En Belgique, la proposition de loi visant à étendre le cadre légal autorisant l'euthanasie
a été adoptée ce mercredi par la Commission des Affaires sociales et de la Justice
du Sénat, qui en débattait depuis plusieurs mois. Elle sera soumise pour adoption,
probablement dans les prochains mois, au vote des deux chambres du Parlement belge.
Le texte prévoit qu'un mineur peut demander à bénéficier de l'euthanasie s'il fait
face à des souffrances physiques insupportables et inapaisables, en phase terminale.
Il doit pour cela être conseillé par une équipe médicale et recevoir l'accord parental.
Les souffrances "psychiques" insupportables, qui ouvrent la voie à l'euthanasie pour
les adultes, ont été écartées pour les mineurs par les sénateurs.
Si le projet
de loi était adopté, la Belgique suivrait l'exemple des Pays-Bas où l'euthanasie des
mineurs est autorisée depuis 1998. Le projet de loi est soutenu par la grande majorité
des partis de la majorité et de l'opposition, à l'exception des centristes démocrates
chrétiens flamands et francophones, membres de la majorité gouvernementale.
Pour
le père Tommy Scholtès, porte-parole de la conférence épiscopale de Belgique, cette
décision est triste et regrettable
Les représentants
des grandes religions chrétiennes, musulmane et juive, ont exprimé leur opposition
dans un message commun et leur "vive inquiétude face au risque de banalisation" de
l'euthanasie. En voici le texte :
Ce 27 novembre 2013, nous ne pouvons
qu'exprimer notre déception et notre tristesse. Nous partageons l'angoisse
de parents si un enfant arrive à une fin de vie prématurée et, particulièrement quand
il souffre. Nous croyons cependant que les soins palliatifs et la sédation sont une
manière digne d'accompagner un enfant qui meurt de maladie. Des médecins praticiens,
oncologues ou intensivistes, nous l'ont clairement affirmé. Ecoutons-les. Nous
plaidons pour un arrêt de l'acharnement thérapeutique et pour le remplacement des
soins curatifs par des soins palliatifs. Nous croyons que nous n'avons
pas le droit de laisser un enfant souffrir : c'est pourquoi la souffrance peut et
doit être soulagée. La médecine en a les moyens. Ne banalisons pas l'acte
de donner la mort alors que nous sommes faits pour la vie. Aimer jusqu'au
bout demande un immense courage, Mettre fin à la vie est un acte qui non
seulement tue, mais détruit un peu plus les liens qui existent dans notre
société, dans nos familles, en proie à un individualisme grandissant. Entourons
et aimons les malades et leurs familles, ainsi que les soignants, et si
la maladie l'emporte, qu'elle soit accompagnée de notre affection intense et par l'irréductible
respect de la vie.
Rabbin Albert Guigui, Grand Rabbin de Bruxelles Chanoine
Robert Innes, président du Comité Central de l'Église Anglicane en Belgique Monseigneur
André-Joseph Léonard, président de la Conférence Épiscopale de Belgique Monsieur
Geert Lorein, président du Synode Fédéral des Églises Protestantes et Évangéliques
de Belgique Métropolite Panteleimon Kontogiannis, Exarque du Patriarcat
Œcuménique de Constantinople (Église Orthodoxe) Monsieur Semsettin Ugurlu,
président de l'Exécutif des Musulmans de Belgique
SIPI - Bruxelles,
mercredi 27 novembre 2013
Le 6 novembre déjà, les chefs religieux
en Belgique avaient exprimé leur opposition à ce projet de loi. Voici le communiqué
publié à cette occasion :
Nous marquons notre opposition à l'extension
de la loi sur l'euthanasie aux mineurs et aux personnes démentes. Nous exprimons notre
vive inquiétude face au risque de banalisation croissante d'une réalité aussi grave.
Nous aussi, nous sommes contre la souffrance, tant physique que morale,
en particulier celle des enfants, car toute souffrance révolte. Mais proposer que
des mineurs puissent décider de leur propre euthanasie est une manière de fausser
leur faculté de jugement et dès lors leur liberté. Proposer que des personnes
démentes puissent être euthanasiées est un déni de leur dignité et les livre au jugement,
voire à l'arbitraire, des personnes qui prennent cette décision.
Quant
au corps médical et au personnel soignant, on fait pression sur eux à pratiquer un
acte soi-disant médical.
Au lieu de soutenir la personne souffrante
en rassemblant autour d'elle toutes les personnes et les forces qui l'entourent, on
risque précisément de diviser ces forces et dès lors d'isoler cette personne souffrante,
de la culpabiliser et de la condamner à la mort.
Le consentement prévu
par la loi tend à devenir de plus en plus une réalité sans consistance. La liberté
de conscience des personnes concernées risque de ne pas être sauvegardée. L'euthanasie
des personnes fragiles, enfants ou personnes démentes, est une contradiction radicale
de leur condition d'êtres humains.
Nous ne pouvons dès lors entrer
dans une logique qui conduit à détruire les fondements de la société.
Pasteur
Steven Fuite, président de l'Église Protestante Unie de Belgique Rabbin
Albert Guigui, Grand Rabbin de Bruxelles Chanoine Robert Innes, président
du Comité Central de l'Église Anglicane en Belgique Monseigneur André-Joseph
Léonard, président de la Conférence Épiscopale de Belgique Monsieur Geert
Lorein, président du Synode Fédéral des Églises Protestantes et Évangéliques de Belgique Métropolite
Panteleimon Kontogiannis, Exarque du Patriarcat Œcuménique de Constantinople (Église
Orthodoxe) Monsieur Semsettin Ugurlu, président de l'Exécutif des Musulmans
de Belgique