2014-01-27 17:19:06

Violences - Centrafrique : l'ONU prévoit des sanctions


(RV) Entretien - En Centrafrique, la présentation du nouveau gouvernement est imminente. Le nouveau Premier ministre, André Nzapayeké, et son équipe auront la lourde tâche de mettre fin aux violences interreligieuses et à la crise humanitaire sans précédent qui touche le pays. Et il y a urgence. Dimanche, de nouveaux règlements de comptes ont encore eu lieu. A Bangui, la capitale, des hommes ont été lynchés, en pleine rue. Et tout cela, malgré la présence des militaires français et des forces africaines.

Le Conseil de sécurité des Nations unies devrait adopter mardi un projet de résolution prévoyant des sanctions à l'encontre des responsables des violences dans le pays. Dimanche, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, a averti que les Etats-Unis étaient prêts à le faire.

Pétula Sophia Fernande Malo, chargée de programme pour la Caritas en Centrafrique, est en ce moment dans la capitale centrafricaine. Elle observe, malgré les récents changements politiques, une reprise et une intensification des violences. Elle est interrogée par Audrey Radondy : RealAudioMP3

Les anti-Balaka qui sont maintenant dans la ville, cherchent à se venger sur la population musulmane parce qu’ils se disent, avant, quand ils étaient là, c’était eux qui étaient en faute, c’étaient eux qui pillaient la population civile « chrétienne ». Et donc, maintenant, comme ils sont là, ils sont en train d’enlever les toitures des maisons, de casser les boutiques des musulmans, de piller les maisons. Donc, ils sont juste en train de se venger par rapport à ce que les ex-Séléka ont pu faire dans la ville et dans le pays. Il y a des quartiers où l’on ne peut pas trouver un chrétien et des quartiers où les musulmans se voient maintenant interdits de les franchir. Mais si vous avez de la famille, vous ne pouvez pas aller les voir parce que c’est inaccessible.

Et face à ces violences, est-ce que les forces françaises et la M.I.S.C.A. arrivent à s’imposer ou sont-ils dépasser par les règlements de compte ?
Ils sont dépassés parce que je me dis que la M.I.S.C.A et la Sangaris ne peuvent plus faire ce travail tous seuls sans les forces armées centrafricaines parce que c’est eux qui maîtrisent leur terrain. Il y a aussi cette facilité de communication avec la population. Ils sont là, ils sont dans la ville. Quand il y a des affrontements qui commencent, ils arrivent, ils essayent de disperser les gens et de contrôler la zone mais ça ne dure pas très longtemps. Il faut une force plus importante. Je crois qu’il faut augmenter l’effectif de la mission Sangaris et de la M.I.S.C.A.. Si les casques bleus pourraient être là pour soutenir les deux forces en ce moment, ça soulagerait vraiment la population.

Mais est-ce qu’un désarmement général n’aurait-il pas permis d’éviter ces violences ?
La mission Sangaris continue son travail pour désarmer tout le monde. Et les ministres anti-Balaka et les chefs rebelles de la Séléka. Maintenant, si les deux camps sont désarmés, je crois que la paix reviendra. On va se battre avec quoi ? À la main ? Non ! On aura le temps de se parler entre nous et de trouver des solutions pacifiques.

Les Nations-Unies doivent voter une résolution mardi, pour sanctionner les responsables de ces violences ? Est-ce que cela pourra avoir des effets ?
Il faut changer les leaders. Il y a des leaders qui influencent leurs membres au niveau des milices de l’ex-président de la Séléka. Il faut arrêter les moteurs-mêmes de ces violences parce que ce sont eux qui financent, qui dirigent, ce sont eux le cerveau. Je crois que si le cerveau est touché, les autres membres vont se calmer parce que si on ne sanctionne pas, ils se disent que voilà, il y a un laisser-aller. Tout le monde fera la même chose. Il n’y a pas de tribunal qui soit né pour nous juger, il n’y a personne qui fera grand-chose. Du coup, les jeunes vont s’habituer à régler leurs comptes par la violence or c’est inadmissible !


Photo : les soldats de l'opération française Sangaris sont dans le pays depuis le 5 décembre 2013








All the contents on this site are copyrighted ©.