler le rôle du Souverain Pontife dans la recherche d’une solution au
conflit syrien. A propos de Genève II, le secrétaire d’Etat confirme la nécessité
de trouver une feuille de route « réaliste pour mettre fin au conflit et contribuer
à l’établissement d’une paix durable ». Le prélat ne manque pas d’évoquer la
situation difficile des chrétiens d’Orient, source de « grande préoccupation pour
le Saint-Siège ». Il s’attarde également sur les relations avec la Chine, souhaitant
que « la confiance et la compréhension puissent croître entre les deux parties,
grâce à la reprise d’un dialogue constructif avec les autorités ».
Le
pape François marxiste?
Le futur cardinal tient enfin à répondre aux
critiques émises par certains milieux, quant à un prétendu marxisme du pape François
dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium. « Est-ce du marxisme que d’exhorter
à la solidarité désintéressée, et à un retour de l’économie et de la finance à une
éthique en faveur de l’être humain ? », interroge-t-il.
Photo :
Mgr Pietro Parolin, secrétaire d'Etat du Saint-Siège.