Depuis le Vatican, un appel au cessez-le-feu en Syrie
(RV) Peut-on rester indifférent face à la crise syrienne ? La question a été posée
lundi lors d’une conférence au sein de l’Académie pontificale des sciences, réunissant
de nombreux experts internationaux au Vatican. A près d'une semaine de la conférence
de paix en Suisse - hasard du calendrier - ses participants ont répondu en appelant
à cesser immédiatement les violences, à entamer la reconstruction du pays, et à amorcer
le dialogue entre les différentes communautés.
Les travaux menés à huit-clos
ont été ouverts par le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux,
le cardinal Jean-Louis Tauran. Il revient au micro d'Hélène Destombes sur le sens
de cette rencontre voulue par le Pape François et sur ses conclusions :
Les groupes
de réflexion se sont aussi intéressés à la conférence internationale de paix dite
de Genève-2, ainsi que les espoirs qu’elle suscite. Celle-ci permettrait « au peuple
de Syrie, à la région et au monde de concevoir une nouveau départ pour mettre un terme
aux violences qui ont pris plus de 130 000 vies et laissé un beau pays brisé et en
ruines », selon un communiqué de presse du Conseil pontifical, publié mardi matin.
Il faut alors « tous travailler en harmonie et avoir confiance pour tracer un chemin
vers la réconciliation et la reconstruction ».
Les participants à cette
journée de travail ont identifié plusieurs étapes. La première et la plus urgente
est celle d’un cessez-le-feu, la fin de toute violence, une fin « sans conditions
politiques préalables » : « tous les combattants doivent déposer les armes
; les puissances étrangères doivent prendre des mesures pour arrêter l’afflux d’armes
et de ses financements qui nourrissent l’escalade de la violence et de la destruction.
» Cesser les combats est un impératif humanitaire, affirme le communiqué, qui
représente le premier pas vers la réconciliation.
Les jeunes et les pauvres,
au cœur de la reconstruction syrienne
La fin des violences « doit donc
être accompagnée par l’envoi immédiat d’assistance humanitaire ». Les participants
à la conférence s’inquiètent en effet du sort des millions de réfugiés Syriens : ils
« pâtissent de privations extrêmes et potentiellement mortelles en terme d’alimentation,
d’hygiène, d’électricité, de télécommunication, de transports, et d’autres besoins
humains fondamentaux ». Selon les experts, il faut faire en sorte que « la
Syrie puisse entreprendre, avec le soutien financier et humain mondial, un parcours
de reconstruction, qu’elle puisse commencer avant même que soient résolues toutes
les questions politiques et sociales », affirme encore le communiqué. Dans cette
reconstruction, les acteurs réunis au Vatican ont mis l’accent sur les jeunes et les
pauvres, qui doivent avoir un rôle privilégié, « avec l’accès au travail et à une
formation qui leur donne les compétences vitales pour la reconstruction » du pays.
Le Saint-Siège soutient toutes religions et toutes les communautés en Syrie,
dans l’espoir d’une nouvelle compréhension et de la restauration de la confiance,
après des années de violences entre les communautés. Pour cela, le dialogue doit viser
« des besoins urgents de reconstruction spirituelle et communautaire » plaident
les participants à la conférence.
La prochaine étape immédiate de la diplomatie
internationale est la conférence Genève-2, qui débutera le 22 janvier, dans un premier
temps à Montreux, également en Suisse, avant de se terminer au bout du lac Léman.
Une conférence « pour jeter les bases pour la paix dans la région ». Elle «
doit garantir la participation exclusive de toutes les parties en conflit, à l’intérieur
de la région comme en dehors ». Des bases qui doivent aussi passer par de nouvelles
formes politiques « pour garantir la représentation, la participation, la réforme,
la possibilité de s’exprimer et la sécurité pour tous les groupes sociaux ». Une
transformation politique interne est donc « nécessaire », pas tant uniquement
pour viser la fin des violences, mais pour la « reconstruction de la confiance
».
Photo : l'arrivée de nouveaux réfugiés syriens en Jordanie,
en décembre dernier