2013-12-12 16:27:09

La Syrie grelotte sous un troisième hiver


(RV) Témoignage - La Syrie vit son troisième hiver depuis le début de la guerre civile. Un hiver rigoureux sévit cette année encore. Deux enfants syriens, dont un bébé de six mois, seraient déjà morts de froid.

L’arrivée de la tempête Alexa, qui balaie en ce moment la Syrie et les pays voisins, vient compliquer la situation, notamment pour les centaines de milliers de réfugiés syriens. Dans les régions montagneuses du Liban, dans la vallée de la Bekaa par exemple, ils sont des milliers à vivre sous des tentes pliant sous la neige et par des température sous la barre des zéros.

Marie Duhamel a joint par téléphone Kamal Sioufi. Il coordonne l’aide d’urgence auprès des réfugiés pour la Caritas Liban : RealAudioMP3


Quelle est la situation des réfugiées syriens dans cette tempête ?
On a vraiment une tempête que l’on n’a pas l’habitude d’avoir au Liban. Les températures passent en-dessous de zéro, surtout dans les zones de haute-montagne, dans la plaine de la Bekaa et au nord, dans des zones où les réfugiés syriens vivent dans des tentes. On est en train de les aider autant que possible car ils sont dans une situation dramatique et vraiment lamentable parce qu’il y a une bonne partie de ces gens qui n’ont pas consolidé leur tente. On n’a pas eu le temps ni les moyens de les aider à consolider ni à leur fournir des moyens pour se chauffer.
L’année dernière, on a pu aider 1200 tentes mais cette année, on a été pris au dépourvu. Durant la tempête, c’était difficile de se déplacer et de venir en aide aux réfugiés mais nos équipes essaient d’être à leurs côtés. Mais il faut malheureusement attendre la fin de la tempête pour reprendre notre travail et une distribution et une consolidation des tentes. Malgré l’aide extérieure, il est impossible de couvrir l’ensemble des besoins.

Quand vous dîtes que la plupart d’entre eux vivent actuellement sous des tentes, avec des températures aussi basses et la neige, que cela suppose-t-il en terme de conditions de vie ?
Heureusement que les réfugiés syriens sont habitués à supporter le froid dans leur pays. Ce n’est pas le froid le plus gênant, ce sont les inondations parce qu’une bonne partie de ces camps qui ne sont pas légaux, sont à un niveau inférieur à celui de la route, ce qui fait que toutes les eaux de surface passent dans les camps. Il y en a un qui a été inondé il y a quelques jours. Il y a une couche de boue de quarante à cinquante centimètres d’épaisseur. Ce qui n’est pas pratique pour marcher.

Ce qui veut dire que les réfugiés vivent dans la boue dans leur tente…
Oui, une partie vit dans la boue mais une autre partie est parvenue à se protéger en mettant quelque chose par terre ou en maçonnant quelques pierres autour de la tente. Ce sont vraiment des moyens de fortune. Mais cela ne concerne qu’un ou deux camps.

Vous fréquentez ces réfugiés. Quel est leur état d’esprit ? la colère, un sentiment d’humiliation ?
Le problème principal au Liban, c’est que même les Libanais n’ont pas les structures suffisantes pour se protéger. Mais les Libanais ont au moins leur maison. Pour les Syriens, le problème numéro un est le foyer même s’il y en a d’autres comme la santé ou l’éducation. En ce moment, ils rouspètent, ils veulent avoir un foyer. Nos équipes ont assisté à des agressions importantes de la part des réfugiés. Mais on les comprend. Ce sont des êtres humains qui ont besoin d’aide et nous n’arrivons pas à la leur apporter vu leur nombre qui ne cesse de croître et vu nos ressources financières qui restent limitées.
Je compare toujours cette situation à celle des réfugiés irakiens. C’est tout à fait différent. Avant, le nombre d’Irakiens était très réduit et les ressources financières étaient abondantes. En plus, le gouvernement libanais ne veut pas s’impliquer. En fait, il n’existe pas puisqu’il n’y a pas de gouvernement. Il n’existe aucune coordination au niveau de l’Etat contrairement à la Jordanie où le gouvernement gère tout le côté social, regroupe les réfugiés dans des camps sécurisés où ils sont aidés par des ONG. Chez nous, au Liban, c’est le HCR qui s’en occupe mais lui non plus n’arrive pas à répondre à tous les besoins vu le nombre de réfugiés et le flux de travail qu’il a.

Pensez-vous que la manière dont la communauté internationale analyse ce conflit influe de manière négative sur ces réfugiés ?
Je ne sais pas pourquoi la communauté internationale crée des guerres. Elle est en train actuellement de financer la reconstruction de la Syrie et d’aider les réfugiés à se nourrir. A mon avis, il fallait d’abord arrêter la guerre avant de réfléchir à savoir comment les aider. Ce qu’il faut faire c’est aider les Syriens qui peuvent rester dans leur pays. Il faut qu’ils y restent parce qu’ici, au Liban, ils n’ont pas de quoi vivre. Ils ont beaucoup de problèmes à tous les niveaux. Je ne vois pas quel serait leur avenir au Liban, surtout que le pays qui compte officiellement quatre millions d’habitants, abrite un million et demi de réfugiés syriens, un demi-million de Palestiniens et autant de travailleurs migrants. Ce qui fait que dans quelques mois il y aura autant d’étrangers que de Libanais.
Les infrastructures au Liban suffisent à peine pour trois millions d’habitants. Là, on assiste déjà à des problèmes monstres, que ce soit au niveau des infrastructures ou de la présence syrienne qui est permanente. Et on ne voit pas le bout du tunnel.

Y-a-t-il des choses dont vous avez besoin qui puissent être utiles sur le terrain ?
On a besoin d’équipements de chauffage. Ensuite on a besoin de soins médicaux et surtout d’aide en matière d’hospitalisation car il y a beaucoup de malades qui n’arrivent pas à entrer dans les hôpitaux et à être soignés à cause des aides qui n’existent pas.









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