La population croate était appelée dimanche à se prononcer par référendum sur la question
de la définition du mariage comme « l'union d'un homme et d'une femme ». Mi-novembre,
le parlement a en effet accepté par 104 voix contre 13 de soumettre au vote le texte
d'une initiative populaire demandant d'inscrire cette définition dans la Constitution
croate.
Un sujet qui divise : si le référendum a été porté par une pétition
de 700 000 personnes et soutenu par le parlement ainsi que par l’Eglise catholique
et d’autres dénominations religieuses, il est combattu par le gouvernement et la plupart
des médias. Quel que soit le résultat, il révèle les clivages actuels en Europe, comme
l'explique à Olivier Bonnel, Gregor Puppink, directeur du centre Européen pour
le droit et la Justice à Strasbourg
Soutenu
par l’Eglise catholique à laquelle appartiennent près de 90% des Croates, le comité
d'initiative avait déposé son texte au printemps dernier muni de 750'000 signatures,
soit le double du nombre nécessaire pour demander une modification constitutionnelle.
Le texte défendu par les associations croates de défense de la famille s'oppose
indirectement au projet de partenariat pour les couples de même sexe que souhaite
introduire le gouvernement de centre-gauche. Le président Ivo Josipovic tout comme
le Premier ministre Zoran Milanovic se sont ainsi opposés à l'idée d'inscrire dans
la Constitution l'interdiction du mariage homosexuel. Zoran Milanovic a reproché au
comité d'initiative son manque de tolérance envers les minorités.
La famille
déjà sous la protection particulière de l'Etat
Ces derniers jours, le gouvernement
de centre gauche, des militants des droits de l'Homme et des figures de proue de la
société civile locale ont donc appelé les citoyens à voter contre un tel amendement.
Samedi, plus de mille personnes ont marché à Zagreb, bravant la pluie, sous le mot
d'ordre « la Constitution n'est pas un jouet », pour appeler à voter contre la révision
du texte.
Parallèlement, des militants favorables à l'interdiction du mariage
homosexuel, distribuaient dans la capitale des tracts clamant: « une femme + un homme
= un enfant, chaque enfant a besoin d'un papa et d'une maman ». Une trentaine de médecins
gynécologues de la principale maternité de Zagreb sont sortis devant l'hôpital pour
affirmer leur opposition au mariage gay.
Selon un sondage, 68% des électeurs
disent vouloir voter oui dimanche et 27% diront non.
En l’état actuel, la Constitution
ne contient aucune définition du mariage, mais stipule que la famille est sous
la protection particulière de l'Etat.
La Croatie ne serait pas le premier Etat
à définir dans sa Constitution le mariage comme l'union d'un homme et d'une femme.
C'est le cas notamment de la Pologne et de la Hongrie. En Slovénie voisine, une loi
plus libérale sur le mariage, qui prévoyait entre autres des droits pour les couples
de même sexe, a été refusée en référendum populaire en 2012. (Avec agences)