2014-01-08 17:48:33

Le renouveau des Légionnaires du Christ


(RV) Entretien - Le chapitre général extraordinaire des Légionnaires du Christ s'est ouvert mercredi soir à Rome. Sous la responsabilité du délégué pontifical, le cardinal Velasio de Paolis, les 61 prêtres délégués procèderont durant les trois prochaines semaines à la rédaction des nouvelles Constitutions et devraient élire une nouvelle direction à la fin du mois.

Quatre ans après les révélations sur la vie dissolue du Père Maciel, le fondateur mexicain de la congrégation, les légionnaires du Christ espèrent que la « refondation canonique » attendue leur permettra de retrouver autonomie et crédibilité.

Le père Thomas Brenti, assistant du provincial pour l’Europe occidentale, nous dit quelles sont les attentes de sa communauté à l’ouverture de ce chapitre général extraordinaire. Un entretien signé Cyprien Viet RealAudioMP3


C’est un moment qu’on attend vraiment avec beaucoup d’impatience parce que c’est vrai qu’on l’a préparé maintenant depuis trois ans et demi. Les maisons se sont retrouvées très régulièrement pour tout revisiter en fait dans notre règle de vie. On se revoyait tous les mois avec un moment de prière, un moment d’étude avec évidemment une énorme réflexion très profonde pour chacun sur ce que les révélations qui ont concerné le fondateur ont pu signifier. Et je pense que pour la plupart d’entre nous, ça a voulu dire de vraiment se recentrer sur la personne de Jésus, de situer notre regard sur Jésus et se dire que c’est pour lui finalement qu’on est là et ce n’est pas pour un fondateur, pas pour une personne, c’est pour le Christ. Je pense que, dans un sens, c’était une purification et donc, on est un peu au bout du chemin et on regarde le futur plein d’attentes pour la suite, pour un nouveau départ de la communauté. La grande majorité des membres de la communauté attend aussi que le chapitre se prononce ou se reprononce sur la manière dont on se situe par rapport au fondateur. Je suppose qu’il y aura un peu un renouvellement d’une demande de pardon de la part de la congrégation pour les victimes directes du fondateur. Bien sûr, on a tous soufferts de ce qui a été vécu ces dernières années. Quand on est rentrés, on ne s’imaginait pas du tout que des choses comme cela avaient pu se passer. Je parle de ma génération mais je pense que les plus vieux aussi.

Quel est justement aujourd’hui le regard porté sur la personnalité, sur l’œuvre du Père Maciel. Est-ce que vous considérez qu’il y a du bon et du mauvais dans son œuvre, dans sa personnalité ou est-ce qu’aujourd’hui, tout ce qu’il a fait est en quelque sorte enfui ou censuré ?
Dire que tout ce qu’il a fait est enfui, ce serait un peu mentir puisque la congrégation a été fondée par lui et elle subsiste encore. Par contre, on a évidemment voulu tout remettre en question pour que tout ce que l’on vit, cela puisse être vraiment dans la tradition de l’Église et puis voir ce qui dans notre mode de vie a pu justement être modifié, altéré par la personnalité du fondateur. Donc, c’est vrai que les grands thèmes sur lesquels on a réfléchit sont : la liberté intérieure, la confiance que l’on peut avoir les uns envers les autres, une charité très authentique. Dans l’exercice de l’autorité, c’est une responsabilité mutuelle pour que la responsabilité ne soit pas juste du coté des supérieurs mais que chacun se sente partie prenante dans la vie de la communauté.

Quelle a été la méthodologie employée ? Comment les communautés ont travaillé depuis les visites apostoliques et la nomination du délégué pontifical ?
On a relu ce qu’on appelle « les constitutions », c’est la règle de vie. Tous les ordres religieux ont des constitutions depuis Saint Benoît. Une des choses que, le délégué pontifical, le cardinal de Paolis a demandé c’est « vous n’êtes pas obligé de tout mettre par écrit et en fait, toutes les normes de vie n’ont pas la même importance. Donc, le fait que vous viviez et que vous professiez les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance, c’est quelque chose de très encré dans la tradition de l’Église. Après, le fait que vous vous leviez à 5h15 ou à 5h25, ça, chaque maison peut le décider. Ce n’est pas la peine de l’écrire dans les constitutions ». Donc, ça, c’est une première chose qu’il a demandé de faire : de savoir distinguer entre ce qui est essentiel et ce qui est secondaire. Donc, ce qu’on a fait, c’est qu’on a pris les constitutions qui existaient, qui ont été approuvées par Jean-Paul II en 1983 et on a vraiment relu les règles dans leur intégralité. C’est pour cela que ça nous a quand même pris assez longtemps. On se retrouvait en maisons, donc en petits groupes d’une quinzaine de frères : chacun faisait part de ses réflexions, de ses suggestions, de ce qu’il pensait qu’on devait changer, de ce qu’on devait amélioré, etc.…Et puis, on faisait remonter cela au niveau provincial et ensuite la commission provinciale faisait remonter cela à Rome et à Rome, la commission centrale l’étudiait. Il y a eu plusieurs allers- retours jusqu’à maintenant.

Qu’est-ce que vous répondez aux anciens qui accusent la légion de ne se lancer que dans un simple toilettage aujourd’hui et non pas une vrai refondation ?
Ce ne sont pas tous les anciens qui disent cela. Je pense que justement, ils nous mettent au défi et ils nous disent « si vous voulez être authentiques, il faut faire une vraie réflexion ». Donc, on leur dit merci de nous mettre au défi et on espère que ce chapitre général et d’ailleurs tout ce qui a précédé-que ces trois ans et demie de réflexion vraiment profonde et d’examen de conscience, de prière- que cette histoire n’aura pas été en vain, que ça aura été une vraie réforme. Je pense et j’espère que la réforme et la conversion ne vont pas s’arrêter là. J’espère qu’on va continuer chacun personnellement mais aussi comme institution à se convertir constamment pendant ce chapitre général mais aussi après le chapitre général.







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