2013-11-04 12:54:47

Rwanda: 20 ans après le génocide


20 ans après le génocide au Rwanda, qui a causé la mort de plus d'un million de personnes, le travail de mémoire n’a toujours pas été fait, a affirmé Caritas Suisse le 31 octobre dernier. La façon dont le gouvernement traite le génocide conduit à une représentation unilatérale du passé et criminalise ceux qui mettent cette version en question, dénonce l'œuvre d'entraide catholique. Caritas Suisse soutient les organisations qui promeuvent la paix et incitent au débat sur le passé du pays.
Le bilan du gouvernement rwandais sous la présidence de Paul Kagame présente un double visage, affirme Caritas Suisse.

Une histoire ambigüe et un bilan mitigé pour le gouvernement rwandais actuel

D'une part, le gouvernement Kagame a réussi à remettre en état les infrastructures d’un pays complètement détruit, d’autre part, il maintient la population dans la répression et sous un contrôle absolu, assure l'œuvre d'entraide.
Dans la version officielle du génocide, les troupes du Front patriotique rwandais (FPR), qui forment aujourd’hui le gouvernement, sont représentées comme les sauveurs et les libérateurs. En 1994, ces troupes auraient réussi à mettre fin au génocide des Hutus contre les Tutsis et à libérer le pays de l’hégémonie d’une élite composée de Hutus. Les tenants des versions non officielles de l’histoire sont au contraire persuadés qu’au cours de ce processus d’épuration, le FPR se serait livré à des massacres sur la population civile hutue. Ils veulent savoir la vérité et réclament des comptes.

La remise en question de l’histoire officielle est punie de l’emprisonnement à vie

La confirmation de ce soupçon signifierait que la frontière entre bourreaux et victimes, entre Hutus et Tutsis, n’est pas aussi claire que le prétend le gouvernement majoritairement composé de Tutsis. Jusqu’ici, le gouvernement s’est toujours opposé, avec succès, au souhait de la justice internationale d’examiner la situation de plus près. Il a proclamé que la remise en question de l’histoire officielle constituait un délit pouvant être puni d’emprisonnement à vie. Carla del Ponte, ancienne procureure suisse de la Cour pénale internationale pour le Rwanda, a dû quitter son poste en 2003 à la suite de pressions du gouvernement rwandais, soutenu par les Etats-Unis et la Grande Bretagne. La politicienne rwandaise de l’opposition, Victoire Ingabire, a été pour sa part condamnée en 2012 à huit ans de prison. "Toutes deux ont fait les frais de cette politique", affirme Caritas.

Le gouvernement rwandais veut se rendre maitre de l’histoire

Pour l'œuvre d'entraide catholique, le gouvernement rwandais ne se contente pas de pratiquer l’intimidation. Il a d’autres stratégies pour se rendre "maître de l’histoire" et faire taire les critiques concernant sa légitimité. Caritas note entre autres que le passé est édulcoré, en rebaptisant par exemple les noms de lieux et de rues. La mauvaise conscience de la communauté internationale serait aussi constamment mise à profit en insistant sur ses défaillances au moment du génocide.

Appuyer les organisations de la société civile engagées dans la promotion de la paix

Dans ce contexte, il est très important d’appuyer les organisations de la société civile qui s’engagent dans la promotion de la paix, rappelle Caritas Suisse. L'organisation le fait en soutenant depuis des années un réseau d’organisations régionales de veuves et de jeunes ainsi que des organisations religieuses et non religieuses consacrées à la promotion de la paix.
"Un traitement biaisé du passé pourrait empêcher le développement d’un cursus historique, et par là, d’une réflexion critique des jeunes générations", conclut Caritas Suisse.








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