(RV) Entretien- Son dôme majestueux et ses minarets surplombent le Bosphore
depuis le VIe siècle : la basilique Sainte-Sophie, monument-phare d’Istanbul, et musée
depuis 1934 sur décision d’Atatürk, pourrait bien redevenir la mosquée qu’elle fut
sous l’Empire ottoman.
C’est du moins l’idée suggérée par certains caciques
de l’AKP, le parti de la justice et du développement, le parti au pouvoir en Turquie.
Le 15 novembre dernier, le vice-premier ministre turc, en visite à Sainte-Sophie,
avait souligné la « tristesse » de l’édifice, avant d’ajouter : « j’espère que nous
la verrons sourire bientôt ».
Cette phrase, apparemment anodine, n’a pas manqué
de relancer un débat aussi ancien que passionné. Plusieurs voix se sont déjà élevées
pour exprimer leur totale réprobation. Parmi ces voix, celles du patriarche œcuménique
de Constantinople Bartholomée Ier, et celle de la Grèce. Pour certains, le gouvernement
Erdogan joue la « carte Sainte-Sophie » en vue des prochaines élections locales ;
pour d’autres, cette idée participe de la politique de réislamisation de la société,
pleinement assumée par l’AKP.
Interrogé par Manuella Affejee, Sébastien
de Courtois, historien, et spécialiste des minorités chrétiennes en Turquie, considère
qu’il est, de toute façon, dangereux de jouer avec les symboles