(RV) Quand un nouvel ambassadeur de Cuba présente ses lettres de créance au Pape,
cela passe rarement inaperçu. François a reçu ce lundi matin Rodney Lopez Clemente
un diplomate chevronné qui a occupé des postes prestigieux en Allemagne, en Grande
Bretagne, aux Nations Unies, en Inde. Au sein du ministère des Affaires étrangères,
il s’est occupé entre autres des relations entre Cuba et les pays socialistes d’Europe.
Cette audience intervient seize ans après le voyage historique de Jean-Paul II dans
l’île et sa rencontre avec le chef de la révolution cubaine Fidel Castro et près de
deux ans après le voyage très diplomatique de Benoît XVI. Cuba est l’un des rares
pays latino-américains à avoir accueilli deux papes sur son territoire.
Le
Saint-Siège et la République de Cuba ont noué leurs rapports diplomatiques il y a
près de 80 ans. Depuis une vingtaine d’années, le Vatican s’efforce de peaufiner ses
bonnes relations avec La Havane et d’obtenir de nouvelles concessions en matière de
liberté religieuse. Ce qui n’empêche pas l’Eglise catholique locale de prendre ouvertement
la parole pour exprimer sa vision des choses. Il y a quelques mois, dans une lettre
pastorale, la Conférence des évêques a ainsi réclamé une réforme du système politique
en vue d’une société pluraliste, autrement dit la fin du parti unique.
L’Eglise
elle-même a déjà bénéficié des ouvertures amorcées depuis 2006 par Raoul Castro. C’est
grâce à la médiation du cardinal- archevêque de La Havane que des prisonniers politiques
ont pu être libérés. En 2011, la procession de la Vierge de la Charité du Cuivre,
la patronne de Cuba, à travers toute l'île, avait remporté un énorme succès. La revue
Espacio Laical, éditée par les laïcs de l'archevêché de La Havane, est la seule publication
indépendante distribuée dans toute l'île. Tout en saluant les récentes avancées, les
évêques cubains regrettent la persistance de la pauvreté et l'existence de résistances
suscitées par des facteurs idéologiques hérités du passé. Selon eux, l'Etat paternaliste,
devrait être remplacé par un Etat participatif.