Vivre le chapitre général sous la direction de l'Esprit Saint
(RV) Le mercredi 8 janvier, le cardinal Velasio De Paolis, délégué pontifical pour
la Légion du Christ et le mouvement Regnum Christi, a présidé la concélébration eucharistique
d’ouverture du chapitre général extraordinaire des Légionnaires du Christ à Rome,
avec les 61 prêtres délégués au chapitre et les autres prêtres de la congrégation
présents à Rome. Les frères séminaristes et des membres consacrés et laïcs du mouvement
Regnum Christi ont participé à la célébration.
Ecoutez Jean-Baptiste Cocagne
:
Le Cardinal
Velasio De Paolis a prononcé une homélie dont voici le texte intégral :
Nous
célébrons la Sainte Messe de l’Esprit Saint pour l’ouverture du Chapitre Général Extraordinaire
auquel nous nous préparons depuis près de trois ans et demi, par mandat spécial du
Saint-Père Benoît XVI. Il s’agit d’un événement de foi, que nous ne pouvons vivre
que sous la direction de l’Esprit Saint. Le Chapitre se situe à la fin d’un long chemin
tracé par le Saint-Père lui-même ; on ne peut donc le comprendre qu’à la lumière du
chemin parcouru. Les deux événements sont en lien étroits : la préparation a eu pour
but le Chapitre, avec les engagements spécifiques qu’il comporte, à savoir, la nomination
du nouveau gouvernement de la congrégation et l’approbation des constitutions, revues
profondément, avec l’engagement de tous, par la congrégation des Légionnaires.
Il
a été souligné à plusieurs reprises que la révision des constitutions ne pouvait pas
être considérée comme un travail purement technique, mais qu’elle devait être accompagnée
d’un chemin d’examen de vie, de révision et de renouveau spirituel de l’institut.
C’est justement le chemin de préparation que nous avons porté à son terme.
Les
nouvelles constitutions exprimeront une vocation commune, un idéal de sainteté
Cette
célébration eucharistique est en vue du Chapitre qui s’ouvre : elle est une invocation
à l’Esprit de Dieu pour qu’il illumine les cœurs, qu’il donne la confiance, la grâce
et la force ; qu’il réconcilie nos cœurs avec Dieu et entre nous et qu’il nous unisse
dans l’amour pour Dieu, l’Église et la Congrégation. Nous désirons que se renouvelle
le miracle de la Pentecôte, le miracle des langues qu’on aurait dites de feu. Alors
que chacun de nous parle sa propre langue, exprime ses propres idées et ses propres
convictions, sous la lumière de l’Esprit et sous sa force, il est appelé à comprendre
la langue de l’autre, qui est aussi mu par le même amour, l’Esprit Saint. Nous sommes
accompagnés par le miracle de l’unité des langues et de l’amour, à l’intérieur de
la richesse de la pluralité des langues et des idées. Les constitutions que vous vous
donnerez ne seront donc pas un simple code de lois pour ne vous unir qu’à travers
une règle de vie extérieure ; ce sera un texte qui exprime une vocation commune, un
idéal commun, une mission commune, un parcours commun de sainteté ; ce sera l’impulsion
d’un élan commun vers la réalisation du projet de Dieu sur la congrégation et sur
chacun de vous, pour la gloire de Dieu, le service à l’Église et à la Légion. Le cœur
des constitutions est le charisme ou le patrimoine spirituel de l’Institut. Le Pape
a indiqué que l’objectif principal du chemin parcours et du Chapitre devait être la
révision et l’approbation des constitutions et il a aussi souligné que, dans ce travail,
il fallait approfondir le charisme même de l’institut. En effet, les constitutions
doivent contenir la vocation elle-même et l’identité de l’institut (charisme ou patrimoine
spirituel) et les normes fondamentales pour protéger, promouvoir et développer ce
charisme. C’est le souci que nous avons porté dans la rédaction du texte et que le
Chapitre doit garder dans l’approbation du nouveau texte qu’il faudra soumettre au
Saint-Père.
Il nous faut un coeur nouveau, après une histoire douloureuse
Mais
si l’objectif principal du Chapitre est l’approbation des constitutions, non moins
importante est la nomination du gouvernement de l’institut. Les supérieurs ont en
effet pour mission première de garder et promouvoir le charisme même de l’institut
; le charisme est vraiment garanti par le service de l’autorité, exercée dans l’esprit
évangélique et dans la fidélité aux normes de l’Église. C’est un point auquel on doit
toujours porter une attention spéciale. Surtout pour vous, qui avez sur ce point une
histoire douloureuse, qu’il est important de ne pas oublier. C’est un sujet sur lequel
le nouveau texte constitutionnel a été attentif et vigilant. Néanmoins, on sait que
les lois bien faites sont importantes, mais qu’elles ne suffisent pas, si elles ne
sont pas accompagnées d’un esprit nouveau. Et c’est cet esprit nouveau que vous êtes
appelés à cultiver et à faire grandir en vous quand vous serez appelés à vous donner
les nouveaux supérieurs. Il faut vraiment avoir un cœur nouveau, de la part de ceux
qui voteront et de la part de ceux qui seront élus. Pour ce qui dépend de vous, ayez
à l’esprit seulement Dieu et le bien de l’Église et de la Légion et choisissez ceux
que vous considérez les plus dignes et aptes pour le ministère de l’autorité. Il est
donc nécessaire de libérer le cœur des ressentiments et jalousies ; libérer la mémoire
pour ne pas se sentir lourds des souvenirs qui font souffrir et aveuglent.
