Terre Sainte : les chrétiens de Beit Jala ont besoin de soutien
En Cisjordanie, le sort de deux sites palestiniens emblématiques dépend désormais
de la justice israélienne. La Haute Cour de Justice et la Cour suprême commencent
leurs auditions mercredi concernant deux recours déposés contre l’érection du mur
de séparation israélien.
La première plainte, examinée par la Haute Cour de
Justice est présentée par l'ONG Les Amis de la Terre/Moyen-Orient. Elle dénonce
la construction de la « clôture de sécurité israélienne » dans le village de Battir,
dont les terrasses agricoles datant de l'époque romaine sont considérées comme un
prétendant sérieux au classement par l'Unesco au Patrimoine mondial de l'humanité.
D’ailleurs, fait inhabituel, ce recours a reçu le soutien de l'Autorité israélienne
des réserves et parcs naturels, pourtant dirigée par des partisans de la colonisation.
L’autre
recours, examiné le même jour par la Cour suprême, vise à protéger la vallée de Cremisan,
près de Bethléem. S’il était érigé le mur provoquerait notamment l’exil de 58 familles
chrétiennes. Une situation que dénonce la Coordination des évêques pour la Terre sainte,
de retour d'un pèlerinage effectué mi-janvier.
Les explications de Manuella
Affejee
« Les familles de Beit Jala ont un besoin urgent de soutien
» : le site internet du Patriarcat latin de Jérusalem relaie l’appel à l’aide
pour la vallée de Cremisan lancé par 13 évêques européens et nord-américains. Dans
un communiqué, ils se font porte-parole de « la douleur et de l’angoisse »
de quelques 58 familles chrétiennes qui doivent faire face à une menace imminente
: ils pourraient perdre leurs terres et leur moyens de subsistance. Le « Mur de
l’apartheid » ainsi que le qualifient les Palestiniens, séparerait les habitants
de Beit Jala de leurs champs, détruisant oliveraies, vergers et vignobles (nrdl :
le vin de messe de Terre sainte est produit dans cette Vallée). Et parce qu’ils perdraient
tout « Cela pourrait pousser la communauté à l'exil. Il ne lui resterait plus de
raison de rester », affirme le curé de Beit Jala, le père Ibrahim al-Shomali.
Concrètement
cette barrière va intégrer les terrains des familles palestiniennes de Beit Jala à
la zone de la colonie israélienne de Gilo, mais également séparer le couvent des salésiens
de celui des sœurs salésiennes. Pour autant, les chrétiens ne sont pas directement
visés. Le ministère israélien de la Défense précise que « le tracé est purement
fondé sur des considérations de sécurité », « sans cette nouvelle section,
Jérusalem reste ouvert et vulnérable », ce que soulignent d’ailleurs les évêques.
Ce mur, écrivent-ils, sert à consolider les zones de colonies israéliennes de peuplement,
et à séparer de façon permanente Bethléem de Jérusalem.
« Ce plan particulier
est, pour eux, un microcosme de la situation tragique dans la Terre Sainte » qui provoque
le « ressentiment et la méfiance » et « rend bien plus improbable la possibilité
d'une solution, si nécessaire ».
Si les évêques reconnaissent le droit
de l'Etat d'Israël à la sécurité et à des frontières sûres, ils relèvent que le tracé
du mur de séparation s'écarte fortement de la « Ligne verte », la ligne de démarcation
internationalement reconnue qui sépare Israël des territoires palestiniens occupés
depuis la Guerre des Six Jours en 1967. Ils en appellent ainsi à la communauté internationale
pour que celle-ci « encourage Israël à respecter le droit international »,
la Convention de Genève et de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
La
barrière, achevée aux deux tiers, et qui atteindra à terme environ 712 km, se trouve
à 85 % en Cisjordanie, isolant 9,4% du territoire palestinien, dont Jérusalem-Est,
selon l'ONU. (Avec AFP et Apic)
Photo : le Père Ibrahim Shomali,
curé de Beit Jala, célébrant une messe en plein air, il y a quelques jours, pour protester
contre le mur