Guinée-Conakry : 100 ans d’évangélisation du diocèse de Nzérékoré
De 1914 à 2014, il y a exactement 100 ans que la région forestière de Guinée a vu
venir trois missionnaires (les Pères Bouyssou, Garlantézec et le Frère Aloys), disciples
et fils du Cardinal Lavigerie, habillés de boubous blancs, portant au cou le rosaire,
à la recherche d'un endroit propice pour mettre en terre la semence de la Bonne Nouvelle
du Christ. C'était la première fois, dans cette zone réputée dangereuse, de voir des
Européens s'approcher des peuples sans armes et n'ayant comme bagage que la Bible.
Ils venaient chercher des hommes et des femmes non pas pour le commerce honteux de
la traite négrière, mais pour les rendre bénéficiaires des valeurs évangéliques. Sur
toute l'étendue du territoire diocésain, la Bonne Nouvelle a été accueillie.
Une
évangélisation marquée par de nombreux obstacles
Cependant, au-delà de
la joie suscitée par la naissance de la première communauté chrétienne, il convient
de reconnaître que l’évangélisation et l’implantation de l’Eglise catholique particulière
rencontrèrent des obstacles de tout genre aussi bien du côté des autorités coutumières
que du côté de l’administration coloniale. La mort par l’empoisonnement (Légora Bamba
et tant d’autres inconnus), la prison civile des chrétiens et le martyre de Göbou-Yaza
sont autant d’obstacles auxquels la petite communauté chrétienne, encore embryonnaire,
dut faire face.
Les rapports des premiers missionnaires reviennent sans cesse
sur ces obstacles. Le père Bouyssou, le premier supérieur du poste de Gbèkè (Gouécké),
écrivait : « A mesure que les chrétiens devenaient nombreux dans la masse païenne,
à mesure surtout que leur vitalité s’affirmait, ils se trouvaient de plus en plus
en butte à l’hostilité et aux tracasseries des tenants des pratiques ancestrales :
maîtres initiateurs, chefs, notables, etc. ». Ces difficultés ont certainement engendré
des conséquences néfastes. Mais si l’on porte notre regard sur le Christ, on comprend
pourquoi il n’y a pas de résurrection sans passion.
Plusieurs témoignages
de foi
Toutefois, les premiers chrétiens qui perdirent leur vie à cause
de leur foi en Jésus-Christ sont innombrables et demeurent présents dans le cœur de
la chrétienté qui leur rend hommage chaque année lors du pèlerinage au lieu du martyre
de Göbou-Yaza. La souffrance et le sang de tous ces martyrs connus et inconnus demeurent
la source vive qui alimente l’Eglise florissante de N’Zérékoré.
L’exemple de
Göbou-Yaza, le modèle de la vie chrétienne, le martyr guinéen, nous montre, selon
Jean-Pierre Delamou, prêtre du diocèse de N’Zérékoré, « qu’il est possible pour un
chrétien de rompre avec certaines réalités ancestrales, visiblement et fondamentalement
incompatibles avec la foi chrétienne. Ce dont un catéchumène a été capable, à savoir
dire non aux fétiches, aux pratiques occultes, en principe, un baptisé devrait pouvoir
aussi en être spontanément capable ». La vérité dans la vie de foi, le dynamisme de
l’engagement chrétien, le courage qui va jusqu’au bout, même dans les épreuves, l’amour
inconditionnel pour Jésus-Christ, telles sont quelques valeurs essentielles que les
chrétiens, catéchumènes et toute la communauté chrétienne peuvent retenir de la vie
chrétienne des premiers chrétiens de la région.