2014-01-16 19:45:38

Le Vatican ne fait pas obstacle à la justice dans les affaires d'abus sexuels sur mineurs


(RV) Entretien - Le Vatican a affirmé jeudi ne pas avoir fait obstacle aux enquêtes judiciaires dans les affaires d'abus sexuels sur mineurs, lors d'une audition par le Comité pour les droits de l'enfant de l'ONU, à Genève. Mgr Silvano Tomasi et Mgr Charles Scicluna, ancien procureur jusqu'à l'an dernier au Vatican sur ces dossiers, ont répondu aux questions des experts.

L'observateur permanent du Saint-Siège auprès de l'ONU, Mgr Tomasi, a commenté l'accusation centrale portée contre le Saint-Siège par les associations d'anciennes victimes : celle d' « avoir fait obstacle au cours de la justice » contre les prêtres coupables. « Elle me semble être un peu privée de fondement (...) Le Saint-Siège soutient le droit et le devoir de chaque pays à juger les crimes contre les mineurs. La critique assurant qu'il cherche à interférer, à faire obstacle, ne tient pas. Au contraire, on veut qu'il y ait transparence et que la justice suive son cours », a affirmé le prélat.

Hélène Destombes a joint Mgr Tomasi jeudi soir, au terme de la session du comité. Il revient sur les propos tenus par la délégation du Saint-Siège et sur les conclusions du Comité pour les droits de l'enfant de l'ONU RealAudioMP3

Egalement sur Radio Vatican, le père Federico Lombardi, le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, a expliqué les limites des compétences du Saint-Siège en vertu de la Convention entrée en vigueur en 1990. Si le Saint-Siège est bien partie à la convention, « l'Église catholique, en tant que communauté de fidèles catholiques dispersés dans le monde, n'en est en aucune façon partie, et ses membres sont soumis aux législations des Etats dans lesquels ils vivent et opèrent ».

« Il n'est pas rare, a remarqué le porte-parole du Vatican, que les demandes, quand elles se réfèrent à la problématique des violences sexuelles, semblent présupposer que les évêques et supérieurs religieux agissent comme représentants ou comme délégués du Pape, ce qui est privé de tout fondement ». « Les violences sexuelles en Irlande ou celles commises au sein du mouvement des Légionnaires du Christ ont été des cas pour lesquels les pays où elles se sont produites sont compétents juridiquement », a-t-il ajouté à titre d'exemple.

Selon le père Lombardi, « le droit canon propre à l'Église catholique est bien distinct des lois civiles des Etats ». « Le Saint-Siège n'est donc pas tenu, en vertu de la convention, à répondre aux demandes d'informations relatives à des enquêtes effectuées sur la base du droit canon ».
Il justifie ainsi le refus du Saint-Siège de répondre au questionnaire que lui avait adressé en juillet le comité sur quelque 4000 enquêtes ecclésiastiques que les diocèses ont fait remonter depuis des années à la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Retranscription entretien avec Mgr Tomasi

Pour le Saint-Siège, l’occasion a été positive parce qu’on a eu la chance d’affirmer à nouveau la valeur et les idéaux de la Convention et de dire exactement la position du Saint-Siège qui, quelquefois, n’est pas bien perçue par les médias ou par des ONG qui ont des intérêts partisans. On a dit qu’on est d’abord dans la position de demander de la transparence, le cour de la justice, de soutenir surtout le droit des enfants et des mineurs en général qui ont subi des viols de la part des prêtres ou d’autres personnels d’ Église. Et de cette manière, on a entamé un dialogue efficace, très actif avec les comités. Ce dialogue s’est conclu ce soir de manière très positive.

Quels ont été les conclusions du Comité des droits de l’enfant des Nations-Unies concernant le Saint-Siège ?
Les conclusions ont été d’encourager les chemins entrepris. Il savaient bien qu’on ne pouvait pas donner toutes les réponses aux questions qu’ils ont posées mais ils attendent que nous continuons le dialogue avec le comité. Ils ont beaucoup apprécié tout le travail, toutes les initiatives qu’on a déjà prises du point de vue canonique ou légal dans l’État du Vatican. Et je pense qu’on va construire sur les rapports qu’on a présentés et sur lesquels le comité n’a fait aucune observation négative.

Vous avez donc pu rappeler que le Vatican ne faisait en aucun cas obstacle à la justice dans les affaires d’abus sexuels sur les mineurs. Vous avez également pu présenter les mesures de lutte contre la pédophilie ?
On a dit que la responsabilité des autorités nationales reste intacte et qu’ils doivent poursuivre légalement dans les tribunaux les crimes contre les enfants, même les crimes commis par des prêtres. C’est une prise de position très claire et en même temps, on a présenté les différentes initiatives comme le changement de la loi de l’État du Vatican, la loi pénale, pour inclure les crimes contre les enfants et pour la nouvelle commission que le Pape François a instituée, annoncée et qui devrait protéger les mineurs. On a parlé de tout cela et même des initiatives que les Églises locales ont prises au niveau des conférences épiscopales ou des diocèses.

Votre intervention a donc été bien accueillie par le comité des droits de l’enfant des Nations-Unies, ce jeudi à Genève?

L’intervention a été bien acceptée comme un signe de la volonté de dialoguer ; une ouverture à discuter sans réserve. Tous les membres du comité ont posé une variété énorme de questions : Comment les institutions d’Église se comportent envers les enfants ? Quelle compensation il y a-t-il pour les victimes ? Quelle assistance psychologique offre-t-on ? Et surtout, je crois, la peur que le Saint-Siège aurait pu occulter ou défendre les institutions ecclésiales plutôt que de défendre les enfants. Cette peur s’est complètement dissipée.



Photo: Mgr Tomasi, à gauche, et Mgr Scicluna à droite, ancien "promoteur de justice" (procureur) du Vatican sur les dossiers d'abus sexuels







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