(RV) Entretien - Une nouvelle ère s’ouvre en Tunisie. La nouvelle Constitution
a finalement été signée ce lundi par le président tunisien, le Premier ministre sortant
et le président de la Constituante. « Avec la naissance de ce texte, on entérine
notre victoire contre la dictature » s’est félicité le président Moncef Marzouki.
Le texte avait été adopté dimanche soir à une majorité écrasante de 200 voix pour
et 12 contre.
Trois ans après la chute de Ben Ali, le pays qui vit naître le
printemps arabe peut donc se projeter plus sereinement vers l’avenir. La nouvelle
Constitution laisse une place limitée à l’Islam. Elle se caractérise par la suppression
d’un article controversé sur l’obligation du président de la République à être musulman.
Elle consacre, en outre, l’égalité entre homme et femme, criminalise les accusations
d’apostasie, l’atteinte «au sacré» et les incitations à la haine et à la violence,
tout en interdisant l’instrumentalisation des mosquées à des fins politiques. Pour
autant les chantiers sont encore nombreux dans le pays, comme nous l’explique Kader
Abderahim, chercheur associé à l’IRIS, spécialiste du Maghreb :
Les députés
de la Tunisie ont donc approuvé à une écrasante majorité (200 voix pour, 4 voix contre),
dimanche, la nouvelle Constitution de leur pays. La semaine dernière, Yamina Thabet,
présidente de l'Association tunisienne de soutien aux minorités (ATSM), avait dénoncé
le projet d’article stipulant que seuls les musulmans pouvaient briguer la présidence
de la République. Une condition qu’elle avait jugée « discriminatoire ». En
plus, elle « s'oppose à la liberté de conscience, qui est désormais un acquis et
une liberté fondamentale », avait-elle fustigé.
Dans l’intégralité et la
version définitive de la nouvelle Constitution, ce passage incriminé a été supprimé.
Il est suivi de la mention: «Non débattu».
Neutralité des mosquées
La
nouvelle Constitution qui remplace celle de 1959, prévoit que « l’Etat est le garant
de la religion, de la liberté de conscience et de croyance et du libre exercice des
cultes. Il s’engage à garantir la neutralité des mosquées et des lieux de culte et
à les placer à l’abri de toute instrumentalisation partisane. L’Etat s’engage, également,
à diffuser les valeurs de modération et de tolérance et à protéger le sacré contre
toute atteinte. Il s’agit aussi de proscrire les accusations d’apostasie et d’incitations
à la violence et d’y faire face ».
D’autres articles contestés ont
été également retirés de la version définitive. Il s’agit, par exemple, de la référence
au Coran et à la Sunna (tradition) comme principales sources de la législation, et
de faire de l’islam seule «religion du peuple».
Le respect des droits
de l’homme, le droit d’asile, la présomption d’innocence, la liberté de rassemblement
et de manifestation pacifique, les droits de la femme, la protection de la famille,
«cellule fondamentale de la société», sont aussi garantis par la nouvelle Constitution.
( RV avec Apic/ibc)