(RV) Entretien - Le chapitre général extraordinaire des Légionnaires du Christ
s'est ouvert mercredi soir à Rome. Sous la responsabilité du délégué pontifical, le
cardinal Velasio de Paolis, les 61 prêtres délégués procèderont durant les trois prochaines
semaines à la rédaction des nouvelles Constitutions et devraient élire une nouvelle
direction à la fin du mois.
Quatre ans après les révélations sur la vie dissolue
du Père Maciel, le fondateur mexicain de la congrégation, les légionnaires du Christ
espèrent que la « refondation canonique » attendue leur permettra de retrouver autonomie
et crédibilité.
Le père Thomas Brenti, assistant du provincial pour l’Europe
occidentale, nous dit quelles sont les attentes de sa communauté à l’ouverture
de ce chapitre général extraordinaire. Un entretien signé Cyprien Viet
C’est
un moment qu’on attend vraiment avec beaucoup d’impatience parce que c’est vrai qu’on
l’a préparé maintenant depuis trois ans et demi. Les maisons se sont retrouvées très
régulièrement pour tout revisiter en fait dans notre règle de vie. On se revoyait
tous les mois avec un moment de prière, un moment d’étude avec évidemment une énorme
réflexion très profonde pour chacun sur ce que les révélations qui ont concerné le
fondateur ont pu signifier. Et je pense que pour la plupart d’entre nous, ça a voulu
dire de vraiment se recentrer sur la personne de Jésus, de situer notre regard sur
Jésus et se dire que c’est pour lui finalement qu’on est là et ce n’est pas pour un
fondateur, pas pour une personne, c’est pour le Christ. Je pense que, dans un sens,
c’était une purification et donc, on est un peu au bout du chemin et on regarde le
futur plein d’attentes pour la suite, pour un nouveau départ de la communauté. La
grande majorité des membres de la communauté attend aussi que le chapitre se prononce
ou se reprononce sur la manière dont on se situe par rapport au fondateur. Je suppose
qu’il y aura un peu un renouvellement d’une demande de pardon de la part de la congrégation
pour les victimes directes du fondateur. Bien sûr, on a tous soufferts de ce qui a
été vécu ces dernières années. Quand on est rentrés, on ne s’imaginait pas du tout
que des choses comme cela avaient pu se passer. Je parle de ma génération mais je
pense que les plus vieux aussi.
Quel est justement aujourd’hui le regard
porté sur la personnalité, sur l’œuvre du Père Maciel. Est-ce que vous considérez
qu’il y a du bon et du mauvais dans son œuvre, dans sa personnalité ou est-ce qu’aujourd’hui,
tout ce qu’il a fait est en quelque sorte enfui ou censuré ? Dire que tout
ce qu’il a fait est enfui, ce serait un peu mentir puisque la congrégation a été fondée
par lui et elle subsiste encore. Par contre, on a évidemment voulu tout remettre en
question pour que tout ce que l’on vit, cela puisse être vraiment dans la tradition
de l’Église et puis voir ce qui dans notre mode de vie a pu justement être modifié,
altéré par la personnalité du fondateur. Donc, c’est vrai que les grands thèmes sur
lesquels on a réfléchit sont : la liberté intérieure, la confiance que l’on peut
avoir les uns envers les autres, une charité très authentique. Dans l’exercice de
l’autorité, c’est une responsabilité mutuelle pour que la responsabilité ne soit pas
juste du coté des supérieurs mais que chacun se sente partie prenante dans la vie
de la communauté.
Quelle a été la méthodologie employée ? Comment les communautés
ont travaillé depuis les visites apostoliques et la nomination du délégué pontifical
? On a relu ce qu’on appelle « les constitutions », c’est la règle de vie.
Tous les ordres religieux ont des constitutions depuis Saint Benoît. Une des choses
que, le délégué pontifical, le cardinal de Paolis a demandé c’est « vous n’êtes pas
obligé de tout mettre par écrit et en fait, toutes les normes de vie n’ont pas la
même importance. Donc, le fait que vous viviez et que vous professiez les vœux de
pauvreté, chasteté et obéissance, c’est quelque chose de très encré dans la tradition
de l’Église. Après, le fait que vous vous leviez à 5h15 ou à 5h25, ça, chaque maison
peut le décider. Ce n’est pas la peine de l’écrire dans les constitutions ». Donc,
ça, c’est une première chose qu’il a demandé de faire : de savoir distinguer entre
ce qui est essentiel et ce qui est secondaire. Donc, ce qu’on a fait, c’est qu’on
a pris les constitutions qui existaient, qui ont été approuvées par Jean-Paul II en
1983 et on a vraiment relu les règles dans leur intégralité. C’est pour cela que ça
nous a quand même pris assez longtemps. On se retrouvait en maisons, donc en petits
groupes d’une quinzaine de frères : chacun faisait part de ses réflexions, de ses
suggestions, de ce qu’il pensait qu’on devait changer, de ce qu’on devait amélioré,
etc.…Et puis, on faisait remonter cela au niveau provincial et ensuite la commission
provinciale faisait remonter cela à Rome et à Rome, la commission centrale l’étudiait.
Il y a eu plusieurs allers- retours jusqu’à maintenant.
Qu’est-ce que vous
répondez aux anciens qui accusent la légion de ne se lancer que dans un simple toilettage
aujourd’hui et non pas une vrai refondation ? Ce ne sont pas tous les anciens
qui disent cela. Je pense que justement, ils nous mettent au défi et ils nous disent
« si vous voulez être authentiques, il faut faire une vraie réflexion ». Donc, on
leur dit merci de nous mettre au défi et on espère que ce chapitre général et d’ailleurs
tout ce qui a précédé-que ces trois ans et demie de réflexion vraiment profonde et
d’examen de conscience, de prière- que cette histoire n’aura pas été en vain, que
ça aura été une vraie réforme. Je pense et j’espère que la réforme et la conversion
ne vont pas s’arrêter là. J’espère qu’on va continuer chacun personnellement mais
aussi comme institution à se convertir constamment pendant ce chapitre général mais
aussi après le chapitre général.