2013-11-10 18:31:34

L'assemblée plénière d'automne de l'épiscopat français s'achève sur un impératif de dialogue et de service de la société


L’Assemblée plénière d’automne des évêques de France s’est achevée à Lourdes après six jours de travaux. Dans son discours conclusif, dimanche Mgr Georges Pontier, nouveau président de la Conférence, a prononcé un véritable plaidoyer en faveur de l’Europe. Tout en reconnaissant qu’il reste du chemin à faire pour une meilleure forme de gouvernance, le président de la conférence des évêques a mis en garde contre le risque de faire de l'Europe le bouc émissaire de la crise actuelle. Cela serait – a-t-il dit - gravement irresponsable. Dans un contexte de mondialisation, les défis actuels ne peuvent pas être relevés sans développer la solidarité entre les états membres. Les progrès de l'Europe – a-t-il martelé - sont un combat à mener, encore et toujours, avant de penser aux bénéfices à recevoir. Le moment est à nouveau venu de poursuivre ce beau projet porteur de paix et de solidarité entre des peuples qui acceptent d'unir leur destin sans perdre leur âme, sans se replier sur eux-mêmes et en gardant le souci du développement de tous les peuples. L’ordre du jour de cette assemblée d’automne était chargé. Les évêques ont abordé des sujets graves et essentiels, tels que la formation des prêtres, l’Europe, victime de la désespérance ambiante, ou encore l’avortement banalisé mais jamais anodin.


L'importance de se mettre au service de l'autre et de dialoguer avec la société


Dans un message très apprécié des évêques français, le pape François les a invités à se mettre au service de l’homme et en particulier des plus délaissés. Dans son discours d’ouverture, mardi, Mgr Pontier avait mis l’accent sur les questions sociales. Peut-on dire qu’après la vaste mobilisation contre le mariage pour tous, l’attention de l’Eglise de France passe du Sociétal au Social ? Interrogé Antonino Galofaro, Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France dresse le bilan de cette assemblée RealAudioMP3


Il y a, dans une assemblée plénière comme celle que l’on vient de vivre, vraiment un climat de paix, de fraternité, des évêques qui sont heureux de se retrouver, qui savent se parler, qui sont heureux de la présidence de Mgr.Pontier. C’est une présidence à la fois apaisante et en même temps une présidence qui aide chacun à aller à l’essentiel mais qui porte aussi sur des sujets très graves. Donc, une fraternité réelle, une collégialité indéniable mais des sujets sérieux qu’il n’est pas forcément facile d’aborder parce qu’il touche une société qui, elle-même, est en recherche profonde et une Église qui a toujours besoin de convertir sa pastorale. Et j’ajoute, une très grande marque du Pape François, très présente dans cette assemblée. Le message qu’il avait envoyé à Mgr.Pontier et qui a été lu au moment d’inaugurer cette assemblée plénière a vraiment beaucoup été apprécié par les évêques de France. Il s’est fait insistant sur plusieurs sujets et il est évident que tout ce qu’il dit et ce qu’il fait a profondément marqué cette semaine.

Et justement, vous parliez de sujets très graves. Vous aviez un ordre du jour chargé. Est-ce qu’il y a un thème, un sujet qui a suscité plus de débat qu’un autre, plus d’intérêt qu’un autre parmi les évêques mais aussi à l’extérieur, par la presse par exemple ?

Tout est important. Alors, par exemple, pour l’Église, on peut dire qu’ il est vital d’avoir des prêtres. Et donc, le sujet sur la formation des prêtres est essentiel. Le temps passé à chercher ensemble des critères pour former les prêtres est essentiel. Qui dirait le contraire ? Nous avons tellement besoin de prêtres et d’accorder les séminaires et les formations et de bien faire converger la recherche sur ce sujet. Mais si je vous dis « Europe »….l’Europe aussi est vitale, essentielle. Nous avons eu le bonheur d’avoir eu nos frères ainés dans la foi qui ont vraiment étés des pionniers, des visionnaires de l’Europe. On a le sentiment qu’aujourd’hui, en 2013, il y a comme une grande désespérance. Et l’Europe risque d’être la grande victime de cette désespérance. On voudrait faire porter à cette Europe toute la cause de nos maux, de nos problèmes. On a comme le sentiment que tout est à refaire dans la confiance en l’Europe. Si je vous dis «avortement », c’est aussi un sujet très difficile abordé par nos évêques parce que l’avortement est banalisé dans notre société .Or, les débats ont bien montré qu’un avortement n’est jamais anodin, c’est toujours douloureux, c’est toujours une décision extrêmement grave et les évêques ont vraiment demandé avec intensité qu’on continue à travailler cette question de l’accompagnement des personnes. Voilà, je viens volontairement de prendre de exemples très différents pour dire finalement que quel que soit le sujet, dès l’instant où l’être humain est en jeu, où la présence des chrétiens est appelante, c’est toujours important et ça demande aussi toujours beaucoup d’humilité.

