Malaisie : l'Église appelle au calme après un attentat
Les responsables des Églises chrétiennes en Malaisie ont appelé au calme après qu’une
église catholique de Penang, au nord-ouest du pays, ait été la cible d’une attaque
aux cocktails Molotov dimanche 26 janvier. Les responsables politiques ont eux aussi
mis en garde contre une dégradation incontrôlée des relations entre musulmans et non
musulmans.
Deux hommes ont lancé deux cocktails Molotov sur l’église de l’Assomption,
avant de prendre la fuite. L’une des deux bombes artisanales n’a pas explosé tandis
que l’autre n’a fait que des dégâts légers sur une rambarde située à l’avant de l’édifice.
« Nous sommes choqués. Nous devons garder notre calme et prier », a affirmé le père
Dominic Santhiyagu.
Il semblerait que l'acte soit immédiatement lié au placardage
de posters, la veille, sur la façade de cinq églises catholiques et protestantes de
Penang et des environs où l’on pouvait lire : « Allah est grand, et Jésus est le
fils d’Allah » Ces affiches, faites manifestement pour provoquer les musulmans,
avaient été très rapidement retirées par les responsables de ces églises, qui ont
vigoureusement démenti en être les auteurs et ont porté plainte auprès de la police
pour que des enquêtes soient lancées à ce sujet.
La Fédération chrétienne de
Malaisie (Christian Federation of Malaysia, CFM) a réagi la première à l'attaque,
en demandant aux chrétiens de se montrer « sages et mesurés » dans leur réponse à
un acte visant à provoquer « le chaos et une animosité à caractère ethnique».
Climat
interreligieux tendu
L’attaque survient dans un climat interreligieux tendu,
marqué notamment par la polémique autour de l’interdiction faite aux chrétiens d’utiliser
le mot « Allah » pour dire Dieu en langue malaise.
Deux responsables chrétiens
ont été arrêtés début janvier en Malaisie et trois cents bibles, importées d’Indonésie,
ont été saisies en vertu d’une loi qui proscrit l’utilisation du mot Allah par les
non-musulmans.
En octobre, un tribunal avait interdit au Herald, l’hebdomadaire
de l’archidiocèse de Kuala Lumpur, d’utiliser le mot Allah dans son édition en langue
malaise. Conséquence directe du jugement : onze jours plus tard, deux mille exemplaires
du Herald étaient bloqués temporairement par des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur
voulant vérifier que le mot Allah ne figurait pas dans les colonnes du journal catholique,
pour désigner Dieu.
Cet arrêt avait inquiété la minorité chrétienne et l’incident
qui avait suivi avait soulevé une forte incompréhension. Le Premier ministre avait
assuré aux chrétiens que leurs droits seraient respectés. Les événements de jeudi
prouvent au contraire que les craintes des communautés chrétiennes sont fondées. 60%
de la population malaisienne est de confession musulmane. Les chrétiens ne représentent
que 9% du total. L’Islam est la religion du pays.
Les chrétiens représentent
9% des 28 millions de Malaisiens, dont près de 60 % sont musulmans. (Avec agences)