(RV)- Entretien- Le président du Conseil pontifical Cor Unum était la semaine
dernière au Liban pour superviser le lancement de la mission sanitaire en faveur des
enfants syriens, réfugiés au Liban. Cette opération, lancée par le dicastère aux côtés
de l’hôpital pédiatrique Bambino Gesù de Rome et de la Caritas Liban, doit permettre
de venir en aide à des milliers d’enfants, installés dans la vallée de la Bekaa à
la frontière avec la Syrie.
De retour de cette visite de 4 jours sur le sol
libanais, le cardinal Robert Sarah, a demandé aux différentes parties en conflit
en Syrie de favoriser l’assistance humanitaire dans le pays et de « cesser toute violence
». Il décrit également des conditions de vie difficiles dans les camps de réfugiés
syriens au Liban et explique le sens de l’initiative en faveur des enfants Des propos recueillis
par notre consoeur de la rédaction italienne Elvira Ragosta
Emminence,
combien d'enfants syriens sont concernés par cette initiative?
Caritas
Libanest en train de vraiment travailler pour qu’il y ait un
soulagement réel porté à ces enfants syriens qui sont dans cette vallée de la Bekaa.
Nous comptons au moins joindre trois à quatre mille enfants et probablement, tant
que la guerre continue, le nombre va augmenter. Naturellement, en dehors de la Bekaa,
il y a d’autres enfants . S’il y a des besoins, nous devrons aussi nous en occuper.
Aujourd’hui, nous pensons rejoindre à peu près trois à quatre mille enfants.
Le
problème dans la vallée de la Bekaa à présent, ce sont aussi les températures qui
sont sous la barre des zéros ?
Effectivement, il y a le froid, la pluie
et donc, ces personnes ont besoin d’un peu de chauffage, d’habits chauds et nous veillons
également avec la Caritas Liban à organiser le chauffage des tentes. D’après ce que
j’ai appris, ils ont essayé de mettre de l’étanchéité sur les tentes pour que la chaleur
puisse rester dedans. Et surtout, protéger un peu l’ambiance parce qu’avec la pluie,
l’hygiène peut être un élément très négatif à l’œuvre médicale que nous apportons.
Donc, mettre un peu de propreté, d’hygiène pour que les maladies ne puissent pas détruire
ce que nous sommes en train de faire pour soulager les enfants.
Et du
point de vue spirituel ?
Je crois qu’il y a aujourd’hui une grande souffrance
mais également une grande ferveur du point de vue spirituel. Les évêques syriens surtout
ont dit que les gens prient beaucoup parce qu’ils n’ont que Dieu comme secours aujourd’hui.
Tant qu’il n’y a pas de sagesse entre les hommes pour négocier la paix, on ne peut
compter que sur Dieu. Et les évêques s’emploient à encourager, à prier avec eux pour
que ce secours vienne de Dieu. Il y a en tout cas une grande ferveur, un grand courage.
Je peux dire également que quelque fois, il y a du découragement et beaucoup de chrétiens
syriens sortent et vont ailleurs. Et la grande peur des évêques, c’est de voir le
Moyen-Orient vidé des chrétiens et leurs communautés disparaitre. Le souci spirituel,
c’est vraiment d’encourager les chrétiens à rester sur place. Mais c’est difficile
de les obliger à rester parce qu’ils cherchent la sécurité, ils cherchent du travail
et ces gens-là n’en n'ont pas. Pour pouvoir vivre spirituellement, il faut aussi un
minimum de bien matériel, n’est-ce pas ? Il y a donc une double action : soutenir
spirituellement mais en même temps faire face aux besoins matériels pour maintenir
les Syriens, au moins des chrétiens sur place.
Photo: un enfant syrien
dans un camp de réfugiés à l'Est de la plaine de la Bekaa, au Liban.