Mgr Tomasi : « Le rapport de l'ONU ne semble pas à jour »
(RV) Entretien - Suite à la publication ce mercredi matin d'un rapport très
dur à l'égard de l'Eglise sur son attitude face aux abus sur mineurs commis par des
membres du clergé, le Saint-Siège a réagi dans un communiqué, indiquant qu'il étudierait
de près les Observations du Comité des Droits de l'enfant des Nations-Unies.
Dans
son rapport, le Comité des Droits de l'enfant des Nations unies a sévèrement critiqué
la politique du Vatican face aux cas d'abus sexuels sur des enfants commis principalement
par des membres du clergé, exigeant que désormais tout religieux pédophile soit déféré
devant la justice.
Dans la foulée, Mgr Silvano Tomasi, observateur permanent
près de l'Onu à Genève a déclaré que ce rapport déformait les faits et qu'il
semblait ne pas tenir compte de l'audition de la délégation du Vatican mi janvier.
« On dirait quasiment que le rapport était préparé à l'avance, avant la rencontre
avec la délégation du Saint-Siège », a fait savoir Mgr Silvano Tomasi, dans une
interview à Radio Vatican. « Le document (de l'ONU) ne semble pas à jour »,
ajoutait Mgr Tomasi, avant de détailler les mesures prises par l'Eglise catholique
contre ces abus.
Ecoutons Mgr Silvano Tomasi, interrogé par Audrey
Radondy
Le langage
dans les textes qui concernent le Saint-Siège est un peu dur et quelque fois, peu
correct. Alors, il faut, avec patience, répondre à toutes les affirmations contenues
dans ce rapport et préparer une information adéquate de manière à ce que l’objectif
que l’on veut atteindre, la protection des enfants, puisse être vraiment satisfait.
Et
comment répondez-vous précisément, point par point, aux accusations de l’ONU ? Les
rapports demandent au Saint-Siège de changer des principes, des enseignements qui
ne sont pas négociables, comme la protection de la vie. La Convention sur les droits
de l’enfant elle-même, dans son préambule, parle de la protection de l’enfant avant
et après sa naissance. Mais si on le tue, il n’y a pas d’espace pour l’application
des droits de l’homme. Alors, avec toute l’attention et le respect possible, on doit
vraiment mieux définir et expliquer avec précision, pas seulement la défense et la
raison des principes que le Saint-Siège défend, qui sont des principes et des valeurs
qui constituent le vrai bien-commun de la famille humaine mais aussi, mettre en évidence
que le Saint-Siège, pour sa part, et les conférences épiscopales dans leurs domaines,
ont pris des décisions concrètes qui s’appliquent déjà depuis longtemps, qui veulent
clairement prévenir les abus sexuels et dédommager les victimes, aider les victimes
de ses abus à se réintégrer dans la société, dans la famille, d’une manière normale
et c’est un travail qu’il faut continuer. Il y a toute la bonne volonté de le faire.
On espère que cela soit apprécié, même par ceux qui ont une philosophie bien différente
de la tradition catholique.
L’ONU avait pourtant dit que le Vatican avait
pris plus de dispositions que d’autres États pour protéger les mineurs. Qu’est-ce
qui a changé ? Mais, c’est une impression, peut-être qu’une bonne partie du
texte était déjà formulé et on a ajouté quelques paragraphes pour prendre en considération
les échanges qui ont eu lieu entre le comité et la délégation du Saint-Siège (mi-janvier).
Mais de toute manière, il faudra, avec compétence, répondre d’une manière efficace
au Comité pour expliquer que, vraiment, la réalité n’est pas complètement ce que le
Comité a présenté dans son rapport.