(RV) Entretien -A l’approche du 20e anniversaire du génocide au Rwanda en 1994,
qui a causé la mort de plus d’un millions de personnes, la Caritas Suisse a publié
début novembre un rapport sur le travail de mémoire. Un travail qui n’a toujours pas
été fait selon l’organisation catholique. La façon dont le gouvernement traite le
génocide conduit à une représentation unilatérale du passé et criminalise ceux qui
mettent cette version en question, dénonce l'œuvre d'entraide catholique. Caritas
Suisse soutient les organisations qui promeuvent la paix et incitent au débat sur
le passé du pays. Le bilan du gouvernement rwandais sous la présidence de Paul Kagame
présente un double visage, affirme Caritas Suisse.
D'une part, le gouvernement
Kagame a réussi à remettre en état les infrastructures d’un pays complètement détruit,
d’autre part, il maintient la population dans la répression et sous un contrôle absolu,
assure l'œuvre d'entraide. Dans la version officielle du génocide, les troupes du
Front patriotique rwandais (FPR), qui forment aujourd’hui le gouvernement, sont représentées
comme les sauveurs et les libérateurs. En 1994, ces troupes auraient réussi à mettre
fin au génocide des Hutus contre les Tutsis et à libérer le pays de l’hégémonie d’une
élite composée de Hutus. Les tenants des versions non officielles de l’histoire sont
au contraire persuadés qu’au cours de ce processus d’épuration, le FPR se serait livré
à des massacres sur la population civile hutue. Ils veulent savoir la vérité et réclament
des comptes.
Kathrin Wyss, chargée de programmes et déléguée au Rwanda et
en Ouganda pour la Caritas Suisse, revient sur les actions qui ont été menées
au niveau local depuis le génocide et pourquoi elles ont été insuffisantes