(RV) Entretien - La Marche pour la vie est organisée à Paris chaque année depuis
2005 par une quinzaine d'associations autour de la date anniversaire de la loi de
1975, qui a légalisé l'avortement en France. Cette année, cette Marche pour la vie
a toutefois eu une résonance particulière. Au lendemain du défilé, les députés français
ont entamé lundi 20 janvier l'examen du projet de loi pour l'égalité entre les hommes
et les femmes. Deux amendements pourraient banaliser le droit à l'interruption de
grossesse pour assouplir le recours à l’IVG. Selon l’AFP, les deux amendements
devraient être étudiés par les députés vendredi, le jour de la rencontre entre le
président François Hollande et le Pape François. Une coïncidence.
François
soutient la Marche pour la vie
Samedi, en amont de la marche, le Pape François
avait apporté son soutien aux manifestants. Le nonce apostolique en France, Mgr Luigi
Ventura, l’a indiqué dans un courrier adressé aux organisateurs. François y réaffirme
la nécessité de maintenir vive l’attention pour ce sujet si important. Dans son discours
au corps diplomatique, il avait déjà dit l’horreur que lui inspire l’avortement :
« la seule pensée que des enfants ne pourront jamais voir la lumière, victimes de
l'avortement, nous fait horreur », avait-il lancé.
Dimanche, la Marche pour
la Vie a rassemblé à Paris 45 000 personnes selon les organisateurs, 16 000 selon
la police. Elle a rencontré un certain intérêt médiatique. Virginie Mercier, porte-parole
de la Marche pour la vie, tient à s’appuyer sur cet écho médiatique pour remettre
la question de l’IVG au cœur des débats en France . Elle répond à Cyprien Viet
Le projet
de loi pour l'égalité entre les hommes et les femmes prévoit de nouvelles obligations
en matière d'information sur l'avortement et supprime toute référence à une situation
de « détresse » de la femme pour pouvoir recourir à l'IVG ; une dénégation du droit
à la vie inscrit dans le code civil.
Ce que prévoit la loi en cours d'examen
Le
premier amendement supprime la notion de « détresse » pour le remplacer par une expression
neutre : l’interruption volontaire de grossesse concerne désormais la femme « qui
ne veut pas poursuivre une grossesse ». Quant au second amendement, il élargit
le périmètre du délit d’entrave, qui existe depuis 1993. Non seulement le fait d’empêcher
ou de tenter d’empêcher un avortement sera réprimé, mais ce sera aussi le cas de toute
entrave à l’information sur ce droit. Les associations catholiques d’aide aux femmes
en détresse, qui leur proposent des alternatives à l’interruption volontaire de grossesse
risqueraient des peines allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.
L’analyse
politique de l'ancien Premier ministre François Fillon. Le député UMP a estimé que
le gouvernement commettait « une faute morale et politique » en voulant « réécrire
» la loi sur l'interruption de grossesse. « Faute morale, car il risque de "banaliser"
l’avortement qui, selon les termes de Simone Veil, devait rester l'"exception". Faute
politique, car il prend le risque de diviser, une fois encore, les Français ».
En
France, plus de 220 000 avortements sont pratiqués chaque année. L'IVG y est intégralement
remboursée depuis janvier 2013. Environ une Française sur trois a recours à un avortement
au cours de sa vie.
Le cas espagnol
Alors que les députés français
pourraient choisir de banaliser l’avortement, en Espagne, au contraire les parlementaires
débattent actuellement d’un durcissement des conditions d’accès à l’IVG. Ce pays était
dimanche à l’honneur dans le cortège parisien, aux couleurs rouge et or du drapeau
espagnol.
Photo : la Marche pour la vie le 19 janvier à Paris