Vous
vous préparez à cet événement, de fait, après un long chemin, qui n’a pas été exempt
de souffrances, mais qui inspire aujourd’hui une certaine sérénité et confiance. Nous
devons en rendre grâce au Seigneur. Ce même Seigneur qui a accompli cette œuvre en
vous en est le garant et il vous accompagnera aussi sur le chemin ultérieur que vous
êtes appelés à parcourir. Ce que le Seigneur a fait pendant ce temps de préparation
est comme la mémoire à laquelle vous êtes appelés à revenir, pour retrouver la confiance,
la sérénité et l’espérance : espérance dans le Seigneur qui a conservé votre vocation
; dans la Légion qui, en vous, se présente à ce chapitre avec des forces nouvelles
et des horizons nouveaux ; dans l’Église qui vous a accompagnés, surtout par le Pape
Benoît XVI qui, dans le moment peut-être le plus tragique de votre histoire, a eu
confiance en vous et a cru en votre capacité de renouveau et de fidélité au Seigneur
; et par le Souverain Pontife actuel, le Pape François, qui a voulu être présent en
ce moment important de votre histoire. C’est aussi le moment de dire merci à tous
ceux qui ont porté avec moi les efforts de l’accompagnement au nom de l’Église, particulièrement
mes conseillers, S.E. Mgr Brian Farrell, le P. Gianfranco Ghirlanda, le P. Agostino
Montan et Mgr Mario Marchesi.
Nous sommes à la premier étape d'une
nouvelle Légion
En conclusion, je suis heureux de me rappeler ce
que j’ai eu l’occasion de vous dire au début de ma mission. Dans ma première homélie,
m’adressant à tous, justement depuis cet autel, j’exprimais ma conscience de la difficulté
vocationnelle dans laquelle vous pouviez vous trouver. Je vous invitais à la confiance
et à la fidélité ; à attendre que reviennent la lumière et la paix avant de décider.
Dans la première lettre que je vous adressais, je vous exprimais aussi ma confiance
sur l’issue positive du chemin que nous étions appelés à parcourir ensemble, en soulignant
particulièrement votre fidélité et obéissance à l’Église, comme garantie de succès.
L’immense majorité est restée fidèle à sa vocation de légionnaire. En particulier,
vous l’avez été, vous qui aujourd’hui êtes réunis pour le Chapitre et qui voulez marquer
la première étape de la nouvelle Légion, avec la nomination des nouveaux supérieurs
et l’approbation du nouveau texte auquel vous êtes appelés à conformer votre vie.
La souffrance, comme une purification
Je crois
que vous êtes heureux d’avoir confirmé votre « oui » au Seigneur. Vous avez beaucoup
souffert, à l’intérieur et à l’extérieur. Vous avez souffert la honte d’être accusés,
regardés avec soupçon et exposés à l’opinion publique, même à l’intérieur de l’Église.
Vous avez su accepter cette souffrance par amour de votre vocation, par amour de l’Église
et de la Légion. La souffrance vous a purifiés, vous a fait mûrir, vous a fait faire
l’expérience de la grâce du Seigneur et de son amour, lui qui vous a appelés à participer
au mystère de la rédemption par la croix et la souffrance. Vous avez participé à la
douleur de ceux qui ont souffert à cause de certains membres de la Légion. Vous avez
choisi la seule manière que l’Evangile connaît pour la rédemption du mal : non pas
la fuite, non pas le refus, non pas la condamnation des autres, mais la participation,
la solidarité, l’amour qui entre dans le péché et dans la souffrance eux-mêmes pour
les sauver de l’intérieur. Vous êtes aujourd’hui heureux de participer à cette liturgie
de l’Eucharistie, associés au mystère du Christ qui offre sa propre vie par amour.
Et vous voulez, dans l’offrande du Christ, renouveler l’offrande de votre vie.
Nous
pouvons conclure avec une citation tirée de la lettre aux Hébreux sur le sacrifice
rédempteur de notre Seigneur Jésus-Christ, qui a offert le sacrifice unique et parfait
: « Le sang du Christ, lui, fait bien davantage : poussé par l'Esprit éternel, Jésus
s'est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tache ; et son sang purifiera
notre conscience des actes qui mènent à la mort pour que nous puissions célébrer le
culte du Dieu vivant » (Lettre aux Hébreux 9,14). C’est le même Esprit éternel qui
a poussé vos cœurs à faire l’offrande de votre vie pour coopérer au sacrifice rédempteur
du Christ pour le salut de votre Congrégation. Que ce même Esprit agisse toujours
dans votre cœur. Le même Esprit, toujours prêt à essuyer les larmes de votre cœur
et à les transformer en des perles précieuses aux yeux de Dieu.
Rome,
le 8 janvier 2014 Velasio Card. De Paolis, c.s.
Photo : les prélats assistent
à la messe célébrée le 8 janvier par le cardinal Velasio de Paolis à Rome