Assemblée plénière des évêques de France : le discours fort de Mgr Pontier
Le Président de la Conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier, archevêque
de Marseille, a prononcé ce mardi 5 novembre le discours d’ouverture de l’Assemblée
plénière d’automne à Lourdes. S’inscrivant résolument dans le sillage du pape François,
Mgr Pontier a exhorté les catholiques français à regarder la vie du monde à partir
des souffrants, des plus pauvres, des petits, des affligés, à la manière du Christ
et à trouver des voies évangéliques dans la vie ordinaire de leurs communautés paroissiales.
L'Eglise de France a son mot à dire sur les sujets de société
Le nouveau Président de la Conférence n’a pas évité les questions prégnantes,
les sujets qui fâchent et qui divisent la société française : le sort des roms, la
crise économique, les lois de bioéthique, l’euthanasie. Mgr Pontier les abordées sans
détours, avec humilité et fermeté, mais aussi avec le style du pape François qu’il
a cité dès le début de son discours : « L'Eglise est comme un hôpital de campagne,
après une bataille. Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons parler
de tout le reste ». Mais l’Eglise a son mot à dire et en le faisant – affirme Mgr
Pontier – elle ne contrevient pas à la séparation des Eglises et de l’Etat. Et il
invite l’Etat à observer une neutralité bienveillante. L’Etat est laïc, mais la société
est composée de personnes et de groupes aux convictions diverses. Mgr Pontier rassure
ceux qui pourraient en douter : les chrétiens sont des citoyens qui aiment leur pays.
Pas question donc d’aller au-delà de ce qui pourrait troubler la vie publique ou s’exprimer
une volonté d’hégémonie.
Sujets sensibles et éclectiques : les Roms,
l'injustice sociale, euthanasie et fécondation assistée
Mais le Président
des évêques ne se prive pas pour autant d’exprimer son indignation face au sort qui
est fait en France aux populations d’origine bulgare ou roumaine, et de fustiger des
propos et des actes trop influencés par des surenchères politiciennes locales ou nationales.
Evoquant
la souffrance des enfants, victimes des choix personnels de leurs parents et de la
fragilisation des couples, Mgr Pontier regrette le recours aux techniques de fécondation
assistée : « Le désir légitime d'avoir un enfant veut devenir un droit à l'enfant
et tous les moyens seraient bons pour l'obtenir. Faut-il s'en remettre aux seules
techniques pour vivre et traverser les limites de nos existences ? La fécondité de
notre vie ne peut-elle pas trouver d'autres chemins pour se déployer ? »
Autre
sujet de vive inquiétude, les projets de loi sur l’euthanasie : « Une loi sage et
équilibrée a donné l'outil législatif nécessaire en matière de fin de vie. Avant de
légiférer encore, qu'on se demande si ce serait pour donner un signe plus grand du
respect de la personne humaine, d'une solidarité avec elle ou bien plutôt celui d'un
nouvel affaissement de nos solidarités familiales et sociales, exigeantes parfois,
porteuses de fruits toujours ».
Enfin Mgr Pontier est préoccupé par le
fossé croissant entre riches et pauvres, d'un aveuglement grave et l’injure faite
aux plus démunis : « Quand s'arrêtera la course au toujours plus pour quelques-uns
? » - a-t-il lancé en encourageant tous les responsables à trouver les chemins d’une
société plus juste.
Où l'on parle aussi des chrétiens persécutés
Au
programme des débats qui se poursuivront jusqu’au 10 novembre : l'Europe à quelques
mois d’élections importantes, la pastorale des jeunes adultes, l'éducation à l'affectivité,
le phénomène social de l’avortement, la formation des futurs prêtres, la préparation
au mariage chrétiens, etc.
Durant leur assemblée, les évêques de France
évoqueront également le drame que vivent les communautés chrétienne au Proche et au
Moyen-Orient et dans quelques autres pays du monde. Ils appuient pleinement leurs
souhaits : bénéficier d'une citoyenneté pleine et entière, d'une liberté de religion
non discriminante et vivre dans des pays dont la constitution civile reconnaisse la
pluralité de la population.