La Centrafrique sera dirigée par une femme. Catherine Samba Panza a été élue par le
parlement centrafricain à la présidence. Elle a lancé un appel « vibrant » à déposer
les armes et reçu un soutien international appuyé, militaire et financier.
Maire
de la capitale Bangui depuis 2011, née le 26 juin 1954, décrite comme une battante
et ayant déjà une longue expérience politique, elle a été élue au second tour de scrutin
par le Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire). Elle succède à
Michel Djotodia, contraint à la démission le 10 janvier pour son incapacité à mettre
fin aux tueries interreligieuses, après avoir renversé en mars 2013 le régime de François
Bozizé.
Mme Samba Panza - en tête au premier tour auquel participait huit candidats
- a recueilli au second tour de scrutin 75 voix, devançant l'autre candidat, Désiré
Kolingba, fils d'un ancien chef de l'Etat (53 voix), selon les résultats lus dans
la salle et suivis d'applaudissements de l'assistance qui a entonné l'hymne national
centrafricain.
Vêtue d'un tailleur rose, elle a aussitôt pris la parole devant
les parlementaires pour lancer un « appel vibrant » à renoncer aux armes. « Je
lance un appel vibrant à mes enfants anti-balaka (miliciens chrétiens) qui m'écoutent.
Manifestez votre adhésion à ma nomination en donnant un signal fort de dépôt des armes
», a-t-elle déclaré, ajoutant: « à mes enfants ex-Séléka (combattants musulmans)
qui m'écoutent aussi, déposez vos armes ». « A compter de ce jour, je suis
la présidente de tous les Centrafricains sans exclusive », a-t-elle assuré : «
la priorité des priorités est de faire cesser la souffrance des populations, restaurer
la sécurité et l'autorité de l'Etat sur tout le territoire ».
Le président
français François Hollande, qui joue un rôle moteur dans la mobilisation de la communauté
internationale sur la crise en Centrafrique - ancienne colonie française - l'a fécilitée
dans la foulée de l'élection, lui assurant un mois et demi après le début de l'intervention
militaire française Sangaris, que « la France se tient à ses côtés dans cette tâche
difficile ».
Ce ne sera pas une partie de plaisir
Auparavant,
le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait appelé à une « action immédiate
et concertée » en Centrafrique, lors d'une session spéciale au Conseil des droits
de l'homme à Genève pour la création d'un poste d'expert indépendant sur ce pays.
A Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères ont approuvé le lancement
d'une opération militaire de l'Union européenne (UE) en Centrafrique, en appui aux
forces africaine et française, avec des soldats - leur nombre pourrait s'élever à
500 - qui seraient chargés d'aider à la sécurisation de Bangui, a-t-on indiqué de
source officielle.
Toujours à Bruxelles, les pays donateurs se sont engagés
à débloquer près de 500 millions de dollars pour la Centrafrique en 2014, ont indiqué
l'UE et l'ONU. Ils « se mobilisent totalement pour tenter de mettre fin à la grave
crise » humanitaire de la Centrafrique, qui « a été si longtemps oubliée »,
a déclaré la commissaire européenne à l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva. Malgré
ces promesses d'aide, pour le nouvel élu « ce ne sera pas une partie de plaisir
», avait rappelé à l'ouverture de la séance parlementaire la présidente en exercice
du CNT, Léa Kouyassoum Doumta, devant les huit candidats, six hommes et deux femmes.
Le
temps presse
Un mois et demi après le début le 5 décembre de l'opération
Sangaris, la situation sécuritaire dans la capitale, où la plupart des soldats français
sont stationnés, s'améliore progressivement malgré des explosions de violence localisées.
Mais dans un pays de plus de 600 000 km2, très pauvre malgré son potentiel minier
et agricole, un déploiement reste très compliqué dans les zones reculées et les témoignages
d'habitants et d'ONG décrivent une situation chaotique et largement hors de contrôle.
La
Croix-rouge internationale (CICR) et la Croix-rouge centrafricaine ont annoncé dimanche
la découverte d'au moins 50 corps depuis vendredi dans le nord-ouest du pays. A Boali
(90 km au nord-ouest de Bangui), des centaines de musulmans étaient réfugiés dimanche
dans la paroisse Saint-Pierre après des violences ayant fait sept morts depuis vendredi.
Outre la pacification, la nouvelle présidente doit également remettre une administration
totalement paralysée en état de marche et permettre aux centaines de milliers de déplacés
de rentrer chez eux pour régler une crise humanitaire qui affecte la moitié des quelques
4,6 millions de Centrafricains.
Elle dispose de peu de temps : selon le calendrier
de la transition, des élections générales doivent être organisées au plus tard au
premier semestre 2015, la France souhaitant pour sa part qu'elles se tiennent en 2014.
(AFP)
Photo : Catherine Samba Panza, la nouvelle présidente
de la République Centrafricaine