Nicolas Hulot demande l’aide du Pape pour sauver l’environnement
Entretien - Alors que se conclut ce vendredi la conférence internationale sur
le changement climatique de Varsovie, Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de
la République française pour la protection de la planète, est au Vatican pendant deux
jours pour y rencontrer de hauts responsables du Saint-Siège afin d’évoquer les questions
d’environnement et la prochaine grande conférence qui se tiendra à Paris en 2015.
L’ancien animateur de télévision, très connu en France pour ses prises de
position en faveur de la protection de l’environnement, espère contribuer à créer
toutes les conditions afin que le rendez-vous parisien soit un succès pour la planète.
A cette fin, Nicolas Hulot explique au micro de Xavier Sartre qu’il compte sur
l’influence de l’Eglise et du Pape pour faire bouger les consciences des chefs d’Etat
et des citoyens
« Malheureusement
on voit que les relations multilatérales achoppent depuis des années, que les conférences
se succèdent et que les mots sont forts mais que les actes sont assez faibles parce
que chaque Etat a de bonnes raisons de faire plus tard ». Nicolas Hulot ne se berce
pas d’illusions sur l’état d’avancement des négociations au niveau mondial et l’épilogue
de la conférence de Varsovie en est un exemple probant.
Pas question cependant
pour lui d’accepter « de sacrifier l’avenir au présent ». Il faut tout faire, selon
l’envoyé spécial de François Hollande, pour que la grande conférence de Paris qui
se présente comme déterminante dans la lutte contre le réchauffement climatique, soit
un succès avec la signature d’un véritable accord global.
L’Eglise doit
s’exprimer
Pour y parvenir, pour mobiliser toutes les énergies et pour
responsabiliser tous les acteurs, des citoyens aux chefs d’Etat, en passant par les
acteurs économiques, « l’Eglise catholique a un rôle majeur à jouer. L’Eglise a toujours
été en pointe dans l’attention qu’elle porte à la misère, à l’inégalité, à la souffrance.
La crise écologique combine toutes les vulnérabilités, conditionne tous les enjeux
de solidarité auxquels l’Eglise est attachée. Elle doit s’exprimer plus fortement
qu’elle ne l’a fait ».
« Je viens ici au Vatican pour demander son aide pour
déverrouiller ses relations multilatérales afin d’exhorter les chefs d’Etat mais aussi
les citoyens pour faire de Paris 2015 un rendez-vous utile ».
Nicolas Hulot
rappelle les conséquences que le réchauffement climatique va avoir sur l’ensemble
des populations, notamment l’augmentation des migrations à cause de l’avancée des
déserts, de la montée des eaux, de la disparition de terres agricoles.
Il
faut donner du sens
« Dans le carrefour de crise où nous sommes, il ne
faut pas simplement y rentrer via une approche politique ou économique, ou technologique.
Il y a aussi une approche verticale : il y a une question de sens. Et dans ce sens,
les autorités spirituelles, les Eglises, peuvent nous aider à redonner du sens au
progrès. Il faudrait collectivement redéfinir les fins et les moyens. »
Nicolas
Hulot rêverait alors « d’un déplacement du Pape consacré au changement climatique
pour mettre l’humanité devant ses responsabilités et pour qu’elle voit cette réalité
qui occasionne déjà des centaines de milliers de victimes par an et des millions de
déplacés. » Il aimerait bien aussi que François Hollande rencontre le pape François
pour aborder explicitement ces sujets.
Celui qui a fait découvrir la planète
aux téléspectateurs au travers de ses émissions, espère aussi que l’Union européenne
s’implique davantage et soit plus exigeante même si elle agit de manière unilatérale.
Il doit d’ailleurs rencontrer le président de la Commission européenne, José Manuel
Barroso dans les prochains jours pour sonder un peu la volonté de Bruxelles dans ce
dossier. Il souhaite également impliquer les chefs d’Etat plus en amont, afin d’éviter
les erreurs du sommet de Copenhague de 2009 qui s’était conclue sur un échec. Car
pour Nicolas Hulot, les années à venir sont déterminantes si l’on veut vraiment limiter
le réchauffement climatique. La conférence de Paris de 2015 est clairement pour lui
un moment clé et une date cruciale dans l’agenda diplomatique.