Le cardinal Koch fait le bilan de son voyage en Russie
(RV) Entretien - Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour
la promotion de l'unité des chrétiens est rentré à Rome après cinq jours d'un voyage
qui l'a mené à Saint Petersbourg puis Moscou. Une visite auprès des communautés catholiques
du pays, mais surtout un voyage oecuménique aurprès de l'Eglise orthodoxe. Point d'orgue
de la visite du cardinal suisse, sa rencontre le 18 décembre avec Cyrille, patriarche
de Moscou et de toute la Russie. L'occasion d'aborder les relations bilatérales entre
catholiques et orthodoxes, mais aussi de partager des préoccupations communes, comme
le conflit en Syrie ou les troubles en Ukraine.
A son retour au Vatican, le
cardinal Koch est revenu en détails sur les thèmes qui ont émaillé sa rencontre
avec le patriarche orthodoxe, mais aussi sur la vision du patriarche Cyrille du Pape
François.
Des propos
recueillis par notre confrère de la rédaction allemande Mario Galgano.
C’était
la deuxième fois que j’avais l’opportunité de rencontrer sa Sainteté, le patriarche
Cyrille de Moscou et de toute la Russie. La première fois, j’ai pu le rencontrer en
mars 2011. Cette fois-ci, c’était une longue rencontre, une longue audience. Nous
avons traité de nombreux thèmes, surtout les relations entre l’Église orthodoxe russe
et l’Église catholique. On a traité les différences et les défis du dialogue théologique
entre les Églises orthodoxes et l’Église catholique. On a traité les défis de notre
société, surtout la situation de la famille mais aussi beaucoup de défis au niveau
culturel. On a approfondi des possibilités pour la collaboration culturelle et éthique
entre l’Église orthodoxe russe et l’Église de Rome. On a aussi surtout parlé des problèmes
politiques en Ukraine, en Syrie et au Moyen-Orient.
Quelle est la position
du patriarche concernant par exemple les Églises ? Qu’est-ce que peuvent faire les
Églises pour les chrétiens du Moyen-Orient, surtout en Syrie ? Oui, penser
à ces situations, les soutenir par la prière et par toutes les actions qu’on a faites.
Je veux seulement mentionner la lettre que le Pape François a écrite au président
Poutine comme responsable de cette dure période et l’invitation pour la soirée de
la prière pour la Syrie ici à Rome. Il y a également l’engagement du patriarche et
sa visite dans cette région pour soutenir les chrétiens. Alors, le souci est le même
et l’engagement me semble très commun. D’autre part, le patriarche a également parlé
de la situation des Églises en Ukraine, des tensions et des problèmes qui existent
entre l’Église orthodoxe et l’Église grecque catholique. Et ici, il me semble très
important que tout le monde puisse voir que les deux côtés ont des blessures dans
l’histoire et c’est pourquoi il faut avoir de la patience et du respect pour les différentes
blessures qui existent. On peut surmonter ces problèmes pour une meilleure collaboration
et convivialité entre les Églises.
Lorsqu’on pense à une rencontre entre
catholiques et orthodoxes, on pense tout de suite à une rencontre probable du Pape
avec le patriarche. Est-ce qu’il y a des projets plus concrets concernant une possible
rencontre ? Depuis quelques temps, on discute, on parle de ce point. Il est
clair qu’on a traité aussi cette possibilité. Mais comme a souvent déclaré le métropolite
Hilarion qui est responsable pour les relations œcuméniques, la préparation est plus
importante que la date de cette rencontre. Et je suis d’accord avec cette opinion,
cette conviction. Et c’est pourquoi il est nécessaire de prendre le temps et le sérieux
pour discuter pour voir si une telle rencontre est possible, quels sont les thèmes
qui sont à traiter, quand et où une telle rencontre serait possible : c’est le thème
de la préparation.
Quelle est en générale la position et la pensée du patriarche
concernant le Pape François ? Est-ce qu’il a parlé de son style, de ses mots ? Oui,
il a souvent mentionné la manière dont le Saint-Père guide l’Église et prend au sérieux
son pontificat. Il a mentionné sa personne, ses intérêts, sa proximité avec le peuple
et son engagement pour des valeurs chrétiennes dans les sociétés pour la doctrine
sociale parce que nous avons dans notre société, beaucoup de défis communs. Et il
a été aussi très touché par l’estimation du Saint-Père de la tradition synodale de
l’Église orthodoxe comme il a mentionné dans son exhortation apostolique « Evangelii
gaudium » et il a estimé que le Saint-Père veut approfondir le synode des évêques
et que le synode des évêques 2014-2015 traite du thème de la famille.
Qu’est-ce
que vous espérez concernant le dialogue œcuménique pour l’année 2014 ? Il
y a surtout un acte de commémoration pour la relation œcuménique entre l’Église catholique
et les Églises orthodoxes parce qu’au début du mois de janvier 2014, il y a cinquante
ans qu’avait lieu la première rencontre avec le patriarche œcuménique, Athénagoras
de Constantinople et le Pape Paul VI. Et cette rencontre à Jérusalem était le commencement
d’un dialogue de vérité et d’un dialogue d’amitié. Et j’espère que cet acte de commémoration
de l’année prochaine sera une bonne opportunité pour approfondir ces relations et
pour aller ensemble vers un futur meilleur parce que le but de ce dialogue doit être
de retrouver l’unité dans l’Église et l’unité dans l’eucharistie.
Photo:
la rencontre au patriarcat de Moscou entre le cardinal Koch et le patriarche Cyrille,
le 18 décembre.