2013-12-12 16:14:47

Les réfugiés de Bangui, aidés par l'Eglise


(RV) Témoignage - En Centrafrique, le calme est toujours précaire, même après le début du désarmement des milices par l’armée française. Le sentiment de peur est toujours très présent parmi la population. Face à cette situation, les habitants s’enferment chez eux ou se réfugient dans les églises.

Dans la paroisse Saint-Jean de Galabadja, à Bangui, 12 000 personnes cohabitent dans un camp de fortune, entassées en plein air ou dans les quatre petites salles gérées par la paroisse.

Interrogé par Jean-Baptiste Cocagne, écoutez le témoignage de François Légué, secrétaire de la commission pastorale de la santé à la Conférence épiscopale centrafricaine. Il coordonne les formations sanitaires privées catholiques dans le pays : RealAudioMP3


12 000 personnes sont réfugiées dans votre paroisse. Quels sont les risques qui existent à l'heure actuelle ?
Toutes les salles sont bondées et dans la cour, les gens vivent en plein air et les conditions sanitaires sont assez difficiles dans la mesure où l’on n'a pas prévu d’accueil pour ce genre de situations. Du coup, cela pose un problème de santé publique. Il y a beaucoup d’enfants qui dorment à même le sol avec leurs mamans. Et il y a des personnes très âgées, donc des personnes vulnérables. On craint que si la situation continue, il y a un risque d’épidémie, que les enfants aient la diarrhée. Pour le paludisme, nous sommes en zone endémique et les enfants qui sont exposés pendant quelques jours commencent à manifester les symptômes du paludisme.

Est-ce qu’il y a des réfugiés qui continuent à arriver ?
Oui, les gens ont tellement peur que même si la situation tend à devenir calme, les gens ont peur du fait que tout peut basculer parce que le calme est précaire. Il y a des gens qui quittent le camp le matin, qui rentrent chez eux et le soir, ils reviennent, ce qui fait que le centre est très bondé. Même au niveau du site, les gens ont peur parce qu’ils craignent que des bandits de grand chemin puissent venir les agresser la nuit. Ce matin, on a essayé d’échanger avec eux. Ils sont inquiets parce qu’il y a des rumeurs qui circulent comme quoi des gens projettent d’attaquer le site. On a essayé de prendre contact avec les troupes françaises, nous attendons leur réaction. De temps en temps seulement, il y a un hélicoptère qui survole le site. Il y a des jeunes scouts qui assurent la sécurité du camp pour qu’il y ait un peu d’ordre. Pour la distribution également, il y a une stratégie qui est mise en place, répartissant les gens en quartier pour qu’ils se retrouvent ensemble afin qu’il y ait moins de difficultés pour les atteindre. Pour les gens dans le camp, a situation est difficile dans la mesure où ils ne sont pas chez eux, mais on arrive quand même à les contenir.

Est-ce que vous avez un message à faire passer aujourd’hui ?
Nous avons peur. Nous souhaitons que les choses puissent aller de l’avant, surtout qu’il y ait une réconciliation entre nous, c’est-à-dire entre les deux communautés parce que ça bascule un peu vers un conflit intercommunautaire. Il y a déjà les hauts responsables des Églises et des mosquées qui se rencontrent régulièrement , qui sensibilisent. C’est un travail de proximité qui se fait maintenant : il y a des petits groupes de gens qui se rencontrent pour essayer de faire en sorte que le calme et la cohésion puissent revenir entre les deux communautés.


Photo: personnes déplacées à Bangui







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