2013-12-04 17:21:14

Calatrava s’expose au Vatican


Ses bâtiments défient l’apesanteur, sont résolument contemporains, sont religieux ou profanes, utiles en même temps qu’esthétiques : l’architecte espagnol Santiago Calatrava marque le domaine de l’architecture internationale depuis plus d’une trentaine d’années au travers de réalisations comme la Cité des Arts et des Sciences de Valence, la gare d’Orient à Lisbonne, la gare TGV Saint-Exupéry à Lyon, le pont de l’Alamillo à Séville ou le stade olympique d’Athènes pour n’en citer que quelques-uns.

Les Musées du Vatican et le Conseil pontifical pour la culture organisent une exposition gratuite dans le bras de Charlemagne, place Saint-Pierre, consacrée à l’architecte aujourd’hui âgé de 62 ans. Intitulée Santiago Calatrava, les métamorphoses de l’espace, elle présente au public environ 140 œuvres de cet artiste protéiforme, qui ne se contente pas de créer et de construire des bâtiments ou des ponts, mais qui dessine, peint, et sculpte. Inaugurée ce mercredi soir, elle sera ouverte au public ce jeudi.

Les visiteurs pourront admirer des maquettes des principales réalisations de Santiago Calatrava ou de ses projets en cours d’exécution comme celui de l’église grecque-orthodoxe Saint-Nicolas, située à Ground Zero, lieu des attentats du 11 septembre 2001 à New York, ou de la cathédrale Saint-Jean le Divin toujours à New York. Une des œuvres les plus intéressantes est la maquette représentant la chapelle de Los Angeles dédiée au père Junipero, frère franciscain qui fut envoyé comme missionnaire en Basse Californie en 1767.

Des peintures et des aquarelles, œuvres préparatoires pour certaines, montrent également comment l’architecte s’est inspiré soit d’œuvres d’art, comme des icônes, soit de la nature pour aboutir aux plans finaux de ses œuvres architecturales.

Le reportage de Xavier Sartre RealAudioMP3


D’une icône et de l’épanouissement d’une feuille de camélia, nait une église orthodoxe. D’un tipi indien surgit une chapelle dont le toit se soulève comme deux feuilles ou deux ailes d’oiseau pour créer une place ouverte sur l’extérieur. Santiago Calatrava puise son inspiration dans l’art, l’histoire, ou la nature. Micol Forti, la curatrice de l’exposition, revient sur l’idée qui la sous-tend :

« La ligne directrice vient de ses études sur le visage humain, sur les formes de la nature, sur le mouvement des animaux qui sont étudiés au travers d’une optique morphologique. Une grande tradition qui vient de Goethe (la morphologie des plantes de Goethe). A l’origine du corps humain il y a la vertèbre et à la base de la nature, il y a la feuille pour Goethe. Pour lui, c’étaient les éléments primaires. Ça ne veut pas dire que tout nait d’eux, mais que la structure essentielle de chaque phénomène sensible, donc de chaque accident, dérive d’une certaine manière, d’un élément primaire. Calatrava raisonne, on peut dire, un peu comme cela. »

Jouant des poids et des contrepoids, les réalisations architecturales ou les sculptures de Santiago Calatrava semblent toutes en suspension, se défiant de l’apesanteur. Ce n’est pas un hasard. L’architecte espagnol aime jouer avec ces forces :

« Les forces peuvent être statiques si chaque bloc est posé sur un autre, et même quand je mets un bloc sur un coin et que je trouve un contrepoids qui le tient en équilibre. Cette magie de l’équilibre n’est pas seulement faite d’élasticité, de gravité, mais aussi de règles qui dépassent celles de la gravité tout en les respectant évidemment, sinon les objets ne tiendraient pas debout. Ces règles sont la base, chez Calatrava, de ses sculptures qui sont très belles. »

C’est ainsi que surgissent des opéras, des églises, des ponts, des tours, qui semblent suspendre leur cours au-dessus de l’eau, ou dans l’air. Des œuvres profanes ou religieuses qui puisent à la même source : l’homme et la nature.




Ouverture gratuite au public : 5 décembre 2013 au 20 février 2014
Horaires : tous les jours de 10h à 18h ; mercredi de 14h à 18h.
Bras de Charlemagne, place Saint-Pierre

Photo : une des sculptures de Santiago Calatrava, présentée à l'exposition









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