L'égalité entre Tunisiennes et Tunisiens dans la Constitution, exception dans le monde
arabe
La Tunisie a approuvé le 06 janvier 2014, l'égalité "sans discrimination" des "citoyens
et citoyennes" dans sa future Constitution, un texte unique dans le monde arabe qui
s'ajoute à d'autres concessions des islamistes sous la pression de la société civile
et de l'opposition. "Tous les citoyens et les citoyennes ont les mêmes droits et
les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune", dispose
l'article 20 du projet de Constitution adopté par 159 voix sur 169 votants. Cette
formulation est le fruit d'un compromis entre les islamistes d'Ennahda, majoritaires
à l'assemblée, et l'opposition laïque.
Le militantisme des femmes tunisiennes
au cœur de l’adoption de cette loi
Pour le sociologue, Tarek Belhadj Mohamed
c'est face au militantisme des femmes tunisiennes et de la société civile, qu'ils
ont du faire des concessions. La Tunisie, sans consacrer l'égalité des sexes, est
depuis 1956 le pays arabe accordant le plus de droits aux femmes. L'article validé
lundi a néanmoins été critiqué par des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty, qui
jugent la formule "citoyens et citoyennes" trop réductrice. La Constitution devrait
préciser que les hommes et les femmes sont égaux et ont droit à la pleine égalité
en droit et en fait, relevaient vendredi ces organisations. Elles souhaitent aussi
que la non-discrimination soit élargie aux raisons de "race, de couleur, de sexe,
de langue, de religion, d'opinion politique ou autre". Néanmoins, les militantes
féministes, se sont félicitées de l'adoption de l'article 20. "C'était notre revendication
et c'est une victoire", a dit Ahlem Belhaj, l'ex-présidente de l'Association tunisienne
des femmes démocrates.
Le combat des femmes tunisiennes doit se poursuivre
Auparavant,
Ennahda avait fait scandale durant l'été 2012 en annonçant vouloir introduire le concept
de "complémentarité" homme-femme. Confronté à une levée de boucliers, le parti a finalement
renoncé à ce projet. Les islamistes ont aussi accepté au fil des mois de renoncer
à inscrire l'islam comme source de droit et à punir les "atteintes au sacré". Ils
ont aussi voté dimanche, sous la pression de l'opposition laïque, l'interdiction des
"accusations d'apostasie", un élu ayant affirmé avoir été menacé après avoir été qualifié
d'ennemi de l'islam, alors que deux opposants ont été assassinés en 2013 par la mouvance
jihadiste. "On peut dire que Ennahda a montré qu'elle était un mouvement modéré,
mais on peut aussi dire qu'elle n'avait pas le choix car la société tunisienne est
moderne et progressiste", relève Sami Brahem, chercheur en civilisations islamiques.