Les évêques hollandais invités à être présents dans le débat public
(RV) C’est un véritable manuel sur le rôle de l’Eglise que le Pape François a consigné
aux évêques néerlandais venus en visite ad limina au Vatican cette semaine. Ce lundi
matin, lors de sa rencontre avec les membres de la Conférence épiscopale des Pays-Bas,
menée par le cardinal Willem Jacobus Eijk, archevêque d’Utrecht, il a remis son discours
rédigé en français dans lequel il a évoqué la situation de l’Eglise catholique aux
Pays-Bas, pays où la « société est fortement marquée par la sécularisation ». Il est
surtout revenu sur ce que l’Eglise et les évêques doivent faire pour « répondre aux
inquiétudes de tant d’hommes et de femmes qui éprouvent de l’angoisse et du découragement
face à l’avenir».
Tout d’abord, il faut se mettre « à leur écoute pour leur
partager l’espérance, la joie, la capacité d’aller de l’avant, que nous donne Jésus
Christ », a expliqué le Pape. « Pour cela, l’Eglise cherche à proposer la foi d’une
façon authentique, compréhensible et pastorale », a-t-il poursuivi. Et de préciser
que « l’anthropologie chrétienne et la doctrine sociale de l’Eglise font partie du
patrimoine d’expérience et d’humanisme qui est au fondement de la civilisation européenne,
et elles peuvent aider à réaffirmer concrètement le primat de l’homme sur la technique
et sur les structures ».
L'Eglise grandit non par par prosélytisme mais
par attraction
Le défi de l’Eglise réside dans le fait de montrer, grâce
à la transcendance, qu’une culture doit « relier en constante harmonie foi et raison,
vérité et liberté ». L’Eglise, pour faire passer ce message, a besoin de tous, et
en particulier des laïcs, dont « le témoignage et l’engagement dans l’Eglise et dans
la société ont une place de choix et doivent être fortement soutenus ». Car « l’Eglise
grandit non par prosélytisme mais par attraction ». Il faut aussi que ces laïcs et
tout le personnel ecclésiastique, « acquièrent une formation solide et de qualité
», a tenu à préciser le Pape.
Si François s’adresse à l’Eglise des Pays-Bas,
pays sécularisé, il parle aussi à travers elle, à toute l’Eglise, qui « est envoyée
partout pour éveiller, réveiller et maintenir l’espérance ». De là cette invitation
« à être présents dans le débat public, dans tous les domaines où l’homme est en cause,
pour rendre visible la miséricorde de Dieu, sa tendresse pour toute créature ».
Valoriser
la générosité des fidèles, signe de compassion
Concernant la situation
spécifique des Pays-Bas, le Pape François a appelé les évêques néerlandais à « valoriser
la générosité des fidèles pour apporter la lumière et la compassion du Christ dans
des milieux qui l’attendent et en particulier auprès des personnes les plus marginalisées
». Il a souhaité également que l’école catholique donne « aux jeunes une solide éducation
» qui « continuera à favoriser leur formation humaine et spirituelle, dans un esprit
de dialogue et de fraternité avec ceux qui ne partagent pas leur foi ».
La
crise des vocations touche aussi l’Eglise néerlandaise. Pour le Pape, « il est urgent
de susciter une pastorale vocationnelle vigoureuse et attractive, et même la recherche
commune de l’accompagnement de la maturation humaine et spirituelle des séminaristes
».
La compassion du Pape pour les victimes d'abus sexuels
Et
cette visite ad limina des évêques des Pays-Bas intervient alors que deux associations
de laïcs ont écrit une lettre au Pape dans laquelle ils ont dénoncé une « Eglise à
la dérive ». Ils y accusent les évêques « d’avoir choisi de ne plus assumer leurs
obligations et leurs responsabilités envers leur troupeau », citant une litanie «
d’obstacles sociaux qu’ils sont incapables ou qu’ils ne veulent pas affronter ». Dans
son discours, le Pape a semble-t-il montré qu’il avait bien reçu le message, reconnaissant
que les évêques néerlandais accomplissaient leur service « dans des circonstances
souvent rudes ». Mais il les a invités à « regarder avec confiance les signes de la
présence active du Seigneur au milieu des hommes et des femmes de leur pays qui attendent
d’authentiques témoins de l’espérance qui nous fait vivre, celle qui vient du Christ
».
Autre thème abordé par le Pape, celui des abus sexuels. « Je désire manifester
ma compassion et l’assurance de ma prière à chacune des personnes victimes d’abus
sexuels et à leurs familles ». « Je vous demande, a-t-il écrit, de continuer à les
soutenir sur leur douloureux chemin de guérison, entrepris avec courage ».