Genève 2 : Bachar al Assad devrait rester au pouvoir
Genève 2 accueillera bien une délégation du président syrien Bachar Al-Assad. C’est
ce que rapporte l’agence officielle syrienne Sana, citant le ministère syrien des
Affaires étrangères. Cette délégation sera munie des directives du président Assad.
Elle ne viendra pas à Genève pour « remettre les clefs du pouvoir », prend soin d’assurer
la dépêche. Il est donc hors de question d’écarter Bachar Al-Assad de l’avenir politique
du pays, comme le réclamaient mardi la coalition nationale syrienne. Difficile donc
d’organiser cette conférence internationale d’autant que l’opposition est toujours
très divisée et que sur le terrain le régime ne faiblit pas.
Interrogé
par Marie Duhamel, Fabrice Balanche, directeur du GREMMO, le Groupe de Recherches
et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient
Les
objectifs de Bachar al Assad à Genève sont « simples : obliger les pays occidentaux
et du Golfe à arrêter de soutenir ceux qu’il qualifie de terroristes, c’est-à-dire,
les rebelles syriens. » Pour parvenir à ses fins, il peut compter sur une série de
victoires militaires ces derniers mois qui ont affaibli les différents groupes rebelles
qui « sont divisés et de plus en plus radicalisés ».
L’opposition est donc
composée de civils, exilés politiques et intellectuels, regroupés au sein de la Coalition
nationale syrienne, mais qui « n’a aucune base sociale en Syrie et qui n’a aucun lien
avec les rebelles, ceux qui combattent ». Ces derniers, d’ailleurs, ne veulent pas
en attendre parler, sachant, selon Fabrice Balanche, que Genève 2 ne servira qu’à
entériner le maintien au pouvoir de Bachar al Assad et à demander à leurs bailleurs
de fonds de cesser leur financement.
Arabie saoudite et Turquie en difficulté
Parmi
ces bailleurs de fonds et soutiens extérieurs, il y a l’Arabie saoudite et la Turquie.
Les Saoudiens sont eux-mêmes engagés dans une lutte de pouvoir entre clans au sein
de la famille royale et se servent du conflit syrien pour renforcer leurs positions
respectives, selon le chercheur. Quant au gouvernement turc, il s’inquiète du pouvoir
accru des islamistes qui contrôlent de plus en plus la frontière entre la Turquie
et la Syrie. Il doit composer surtout avec une forte opposition à sa politique syrienne.
« Les acteurs internationaux ont intérêt à une stabilisation de la région
», principalement les Etats-Unis, qui veulent protéger les marchés du Golfe et l’Etat
d’Israël. Or, la poursuite du conflit syrien risque de déstabiliser à terme la Jordanie
et le Liban. « Tout l’art de Genève 2 pour les occidentaux, sera de sortir de cette
impasse, sans perdre la face. D’où, pourquoi pas, un gouvernement de transition, avec
des ministres d’ouverture. De toute façon, on sait très bien que le gouvernement n’a
aucune importance en Syrie, c’est le président qui détient tout le pouvoir », explique
Fabrice Balanche.
Photo : ruines à Homs. Les troupes de Bachar al
Assad reprennent l'avantage sur les rebelles