A Varsovie, en marge de la 19ème conférence internationale sur le climat de l'ONU,
l’Eglise se mobilise. L’alliance internationale d’agences de développement catholiques,
la Caritas Pologne et l’université Wyszinski tiennent jusqu’à ce mardi une conférence
sur les changements climatiques. A la tribune, l’ancien observateur permanent du
Saint-Siège auprès des organisations des nations Unies et actuel nonce apostolique
en Pologne : Mgr Celestino Migliore se désole qu’après déjà 19 sommets « la route
vers un accord concret et un traité mondial semble encore longue ».
Pour contenir
le réchauffement de la planète, qui pourrait frôler les 5°C si le monde ne prend pas
de mesures sérieuses, plus de 190 pays sont rassemblés à Varsovie. Ils doivent poser
les bases de l'accord global attendu en 2015 à Paris, un texte qui prendra le relais
du protocole de Kyoto en 2020, doit embarquer les Etats-Unis, et les grands émergents
pour qu’ils limitent eux aussi leur gaz à effet de serre.
Aujourd’hui le débat
semble plus serein et positif, affirme Mgr Celestino qui revient dans son intervention
ce lundi sur la question clé de Varsovie. Celle de l’équité entre les pays en voie
de développement et les pays industrialisés.
Le compte-rendu de Jean-Baptiste
Cocagne
Pour des
raisons techniques dues par exemple à la petitesse du l’Etat de la cité du Vatican
et au petit nombre de ses habitants, le Saint-Siège n’est pas membre actif du sommet
en cours, mais cela ne l’empêche pas d’être fortement impliqué. Un traité sur le climat
est d’ailleurs en cours de rédaction et l’Eglise n’attendra pas sa publication pour
participer à la réflexion en cours sur ce concept d’équité et de « responsabilité
commune mais différenciée » un principe qui se fonde sur l’idée qu’il serait inéquitable
de soumettre les pays en développement aux mêmes obligations environnementales que
les pays développés. Tous les Etats en parlent mais ne s’entendent pas. L’équité n’est
pas l’égalité.
Pour Mgr Migliore, chaque individu, chaque communauté
régionale ou nationale a le même droit, dit-il, d’utiliser les ressources atmosphériques
et le même devoir de les protéger. Il faudra prendre en compte la proportion de gaz
émis par habitant, les émissions émises par le passé ou le Pib des pays. Mais, pour
le nonce, le principe « qui pollue paie » semble valide, comme cela personne ne sera
pénalisé. Mais la technique et la science ne suffiront pas à résoudre le problème.
Mgr Migliore invite aujourd’hui à vivre avec solidarité et sobriété. L’Eglise formera
de son mieux les consciences pour protéger ce don de Dieu qu’est la Création. Ne parlons
plus de « lutte », cela « suppose un ennemi ». Or ce qui compte insiste le prélat,
c’est le « prendre soin » et de promouvoir. Ainsi le futur accord sur le climat «
ne pourra pas prendre en considération les fautes, les responsabilités ou les omissions
cumulées dans le passé, mais se concentrer sur les capacités réelles des Etats » pour
passer à l’action… et il y a répète Mgr Migliore, « urgence à agir ».