Vous parlez de la marque du Pape François, durant ces six jours. Le Pape François qui, dans sa lettre, vous a encouragé à poursuivre votre engagement au service de l’homme et particulièrement des personnes les plus délaissées. Dans son discours d’introduction, Mgr.Pontier a abordé des questions sociales. Comment ce discours a-t-il été accueilli parmi les évêques durant ces six jours ? Est-ce qu’il a suscité un débat autour de ses choix, de ses priorités ?

Ils ont été très heureux de trouver en Mgr.Pontier à la fois une spiritualité-ils connaissaient déjà le spirituel qu’il est- une véritable mystique et en même temps un engagement dans l’action. Mgr.Pontier est à la fois quelqu’un qui veut vraiment toujours regarder les choses, les évènements comme le Christ veut le regarder et avec ce souci du plus petit et d’où en est le plus petit dans la société. Donc, la tonalité de ce discours était de cet ordre-là : nous avons le Christ qui nous presse de regarder notre société de façon vraiment vibrante, de façon urgente, dans le service des plus petits. Et, je crois que c’est aussi un ton que Mgr.Pontier veut donner à sa présidence en cherchant à ne pas l’identifier à l’excès à sa personne. Il y a toujours ce souci d’une vie d’équipe. Il est président, il assume sa présidence et il prend ses responsabilités mais il fait vraiment une équipe de présidence avec Mgr.Carré et Mgr. Delannoy.

Il y a-t-il beaucoup de différences avec l’année passée ? On passe du sociétal au social, ça s’est marqué ? ça s’est senti ?

On passe pas vraiment de l’un vers l’autre parce que quelque part, le sociétal demeure aigu même si des lois ont été votées. Nous sommes en démocratie, nous savons que des lois ont été votées mais il n’empêche que la conscience demeure vigilante. On peut continuer à avoir une conscience en désaccord complet avec une loi, même si elle a été votée. Donc, le croyant doit demeurer en veille parce qu’il y a la fin de vie qui est en perspective, il y a toujours ces graves questions de procréation, tout ce qui a été fait cet été sur l’embryon et je pourrais citer encore d’autres sujets. Donc, il y a du sociétal qui demeure, il n’est pas du tout éludé. Bien au contraire, il faut demeurer vigilant et effectivement il y a du social. Pourquoi du social ? Parce que la crise frappe fortement, il y a une litanie de plans sociaux. Cette semaine encore, tandis que nous étions à Lourdes, il y a le Secours Catholique publie à nouveau un rapport plein d’inquiétudes et finalement, il n’est pas surprenant que sociétal, social, pastoral soient intimement liés.

Certains ont parlé de différences de perception au sein de l’épiscopat quant à la manière de défendre les valeurs chrétiennes sur la scène publique dans un pays comme la France. Est-ce que vous en avez parlé ? Quelle a été votre réaction ?

Oui, à la fin du travail que menait Mgr. De Moulins-Beaufort sur la présence des catholiques dans la société. Nous avons des approches différentes entre évêques mais c’est une bénédiction que les approches soient différentes. Je crois qu’il faut qu’il y ait cette diversité. Un corps ecclésial a aussi besoin d’approches différentes. Je prends un exemple : « est-ce qu’on doit dire qu’on est devenu minoritaire ou pas dans la société occidentale ? » Ça mérite un débat. C’est un exemple qui ne fait pas forcément unanimité. On peut se dire « on est devenu minoritaire parce que statistiquement il y a moins de pratique, moins de signes religieux qui sont donnés ». Et, en même temps, certains évêques disaient « non, nous ne sommes pas minoritaires dès l’instant où nous continuons à imprégner la culture, à être une présence à la société, etc. » Voilà l’exemple d’un débat qui a été présent « Sommes-nous minoritaires aujourd’hui ? ». Mais cette diversité est aussi un signe de bonne santé.








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