Silvio Berlusconi vers une humiliante expulsion du Sénat
En Italie, le gouvernement Letta a obtenu la confiance du Sénat sur le budget 2014.
Il l’emporte avec une courte avance, car dans la nuit de mardi à mercredi les troupes
de Silvio Berlusconi, sur l’ordre de leur chef, ont voté contre le texte de loi. Forza
Italia, le parti du Cavaliere, est officiellement passé dans l’opposition. Selon
les détracteurs de Silvio Berlusconi, ce vote était un prétexte pour manifester la
colère et la frustration de l'ancien président du Conseil italien. Ce soir à 19heures,
le Sénat devrait voter sa déchéance.
Le compte-rendu de Marie Duhamel
Malgré
tous les efforts de Silvio Berlusconi, toutes ses tentatives pour reporter, voire
annuler le vote de ce mercredi soir, quitte à faire tomber le gouvernement Letta ou
provoquer le schisme de son parti, le scrutin aura bien lieu en vertu d'une loi adoptée
en 2012 prévoyant l'inéligibilité pendant six ans de tout élu condamné à une peine
de plus de deux ans, ce qui est le cas de Silvio Berlusconi, condamné cet été à 4
ans de prison dans l’affaire Médiaset dont trois amnistiés.
« Berlusconi est
hors-jeu », titre Il Fatto Quotidiano. L’issue du scrutin au Sénat ne semble guère
faire de doute. La gauche italienne et le Mouvement Cinq Etoiles de Beppe Grillo ont
annoncé qu’ils uniront leurs voix pour voter la déchéance de Silvio Berlusconi.
Devant
le Sénat, les opposants aux Cavaliere sabreront le champagne mercredi après-midi,
tandis que ses partisans manifesteront devant le domicile romain de l’entrepreneur
millionnaire qui possède encore trois chaînes de télévision, des journaux… Ils promettent
de résister, car une question se pose.
L'avenir du Cavaliere
Silvio
Berlusconi, privé de son immunité parlementaire pourrait-il être arrêté ? Par exemple
dans une procédure pénale comme celle en cours à Naples où le Cavaliere est accusé
d'avoir « acheté » un sénateur de gauche en 2006 pour faire tomber le gouvernement
Prodi. Pour les avocats de Berlusconi, c’est possible « en théorie » mais « absurde
» en réalité. « C’est une hypothèse irréelle », en raison de l’âge de l’ancien président
du Conseil (77ans) et parce qu’il y a peu de chance de voir le Cavaliere fuir l’Italie.
Silvio
Berlusconi, lui, ne s’avoue pas (jamais) vaincu. Il assure détenir des preuves suffisantes
pour obtenir une révision du procès Médiaset et promet rester aux commande de son
parti, Forza Italia qui l’avait conduit au pouvoir en 1994 et qu’il a relancé le 16
novembre dernier pour atténuer le schisme du PDL. Conduit par Angelo Alfano, son ancien
dauphin devenu vice-président du Conseil, 50 parlementaires de son ancien-parti dont
5 ministres en poste, ont créé le Nouveau centre-droit, refusant de faire chuter le
gouvernement Letta.
Ses partisans n’y manquent pas, mais Silvio Berlusconi
refuse de les qualifier de traitres. Selon un sondage réalisé pour son compte, le
centre-droit recueillerait 24% des suffrages en cas d'élections anticipées, « deux
points de plus que le centre gauche ».