2013-11-07 17:01:55

Euthanasie : les chefs religieux en Belgique parlent d’une même voix


C’est une première en Belgique dans le débat sur la bioéthique : les chefs religieux expriment, d’une seule voix, leur inquiétude face au risque de banalisation de l’euthanasie. Dans un communiqué de presse commun, publié mercredi 6 novembre, le président de l’Église protestante unie de Belgique, le grand rabbin de Bruxelles, le président du comité central de l’Église anglicane en Belgique, le président du Synode fédéral des Églises protestantes et évangéliques de Belgique, le Métropolite du Patriarcat œcuménique de Constantinople, le président de l’Exécutif des musulmans de Belgique et le président de la Conférence des évêques de Belgique s’opposent à l’extension de la loi sur l’euthanasie aux mineurs et aux personnes démentes alors que les discussions ont repris au Sénat belge.

Ils dénoncent « une logique qui conduit à détruire les fondements de la société » et veulent se faire entendre non seulement en tant que « croyants héritiers de leurs traditions religieuses respectives » mais aussi en s’appuyant sur des arguments philosophiques. Le consentement prévu par la loi tend à devenir de plus en plus une réalité sans consistance. La liberté de conscience des personnes concernées risque de ne pas être sauvegardée, affirment-ils.
L’euthanasie des personnes fragiles, enfants ou personnes démentes, est une contradiction radicale de leur condition d’êtres humains.

Les chefs religieux s'appuient sur des arguments philosophiques

Pour Mgr André-Joseph Léonard, président de la Conférence épiscopale de Belgique, il s’agit « d’un enjeu très très grave ». Sur ce chapitre, affirme-t-il « je pense bien que c’est la première fois qu’il y a une déclaration commune mais qui se justifie par la gravité du problème et l’empressement d’une partie de la classe politique à vouloir ouvrir plus largement encore la porte à l’euthanasie ».

Le président de la Conférence des évêques de Belgique invite « toutes les personnes concernées par cette problématique dans divers pays où c’est d’actualité, à faire preuve de vigilance et à toujours argumenter, même s’ils sont habités par une conviction religieuse forte, sur le plan rationnel, sur le plan philosophique parce que dans le débat public seule une argumentation de type rationnel est pertinente ».

Risque de banalisation d'une réalité grave

Mgr Léonard indique que « contrairement à ce qu’on laisse entendre souvent, la décision de l’euthanasie n’est pas seulement une expression de la liberté personnelle de l’individu, c’est une demande qui a des répercussions sur la liberté de beaucoup d’autres personnes et sur l’ensemble de la perception des grands enjeux de la vie dans toute une société ».

L’autre argument que les leaders religieux souhaitent mettre en avant est celui de la solidarité : « la vie en société repose sur la solidarité de tous : des plus faibles avec les plus forts, des bien-portants avec ceux qui sont malades. Avec les solutions actuellement proposées d’élargir l’euthanasie, on court le grand danger de miner ce sens de la solidarité ».

C’est, précise Mgr Léonard, « une sorte de pression exercée sur l’individu par la société : n’encombre pas la société de ta vie vieillissante, handicapée, de ta vie abimée mais prend les dispositions pour que tu puisses disparaitre sans trop peser sur ton entourage, et ça c’est la ruine même de la notion de solidarité ».

Un enjeu de société qui nécessite un véritable débat

Le président de la Conférence des évêques de Belgique salue l’existence d’un débat sur ce thème « pourvu que ce soit un débat sur le fond, sur l’enjeu principal ». Il y a toujours le danger, insiste-t-il « quand on est à peu de temps d’élections nationale et européenne, que l’on fasse des alliances, que l’on débatte dans des perspectives électorales.

J’espère que ce débat aura lieu là où il doit se dérouler, bien sûr dans l’enceinte démocratique du Parlement et du Sénat, mais en référence à l’enjeu humain grave engagé dans cette problématique, et qui touche non seulement les personnes qui sollicitent l’euthanasie mais aussi la profession médicale et paramédicale. L’enjeu est un enjeu de société et c’est là que le débat doit avoir lieu ».

Concernant les personnes en fin de vie et celles qui se trouvent dans un état végétatif prolongé, Mgr Léonard indique « nous ne sommes pas du tout favorables à l’acharnement thérapeutique quand il n’y a plus de véritable thérapie possible » et il souligne qu’en Belgique « il y a un excellent développement des soins palliatifs mais ils doivent continuer à être développés pour rencontrer les problématiques les plus difficiles » et, déplore-t-il « en ouvrant encore plus largement la porte de l’euthanasie, on risque de démobiliser l’engagement de toute la société dans des soins palliatifs encore plus performants ». Écoutez Mgr André-Joseph Léonard, président de la Conférence épiscopale de Belgique interrogé par Hélène Destombes RealAudioMP3







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