Le Pape aux ambassadeurs : La fermeture sur soi, principale cause des malheurs humains
Du Proche-Orient à l’Afrique, en passant par l’environnement, sans oublier l’Asie,
la famille et les migrants, le Pape François a balayé les principaux thèmes qui ont
marqué ou qui marquent la vie politique internationale. Dans le traditionnel discours
aux ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, adressé ce lundi matin dans la Sala
Regia du palais apostolique au Vatican, le Pape a exprimé ses espoirs et ses craintes
en ce début d’année.
L’égoïsme à l’origine du désespoir des population et
des conflits
« Que de souffrances, que de désespoir à cause de la fermeture
sur soi-même, qui prend peu à peu le visage de l’envie, de l’égoïsme, de la rivalité,
de la soif de pouvoir et d’argent ! », s’est notamment exclamé le Pape François. De
là naissent les conflits qui ensanglantent la planète parfois depuis des années. A
commencer par celui qui préoccupe le plus le Saint-Père : la Syrie.
Le calendrier
international pousse à l’optimisme concernant la Syrie. Après la prière, « il faut
maintenant une volonté politique commune renouvelée pour mettre fin au conflit ».
Le Pape est clair, il veut que Genève 2 « marque le début du chemin désiré de pacification
». Sans oublier que le « respect du droit humanitaire est incontournable » pour venir
en aide à une population durement éprouvée depuis trois ans. Les inquiétudes du Pape
s’étendent à tout le Proche-Orient, notamment le Liban « où un climat de collaboration
renouvelée entre les différentes instances de la société civile et les forces politiques
est plus que jamais indispensable pour éviter l’aggravation de divergences qui peuvent
miner la stabilité du pays. »
Le dialogue est l'unique voie pour résoudre
les problèmes
Quelque soit la région concernée, « la voie diplomatique
du dialogue » reste la « voie pour résoudre » les problèmes. Dialogue qui porte à
témoigner. C’est d’ailleurs ce que demande le Pape aux chrétiens en Afrique, où «
la réconciliation et la paix sont des priorités fondamentales » : « il ne faut jamais
renoncer à faire le bien, même quand c’est difficile et quand on subit des actes d’intolérance,
ou même de vraie persécution. » Dans cette perspective, l’Asie peut être un exemple,
l’Asie qui a « une longue histoire de cohabitation pacifique entre ses diverses composantes
civiles, ethniques et religieuses ». Même s’il existe des « signes préoccupants »
d’affaiblissement de ce respect réciproque qui « tendent à priver les chrétiens de
leurs libertés et à mettre en danger la cohabitation civile ».
Non à l'avortement
et à la culture du rebus
Plus globalement, le Pape a mis en garde une fois
de plus sur la culture du déchet qu’il a déjà dénoncée : « ce ne sont pas seulement
la nourriture ou les biens superflus qui sont objets de déchets mais souvent les êtres
humains eux-mêmes ». Que ce soit l’avortement, les enfants soldats, ou la traite humaine,
il faut combattre ces « crimes contre l’humanité ».
Le Pape François est longuement
revenu sur la République centrafricaine. Il a appelé la communauté internationale
à contribuer « à faire cesser les violences, à rétablir l’état de droit et à garantir
l’accès des aides humanitaires, même dans les zones les plus reculées du pays. Pour
sa part, l’Église catholique continuera d’assurer sa présence et sa collaboration,
en se dévouant avec générosité pour fournir toute l’aide possible à la population,
et surtout pour reconstruire un climat de réconciliation et de paix entre toutes les
composantes de la société ».
Les migrants et la planète, au cœur du Pape
Les
migrants n’ont pas été oubliés dans ce long discours. Le Pape a rappelé sa visite
à Lampedusa, regrettant qu’il y ait « une indifférence générale devant de semblables
tragédies, signe dramatique de la perte du “sens de la responsabilité fraternelle”,
sur lequel est basé toute société civile ». Il a également évoqué « le drame des multitudes
contraintes à fuir la famine ou les violences et les abus ».
Le Pape a enfin
parlé d’une « autre blessure à la paix qui vient de l’exploitation avide des ressources
environnementales ». « Il est fait appel à la responsabilité de chacun pour que, dans
un esprit fraternel, des politiques respectueuses de notre terre qui est la maison
de chacun d’entre nous soient poursuivies ».