Burkina Faso : des théologiens pour lutter contre l’intolérance
Les autorités du Burkina Faso vont mettre en place un Observatoire national de théologiens,
pour appuyer le Conseil supérieur de la Communication (CSC) dans sa mission de régulation
des médias. Elles veulent se prémunir ainsi contre la propagande extrémiste et l'intolérance
religieuse.
Une cellule chargée de faire des propositions sur la composition,
le fonctionnement et l’appellation de cet observatoire a été créée le 6 février à
Ouagadougou par le ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, Jérôme
Bougouma, et la présidente du CSC, Béatrice Damiba, a rapporté le quotidien pro-gouvernemental
"Sidwaya".
La création de l’observatoire de théologiens fait partie des recommandations
d’un atelier sur la promotion du dialogue interreligieux au Burkina Faso, qui a eu
lieu du 13 au 15 novembre 2013. Selon les statistiques du CSC, le Burkina Faso compte
37 radios, 6 télévisions et 5 journaux confessionnels. La loi prévoit qu’ils doivent
consacrer 20% de leurs programmes aux émissions non religieuses.
Canaliser
les propos extrémistes dans les médias confessionnels
« Le sujet religieux
prend de plus en plus d’importance. Il peut diviser un pays, si on ne prend garde
», a souligné Jérôme Bougouma lors de la réunion, tout en exhortant les acteurs des
médias à continuer « d’œuvrer pour la stabilité et la cohésion interreligieuse
au Burkina Faso ». « Nous prônons toujours le dialogue et nous attendons de
vous des suggestions concrètes afin de canaliser certains propos à caractère extrémiste
qui pourraient passer dans les médias confessionnel », a-t-il ajouté. Béatrice
Damiba a souligné la nécessité de prémunir le pays contre l'extrémisme et l'intolérance
religieuse. Elle a aussi invité les journalistes à vérifier et recouper les sources
d’information, de sorte « à veiller au respect de l’équilibre et de la pluralité
des opinions ».
Manifestation contre la modification de la Consitution
Cette
initiative intervient dans un contexte de tension au Burkina Faso. Mercredi 5 février,
un groupe de médiation dirigé par l'ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo et dans
lequel figurent notamment des autorités religieuses, a demandé au pouvoir de « respecter
scrupuleusement la constitution », que les autorités souhaitent modifier afin
de permettre la réélection du président Blaise Compaoré en 2015.
La médiation
s'est auto-saisie fin janvier afin « d’éviter que la crise politique actuelle ne
dégénère en affrontements catastrophiques pour tous ». Lundi, elle a rencontré
majorité et opposition, demandant deux parties de « respecter scrupuleusement la
constitution » en « s'interdisant la révision de l'un et l'autre des articles
déjà ancrés dans la loi fondamentale », d'après un communiqué publié mercredi.
Blaise
Compaoré, au pouvoir depuis 26 ans, avait évoqué en décembre l'idée d'un référendum
pour modifier l'article 37 de la constitution, qui limite à deux le nombre de mandats
présidentiels. Quelque 10.000 personnes selon la police, 100.000 d'après l'opposition,
avaient alors manifesté le 18 janvier à Ouagadougou contre une telle mesure alors
que la prochaine élection présidentielle est prévue dans un an et demi. (avec agences)
Photo
: manifestation contre la révision d'article constitutionnel