La droite suisse pour limiter « l’immigration massive », Caritas s’y oppose
(RV) Caritas a rejeté cette semaine l’initiative contre l’immigration massive en Suisse,
proposée par le parti conservateur, l’Union démocratique du centre (UDC). Selon l’organisation
caritative catholique, le texte sur lequel les Suisses devront se prononcer le 9 février
« tente d’opposer entre elles la libre circulation des personnes et la politique
d’asile » du pays. « Si l’initiative était acceptée, poursuit le communiqué,
il faudrait s’attendre à des durcissements insoutenables du droit d’asile qui bafoueraient
les obligations internationales [de la Suisse nldr] dans ce domaine ».
L’initiative
populaire – un texte proposé par un citoyen suisse ou par un parti pour être soumis
au vote national – du parti le plus à droite du gouvernement suisse veut limiter l’immigration
par « des plafonds annuels et des contingents pour tous les types d’autorisations
de séjour dans le droit des étrangers », englobant ainsi aussi la libre circulation
des personnes, le domaine de l’asile et les frontaliers. L’UDC veut que les étrangers
n’aient pas « de droit établi à un séjour durable, au regroupement familial et
à des prestations sociales complètes ». L’un des buts affichés sur le site du
parti : que « les Suissesses et les Suisses en quête d’un emploi » aient «
la priorité ». Les intérêts économiques devraient aussi être considérés en priorité
lors de la fixation des contingents.
Le nombre de demandes d’asile dépend
fortement des crises politiques dans le monde et est donc difficilement prévisible.
« Si les chiffres de l’asile sont revus à la baisse, la Suisse ne sera plus en
mesure de respecter ses engagements internationaux », prévient la Caritas suisse,
qui se demande : « doit-elle extrader ou expulser des réfugiés dans des États où
ils sont poursuivis ? L’octroi du regroupement familial, qui est traité de manière
très restrictive déjà actuellement, doit-il être encore durci, ce qui représenterait
une violation de la Convention européenne des droits de l’homme ? »
Les
contingents sont une mauvaise mesure pour la politique d’asile, conclut l’organisation.
« La libre circulation des personnes et la politique d’asile sont opposées l’une
à l’autre. Les droits fondamentaux des requérants d’asile ne seraient ainsi pas respectés
et continueraient d’être affaiblis, et le climat général continuerait de se détériorer
», regrette enfin Caritas. Selon un récent sondage, le texte serait rejeté par
55% des votants, contre 37% en faveur du oui. (RV avec Agences)
Photo
: la ministre suisse de la Justice, Simonetta Sommaruga (Parti socialiste), s'oppose
au texte de l'Union démocratique du centre