Soudan du Sud : les appels au dialogue se multiplient
« Une jeune nation désormais au bord de la guerre civile » : les mots sont
de Barack Obama, au sujet du Soudan du Sud, où les violences inter-ethniques font
craindre une véritable guerre civile. Hier, trois casques bleus indiens, ainsi qu’une
dizaine de civils ont été tués dans l'attaque d'une base de l'ONU à Akobo, dans l’est
du pays.
La communauté internationale ne cache donc pas son inquiétude. Le
Conseil de sécurité de l’ONU, réuni en urgence hier soir, et les Etats-Unis appellent
les factions rivales au dialogue. Et pour favoriser ce dialogue, le secrétaire d’Etat
américain John Kerry a annoncé l’envoi sur place de son émissaire spécial dans la
région, l'ambassadeur Donald Booth. Sa mission ? Réunir à la même table les deux hommes
responsables de l’embrasement : le président sud-soudanais Salva Kiir et son rival
Riek Machar.
Fermeté des Etats-Unis
John Kerry joue la carte
de la fermeté : il exige la maitrise des groupes armés sous leur contrôle et la fin
des attaques contre les civils. Les Etats-Unis qui avaient soutenu l’indépendance
du Soudan du Sud en 2011, se veulent même menaçants : ils seraient prêts à mettre
fin à leur soutien au Soudan du Sud si les violences devaient continuer. De leur
côté, les autorités sud-soudanaises se veulent rassurantes, et affirment contrôler
la situation, mais rien n’est moins sûr. Les foyers de tension et affrontements inter-ethniques
se multiplient dans plusieurs villes et localités du pays. Et ce sont aujourd’hui
35 000 civils qui se sont réfugiés sur des bases de l’ONU dans le pays.
Les
églises appellent à la paix et à la réconciliation
D’autres voix se sont
élevées, en faveur du dialogue, celles des églises chrétiennes. Selon le Sudan’s Catholic
Radio Network, S.Exc. Mgr Erkulano Lodu Tombe, Evêque de Yei, a adressé un appel aux
militaires de la caserne locale afin qu’ils évitent d’écouter certains hommes politiques
qui créent la confusion et la division dans les esprits. Lui a fait écho Elias Taban,
évêque de l’église presbytérienne de Yei, qui a affirmé que « certains traîtres
sud-soudanais entendent promouvoir le tribalisme pour maintenir le pays dans le sous-développement
».
Les responsables religieux chrétiens ont en outre écrit une lettre commune.
Se qualifiant comme « membres natifs des communautés Dinka et Nuer », les Evêques
et leur clergé affirment « être non pas des représentants de tribus ou de dénominations
(religieuses) mais des représentants et des responsables de l’Eglise et du Corps
du Christ ».
Exprimant leur douleur pour les violences perpétrées à Juba
et dans l’Etat de Jonglei, les auteurs de la lettre affirment « condamner et corriger
les allégations des moyens de communications, qui indiquent que la violence dérive
d’un conflit entre les tribus Dinka et Nuer. Ce qui est arrivé ne doit pas être décrit
comme un conflit ethnique. Il existe plutôt des contrastes politiques entre le Sudan
People’s Liberation Movement et les responsables politiques du Soudan du Sud ».
Les
responsables religieux dénoncent les meurtres perpétrés sur base ethnique et font
appel aux hommes politiques afin qu’ils cessent d’inciter à la violence et les appellent
en revanche à œuvrer en faveur de la paix et de la réconciliation. (Avec agences)
Photo
: Des habitants de Juba fuyant les violences cherchent refuge dans les bases de l'ONU