(RV) Entretien – C’est le rendez-vous sportif de cet hiver. C’est aussi un
rendez-vous politique. Les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi en Russie débutent ce
vendredi soir à 20h14, heure symbolique pour rappeler l’année en cours. Dans le stade
Fisht de la ville, construit au bord de la mer Noire, Vladimir Poutine, le président
de la Fédération de Russie, donnera le coup d’envoi de Jeux parmi les plus controversés
de l’histoire. Une quarantaine de dignitaires du monde entier seront à ses côtés mais
plusieurs dirigeants occidentaux seront absents.
Vladimir Poutine veut faire
de ce grand raout mondial une vitrine pour son pays qui organise là l’événement le
plus important depuis la chute de l’URSS en 1991. Le gouvernement russe a donc tout
fait pour que ces Jeux soient une réussite pour tout le pays que ce soit sur le plan
des infrastructures, de l’accueil que sur le plan sécuritaire. La présence policière
et militaire est omniprésente pour prévenir tout attentat terroriste. Les autorités
russes ne veulent prendre aucun risque avec une menace bien réelle comme nous le confirme
Philippe Migault, directeur de recherche à l’IRIS
«
Cette menace elle ne fait aucun doute. Sotchi est une cible de choix pour tous
les militants radicaux musulmans. » Pour Philippe Migault, les terroristes démontreraient
en frappant durant ces Jeux, « leur capacité de nuisance même dans un contexte
de sécurité extrêmement renforcé ». La corruption qui règne en Russie et autour
de ces Jeux peut être un facteur aggravant. « C’est un outil qui peut aider à passer
certains barrages, en graissant la patte de certains agents de sécurité, » considère
le chercheur.
Pour parer toute attaque, la Russie a déployé les grands moyens.
Cent mille membres des forces de l’ordre sont positionnés pour surveiller et prévenir
le moindre incident. Des effectifs « gigantesques » pour un « périmètre
relativement réduit » selon Philippe Migault.
Navires américains en
mer Noire
Les Etats-Unis prennent ces questions de sécurité également très
au sérieux. L’US Navy a déployé en mer Noire deux navires, un destroyer lance-missile
et un navire amphibie. « C’est de la gesticulation diplomatique. Que pourraient
faire ces navires dans le cadre d’un problème terroriste ? Absolument rien ! On ne
va pas tirer des missiles de croisière sur les terroristes » tempère le chercheur.
Quant à la présence d’agents du GIGN français auprès des athlètes de la délégation
française, elle s’inscrit dans le cadre d’une coopération avec les forces de l’ordre
russes. Pas question pour autant pour la Russie de coopérer au niveau étatique sur
la lutte antiterroriste comme l’avaient proposé les Etats-Unis. Moscou n’a pas envie
de donner certaines informations sur son dispositif de sécurité, cela relève du «
secret défense » pour Philippe Migault.
Vladimir Poutine, qui tenait
énormément à ces Jeux et qui s’est fortement impliqué dans leur organisation, va encore
avoir quelques sueurs froides pendant les quinze prochains jours.