Russie : les nationalistes défilent contre les immigrés
En Russie, est célébrée le 4 novembre l’unité nationale. Cette fête, instaurée en
2005 par le président Vladimir Poutine, commémore la lutte des Russes contre les Polonais
au 17e siècle. Depuis plusieurs années, à cette occasion, des nationalistes défilent
dans plusieurs grandes villes du pays. Cette année, ils étaient des milliers à réclamer
des mesures pour limiter l’arrivée d’immigrés d’ex-républiques soviétiques d'Asie
centrale et du Caucase.
A Moscou, la capitale, d’importantes mesures de sécurité
avaient été prises. Il y a trois semaines, un jeune Russe avait été tué par un Azerbaïdjanais,
dans un quartier au sud de la capitale. Suite à ce meurtre, de violentes émeutes anti-immigrés
avaient alors éclatées. Après ces émeutes, la police avait lancé de vastes opérations
contre les immigrés, procédant à l'interpellation de plus d'un millier de personnes.
Dans
ce contexte de tensions, ces manifestations ont-elles une signification particulière
?
Françoise Daucé, spécialiste de la Russie, maître de conférence à
l’université Blaise-Pascal de Clermont Ferrand, interrogée par Audrey Radondy
"Ces
marches russe s'inscrivent dans un contexte particulier, qui a été marqué par
plusieurs cas d'affrontements interethniques en Russie. Et ces affrontements ont
été instrumentalisés par les nationalistes donnant le sentiment d'un reforcement de
ces groupes nationalistes dans le pays actuellement", explique Françoise
Daucé, spécialiste de la Russie, maître de conférence à l’université Blaise-Pascal
de Clermont Ferrand.
Pour elle, ce phénomène peut s'expliquer par plusieurs
facteurs, à la fois par l'attitude du gouvernement et de changements démographiques
: "Depuis le début des années 2000, le pouvoir se construit en opposition avec le
monde extérieur et notamment le monde occidental. C'est quelque chose qu'on voit apparaître
dans la rhétorique de Vladimir Poutine et qui s'est probablement accentué sous l'effet
d'une crise démographique". En effet, la population russe diminuant, il
faut faire appel à des immigrés pour compenser la perte de mains-d'oeuvre. Ces arrivées
de migrants, "alimentent donc des formes d'inquiétude et ces raisons démographiques
sont accentuées par le pouvoir qui stigmatise en permanence les migrants", précise
la spécialiste de la Russie.
(Photo : À Saint-Pétersbourg, des nationalistes
ont exhibé des drapeaux noir-jaune-blanc, couleurs de la Russie impériale)